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97.

ÎLE MAURICE

. Émile de CORIOLIS (Port-Louis, île Maurice 1798/1879), planteur de canne à

sucre à l’île Maurice.

170 lettres

, essentiellement adressées au Commandant Blanchard, son cousin,

chevalier de Saint Louis, et à Madame Benoist, sa cousine. Bel-Air, Port-Louis, Providence, Rocheville

(île Maurice), 1828-1864. Environ 650 pages in-4. Adresses au dos.

Presque toutes les lettres avec

marques postales multiples

.

Très importante et passionnante correspondance d’Émile de Coriolis, planteur de canne à sucre de l’Île-

Maurice, s’étendant sur plus de quatre décennies, dans laquelle il décrit la vie sur l’île, évoque le commerce

du sucre ou critique la politique britannique

. Certaines lettres font entre 10 et 20 pages. Ainsi, en 1834, il raconte :

« Je commencerai par vous dire que nous sommes tous bien portants. Moi, tantôt à la Savanne, tantôt à mon désir

selon mes affaires ; et le reste de la famille continuant à habiter cette campagne que je n’ai pas pu parvenir à louer

pour me fixer à Bel-Air là où les travaux de la coupe y nécessitaient davantage ma présence. […] Enfin quoiqu’il

en puisse être de ce nouvel ordre des choses, tout marche, tant bien que mal il est vrai, mais enfin tout marche, et

c’est beaucoup quand d’ailleurs tout est mort, inerte à l’occident. » En charge d’une plantation de canne à sucre, il

témoigne précieusement de la vie d’un exploitant au milieu du XIX

e

siècle : « La coupe commencée à Providence

le 7 août se présente bien, mais chacune lentement, si bien que je commence à craindre de ne pouvoir pas couper

toutes mes cannes, malgré que je n’arrête pas un seul jour, et que redoutant de perdre une partie de mes beaux

produits de cette canne, j’ai fait une telle diligence dans mon aménagement de Providence le 16 du mois dernier

après l’exploitation d’un abattu [ ?] d’environ 16 arpents qui m’ont rendu près de cent milliers de sucre, ce même

jour j’ai roulé de nuit à Bel-Air en dépit du mauvais temps, de mon déménagement et de tout. Si je ne parviens pas

à mener à bien à terminer cette belle coupe, du moins je n’aurai pas à me reprocher de n’avoir pas fait tout ce qui a

dépendu de moi pour imprimer à tout un nerf, une vigueur une activité d’une vigilance qu’on ne saurait trop avoir

dans les grandes entreprises, dans une importante exploitation. »

Depuis 1815, l’Île Maurice est passée de domination française à domination britannique. Sous cette administration,

l’exploitation de la canne à sucre, introduite par les Hollandais au XVII

e

siècle, connaît un essor considérable jusque

dans les années 1860-date à laquelle s’achève la correspondance-et favorise l’enrichissement des planteurs français,

parmi lesquels compte Émile de Coriolis. L’esclavage est aboli en 1833, au grand regret de ces derniers qui toutefois

touchent d’importants dédommagements de la Couronne. Ces mêmes planteurs font alors venir des Coolies des

Indes britanniques afin de disposer d’une main d’œuvre corvéable, contribuant à une modification profonde de la

population mauricienne au cours du siècle, qui devient majoritairement d’origine indienne. L’exportation du sucre

fait de Port-Louis l’un des ports commerciaux les plus importants de la région.

Les parents d’Émile de Coriolis s’étaient établis à l’Île Maurice à la fin du XVIII

e

siècle-son père d’origine aixoise

était capitaine de vaisseau, négociant et député du Port Nord-Ouest. En 1823, il épousa Marie Antoinette Éléonore

Descroizilles, dont il eut trois enfants.

3 000 / 4 000 €

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