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Vendredi 1
er
juillet 2016
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de construire à Delphes une sorte de trésor. Elle a déjà acheté le terrain. Elle se propose d’organiser là, je ne sais quel haut lieu
à rêve (à l’américaine) de l’esprit international, mettons une casemate de lutte du singulier contre le pluriel. Tout cela me semble
assez absurde, mais elle voudrait prendre contact avec vous pour récolter quelques paroles d’Héraclite (…).
Cocteau a pensé
à lui
comme du seul savant français qui ne relève pas des Ecoles (…). Ce chapitre devient de la haute couture abstraite (…).
70 - Jean COCTEAU.
1889-1963. Ecrivain poète, artiste.
L.A.S.
Santo Sospir, 7 août 1952.
1 pp. in-4.
300/350
€
Belle lettre évoquant ses réflexions sur son style et ses lectures ;
Impossible de ne pas vous écrire. Je tâche actuellement
de dessécher mon style, de le rendre plus vif et plus clair. J’ai si honte de parler de choses qui vous reviennent de droit. Ma
seule excuse et de parler sans la moindre science. Je rempaille la chaise de l’âme, comme le dernier des romanichels (…).
Il
lui confie que sa présence lui faciliterait le travail, mais sa pensée ne le quitte pas.
Je viens de relire Proust. C’est assez terrible
(…). Le livre de Sartre sur Genet est d’un autre terrible. Le terrible du professeur. On n’ose plus ouvrir le bec (…).
Cocteau se
console avec la lecture de Radiguet
qui est merveilleux.
71 - Jean COCTEAU.
1889-1963. Ecrivain poète, artiste.
L.A.S. à Eghor Rostetzky.
(St-Jean-Cap-Ferrat), 15 octobre 1953.
1 pp. in-8, enveloppe jointe.
300/400
€
La difficulté vient toujours de ce mur des habitudes qu’il faut traverser et qui nous désintègre. C’est la pratique de cet exercice
qui m’a éloigné du film et m’oblige à vivre au bord de la mer loin des entreprises où l’homme se trompe de route (…).
72 - Jean COCTEAU.
1889-1963. Ecrivain poète, artiste.
2 L.A.S. à sa chère amie.
Milly, 2 avril et 5 juillet 1960.
2 ff. in-4, apostille sur une des pages au verso.
700/800
€
Evoquant son emploi du temps chargé, Cocteau annonce son départ pour Santo Sospir ;
Une presque sœur très malade. Les
besognes. Les auditions pour l’Aigle. Les magnétophones pour le film. Les articles, les lettes, les factures, les aumônes (…).
Voilà ce qui me chasse demain et m’oblige à rejoindre la Côte d’Azur (…).
– Longue lettre, émouvante, de Cocteau qui vient
de
souffler un simulacre de 71 bougies
, et retrouve sa correspondance ;
Les lettres (…) nous plongent dans un fleuve de sang
et d’encre si doux et très calme entre des rives que je connais bien et qui s’y reflètent à l’envers. Charles s’y montre sans
masque de théâtre avec toute sa noblesse et sa gentillesse et cette enfance dont il avait les colères (…). Et ce que j’aime, c’est
qu’il trouve le temps d’écrire de vraies lettres dans cette épouvantable époque de hâte, de téléphone et de radio.
Il se le re-
présente perché sur un pupitre de collège, se souvenant
des accents inoubliables de sa voix nasale (…).
73 - Jean COCTEAU.
1889-1963. Ecrivain poète, artiste.
L.A.S. à Jacques Lepage.
S.l., 2 décembre 1961.
1 pp. in-4.
500/700
€
A propos du testament d’Orphée :
Il était important pour moi de publier le texte du film. Car le public se laisse distraire par
les images du film et cherche des symboles où il n’y en a pas. Cette transposition moderne des épreuves de l’initiation orphique
(propre à tous les poètes) ne représente pour notre époque frivole et distante que du désordre fantaisiste (…). C’est la croisade
solitaire dont parle Unamuno (…).
Cocteau veut répondre à l’attente de son public en publiant le texte du testament.




