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3 BILLON (François). [Le Fort inexpugnable de l’honneur du sexe femenin.

Paris, Jean d’Allyer, 1555

]. In-4, veau fauve,

cadre de double filets doré et bande peinte en noir en entre deux doré, riche motif à répétition de douze rectangles

dessinés par un listel peint en noir, serti de double filet doré et cintré sur les bords, eux-mêmes entrelacés, renfermant

une marguerite au naturel polychrome à la cire rouge et brun, au centre de la composition médaillon ovale contenant

les armoiries peintes en rouge et argent, entouré du collier de la Toison d’or, surmonté d’un caisson contenant la

devise et en bas le nom du possesseur, le tout sur un champs d’un semé de trois points d’or, dos richement orné de

fers stylisés contenant en haut le titre et dans le caisson inférieur la date de l’édition, tranches dorées et ciselées

(

Reliure de l’époque

).

30 000 / 40 000

Édition originale, illustrée d’un portrait de l’auteur âgé de

33

ans (répété une fois), de

2

grands bois allégoriques à pleine

page figurant des femmes guerrières (répétés respectivement

6

et

2

fois), et d’un encadrement de pages orné de trophées

et canons (répété

9

fois).

Unique édition, remise en vente en 1

564

sous le titre

La Défense et forteresse invincible

. Le livre répond aux attaques

contre les femmes des auteurs du

Roman de la rose

et des poètes du temps. L’auteur passe en revue les femmes remarquables

de l’Antiquité classique et biblique, modernes, italiennes et lyonnaises.

Neveu de l’évêque de Senlis, secrétaire du cardinal de Bellay, puis du duc de Parme à Rome, François de Billon accéda à la

postérité grâce à cet ouvrage.

TRÈS PRÉCIEUX EXEMPLAIRE DU COMTE PIERRE ERNEST DE MANSFELD, RELIÉ À SES ARMES ET PORTANT

SA DEVISE « M. FORCE. MEST. TROP. ». La reliure, exécutée à Paris, porte au dos la date de

1555

et le titre de l’ouvrage.

CETTE PROVENANCE EST DE LA PLUS EXTRÊME RARETÉ.

Le comte Pierre Ernest de Mansfeld est né en Saxe le 20 juillet 1517, et décédé au Luxembourg le

25

mai

1604

. En

1533

, il

entra au service de l’empereur Charles Quint qu’il accompagna lors de l’expédition de Tunis. En

1545

, il fut nommé

gouverneur de Luxembourg, dix-septième province des Pays-Bas.

En

1552

, sur l’ordre de Marie de Hongrie, gouvernante des Pays-Bas, Mansfeld fut chargé de la défense de la place d’Ivoix,

assiégée par les troupes d’Henri II, roi de France. Trahi par la garnison et surtout par les mercenaires allemands qui

refusèrent de se battre, il dut capituler. Fait prisonnier par le connétable Anne de Montmorency, il fut tenu en captivité au

donjon de Vincennes. Ce n’est qu’au début de

1557

qu’il fut remis en liberté contre une forte rançon, réunie par Philippe II,

roi d’Espagne, et des États de Luxembourg.

Après sa libération, il poursuivit sa carrière mouvementée d’homme de guerre. Il fut mêlé aux intrigues qui se déroulaient

à Bruxelles dans les années

1563

à

1566

. Opposé aux édits et placards contre les hérétiques, il prit le parti du comte Egmont

et de Hornes, emprisonnés par le duc d’Albe, le sanglant lieutenant de Philippe II. En

1569

, Mansfeld se distingua à la

Bataille de Moncontour, au siège d’Anvers en

1585

.

Après la mort d’Alexandre Farnèse en

1592

, il fut nommé par Philippe II gouverneur des Pays-Bas. En

1594

, il rentra au

Luxembourg qu’il ne quittera plus jusqu’à sa mort en

1604

.

Durant sa captivité à Vincennes, Mansfeld fit l’acquisition de livres et en commanda la reliure à un des grands ateliers

parisiens qui travailla entre autres pour Philippe de Croÿ, incarcéré en même temps que lui à Vincennes.

Il est probable que ces reliures, qui curieusement portent au dos leur date d’exécution, ont été commandées par Mansfeld en

1555

et

1556

. Elles portent toutes les armoiries, accompagnées pour la plupart par sa devise « M. FORCE. MEST. TROP. ».

Les historiens pensent que les livres de Mansfeld, et parmi eux les livres reliés à Paris en 1555 et 1556, furent ramenés par

lui dans son Château de Clausen, près de Luxembourg.

En

1978

, Emile Van der Vekene fit paraître son étude

Les Reliures aux armoiries de Pierre Ernest de Mansfeld

, dans

laquelle il dresse le catalogue de toutes les reliures de Mansfeld connues. Il ne dénombre aujourd’hui, en comptant celle-ci,

que

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reliures lui ayant appartenu, conservées dans les bibliothèques du Luxembourg, de France et de Tchécoslovaquie.

Émile Van der Vekene en découvrit deux autres en Tchécoslovaquie et J.-M. Chatelain une à la bibliothèque Méjanes à

Aix-en-Provence (

Un cabinet d’amateur au XVIII

e

siècle, le marquis de Méjanes bibliophile

,

2006

, n°

56

), CE QUI PORTE

À 22 LE NOMBRE DE RELIURES CONNUES.

Seules deux reliures sont connues dans le domaine privé :

Les Instructions sur le faict de la guerre

,

1549

, in-folio,

appartenant jadis aux princes de Ligne, au Château de Beloeil en Belgique, et depuis

1991

en Angleterre chez Paul Getty

junior, et la nôtre.

Sur ce nombre, et ce sans reprendre les groupes dégagés dans son étude, selon les divers fers d’armoiries utilisés, on distingue

un groupe de belles reliures avec filets et fers poussés en argent, dignes des belles reliures exécutées pour Grolier, Mahieu,

Laurin, Croÿ, Montmorency, et un groupe de

3

reliures (XIV, XV, XVI) particulièrement remarquables et originales ornées

d’un décor à répétition de compartiments comprenant une marguerite (pour notre reliure, et celle de Chantilly), les

marguerites poussées entre les compartiments diversement décorées pour la reliure anciennement à Beloeil.

Ces marguerites figuraient sur les reliures comme un hommage à Marguerite de Bréderode, sa première épouse, décédée

en

1554

, durant sa période de captivité.

Notre reliure est décrite sous le n° XIV, et reproduite en noir d’après un cliché communiqué par André Rodocanachi,

ambassadeur de France qui possédait le volume dans les années

1950

(avec ex-libris). Lors de la publication de l’étude sur

Mansfeld, la localisation de la reliure était ignorée.