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histoire

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CAGLIOSTRO Giuseppe BALSAMO,

dit Alexandre comte de

(1743-1795)

aventurier italien, médecin et occultiste, il fut compromis

dans l’affaire du Collier de la Reine.

P.S. « Io Giuseppe Balsamo », signé également par sa

femme Serafina Feliciani comtesse de CAGLIOSTRO, et des

magistrats de Bienne en Suisse, Bienne 5 et 6 juillet 1787 ;

5 pages et demie in-fol. en un cahier retenu par un fil de

soie lui-même fixé par 4 cachets de cire rouge, sceau sous

papier aux armes de la ville de Bienne.

5 000 / 6 000 €

Curieux et rare document rédigé en faveur du comte de Cagliostro

par son épouse, après l’affaire du Collier de la Reine et leur

expulsion hors de France.

Déclaration faite devant notaire et témoins par l’épouse de Cagliostro

sur des faits et circonstances « qui ont rapport aux persécutions

violantes autant qu’injustes, auxquelles il étoit exposé depuis quelques

années, surtout durant son dernier séjour en Angleterre ». La comtesse

de Cagliostro affirme tout d’abord n’avoir jamais été maltraitée par

son mari, « encore moins frappée de coups ». Elle se souvient des

visites que lui fit M. de VISMES [Jacques Vismes de Vaglay, alchimiste

français vivant à Londres] lorsqu’elle se trouvait en Angleterre, celui-ci

ayant cherché à gagner sa confiance « pour porter dans son esprit de

la défiance, contre Monsieur le Comte, en lui assurant qu’elle seroit

toujours malheureuse avec lui ». C’était dans le but de lui extorquer

des secrets que Vismes lui a proposé de rentrer en France en lui

promettant une pension de la part du ministre BRETEUIL. Elle assure

ensuite n’avoir jamais écrit à M. THILORIER [l’avocat de Cagliostro lors

du procès du Collier], mais que MM. de Vismes, Rey de Morande et

Lanzague ont envoyé une lettre qu’elle avait refusé de signer au nom

de l’avocat contre son mari. La comtesse n’a jamais eu connaissance

d’une lettre de l’abbé de Saint-André. Quant au cuisinier Augustino

qui était à leur service à Londres, si elle le croit capable de toutes

sortes de mauvaises choses, elle ne peut rien dire contre lui si ce n’est

qu’il a assisté aux conversations des trois personnes susnommées

sans rien y désapprouver. Il est ensuite question de ses bijoux,

emportés par le comte « de son consentement », et des pressions

qu’on lui a fait subir à ce sujet. Elle dit se souvenir que, lors de son

emprisonnement à la Bastille, M. de LAUNAY lui avait dit « qu’elle

avoit été trop reservée dans le procès en faveur du Cardinal & de

M. le Comte, & que cela lui avoit couté quelques mois de séjour

de plus la Bastille ». Elle rapporte d’autres propos du Gouverneur

de la Bastille pour dissuader Cagliostro de porter plainte contre

lui, que cela serait comme attaquer M. de Breteuil et qu’il perdrait

forcément ce procès [en juin 1786, Cagliostro avait assigné en justice

le Gouverneur de la Bastille et l’avocat Chenon pour non-restitution

des biens et papiers mis sous scellés lors de son arrestation en juin

1785 ; ayant été obligé de se désister faute de preuves, Cagliostro

fut débouté de sa demande en juillet 1787]. Enfin la comtesse de

Cagliostro atteste que son mari « ne l’a jamais empêchée d’assister

au culte et au service de sa Religion »...

La pièce est signée par elle, ainsi que par le notaire Köhly et deux

témoins, puis certifiée légale à la date du lendemain par le Maire

Bourgmestre de Bienne qui y a fait apposer le sceau de la ville.