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MACHIAVEL (NICOLAS) (1469-1527)
Le Prince de Nicolas Machiavel,
secretaire et citoyen de Florence.
Traduit d’Italien en Fran
ç
oys par
Guillaume Cappel.
A Paris, Chez Charles Estienne, impri-
meur du Roy, 1553.
20 000 / 25 000 €
In-4, 4 ff n. ch. (1 f. bl., titre, pr
éface
sur la
traduction) + 148 pp., (collation : A4 ; a-s4 ;
t2). Les feuillets sig. S2 et sig. S3, légère-
ment plus courts, proviennent d’un autre
exemplaire.
Reliure de plein vélin souple de l’époque,
titre manuscrit à l’encre au dos (Taches
aux plats, traces d’attaches anciennes (la-
cunaires). Emboîtage moderne. Dimen-
sions : 220 x 158 mm.
Première édition de la troisième traduc-
tion française (deux traductions parurent
la même année, à Poitiers et à Paris).
L’ouvrage de Machiavel a été publié
pour la première fois en Italie en 1532.
On doit à Guillaume Cappel cette traduction
fran
ç
aise :
Nostre autheur Machiavelle applique tout
a la maniere de gouverner de son temps
& de son païs qui est quasi la nostre, car
le vrai but d’un autheur, & d’un seigneur
politiq, c’est de conserver & augmenter les
estatz
: un bon
moien de proceder, un stile
propre a la matiere, une connoissance des
histoires, une experience asseurée.
On connait quatre traductions françaises
du Prince de Machiavel au XVI
e
siècle :
celles de Jacques de Vintimille (1546)
conservée sous forme manuscrite (Chan-
tilly, Musée Condé, MS 315), de Guillaume
Cappel (1553), de Gaspard d’Auvergne
(Poitiers, Enguilbert de Marnef, 1553) et
de Jacques Gohory (1571). Voir Willis H.
Bowen, « Sixteenth-Century French Trans-
lations of Machiavelli”, in
Italica
27 (1950) ;
Annamarie Battista, « Al penetrazione del
Machiavelli in Francia nel secolo XVIe
»,
in
Rassegna di Politica e di Storia
67-68
(1960) ; Nella Bianchi Bensimon, « La pre-
mière traduction française du De Princi-
patibus de Nicolas Machiavel
», in
The
First Translations of the Principe in Ear-
ly Modern Europe,
ed. Roberto de Pol,
Amsterdam. Suite aux travaux de Adolf
Gerber,
Niccolo Machiavelli,
Turin, 1962,
3
e
partie, pp. 30-33, on admet que l’édition
de Enguilbert de Marnef parue à Poitiers
en 1553 précède de peu celle donnée par
Charles Estienne à Paris en 1553.
En mettant à nu les mécanismes du pouvoir,
Machiavel a très longtemps suscité des ré-
actions de vertu outragée. Fr
édéric
II voyait
dans Le Prince « un livre abominable
»
. Il est
particulièrement remarquable de consta-
ter que son traducteur fran
çais n
’a pas ces
pudeurs. Il loue au contraire son
« entier et
sain jugement, ne se laissant transporter
en faveur de nations ou de personnes : un
bon moyen de procéder, un style propre
à la matière, une connaissance des his-
toires, une expérience assurée. Davantage,
il reprend les fautes hardiment, pourvoit
sagement aux inconvénients, recherche les
causes de changement : en somme il ne lui
défaut rien pour être prince que la puissance
et nom du Prince : si bien qu’il a quasi ôté
le moyen à ses successeurs d’y rien ajouter
ou diminuer, et que ceux n’ont pas bonne
opinion qui l’ont contraire à la sienne
.
»
Aux
yeux de Guillaume Cappel, Machiavel a dit le
dernier mot sur la science politique et la for-
tune de cette œuvre à jamais indémodable
lui a donné raison.
provenance :
Ex-libris manuscrit au titre : « Cuson
»
ou
« Luson
»
accompagné de la devise
«
Ad
usum non abusum », qu’on peut traduire
par « Il faut en user mais non en abuser
»
.
références :
Renouard, I, 104. - Diesbach-Soultrait, V.
de, [Bibliothèque Jean Bonna].
Six siècles
de littérature française. XVIe siècle.
Deuxième partie (M-Z),
Genève, Paris,
2017, no. 189 (Edition Poitiers, 1553 ; traduc-
tion de Gaspard d’Auvergne).
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origine(s)




