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COLLECTION JEAN-CLAUDE DELAUNEY
tel La Mort de Roland à Roncevaux, 1819-1820, par Achille-Etna
Michallon dont l’oeuvre achevée se trouve au Louvre (dans cette
étude on perçoit le libre talent de ce précurseur du paysage historique
au naturel) ou par Abel de Pujol, cette étude pour La Mort de
Britannicus où Junie agenouillée dans un superbe drapé implore de
Néron la grâce de Britannicus et dont l’œuvre aboutie est conservée
au Musée des Beaux-Arts de Dijon.
Pourquoi collectionner ?
m’a-t-on souvent demandé.
Que faudrait-il répondre à qui vous demanderait : pourquoi aimer ?
Peut-être une boutade à la Guitry «
Seul le super u est nécessaire
».
Plutôt, en ce qui me concerne, le goût, transmis par les trois
générations qui m’ont précédé, de réaliser un projet : l’élaboration
d’un ensemble original et cohérent où, à la pièce nouvellement
ajoutée, répond harmonieusement et lui fait bon accueil celle déjà
présente. Avec ce plaisir sans cesse renouvelé de convoiter, chercher,
trouver à sa mesure, assembler à son idée et ces bonheurs d’ensuite
contempler, savourer, étudier, découvrir, apprendre. Ne pas acquérir
en bloc une collection déjà toute faite ainsi qu’il advint du Duc
d’Aumale cet admirable collectionneur de collections, ni non plus se
livrer au délice de la pure chimère, tel ce grand original me déclarant
un jour èrement collectionner uniquement les pièces d’orfèvreries
au poinçon de la petite ville de Gisors-en-Vexin et à qui je demandais,
connaissant l’insigne rareté des pièces ainsi insculpées, combien il en
possédait et qui me répondit sérieusement «
Mais aucune
».
Je pense me situer entre ces deux extrêmes, acquérant patiemment
pièce après pièce au l des ans et exceptionnellement plusieurs à la
fois à l’occasion de certaines grandes ventes telles les ventes Sicklès,
Hayoit, Zunz, Couppel du Lude.
Nous ne pouvons conter ici tout ce que je sais de l’histoire et du
parcours de chacun de ces objets mais par respect tant envers eux
que chacun de ceux qui les ont possédés, admirés, aimés avant
moi, j’ai souhaité que soit établi in ne de mon catalogue une liste
de leurs provenances de moi connues surtout quand elles sont
familiales. Je tiens à souligner à ce propos que à l’exception d’un
seul dessin du XVIII
e
, que le Marquis de Chennevières donnait à
Poussin, maintenant attribué à Desnoyer, l’ensemble des œuvres et
objets provenant des collections de mon aïeul Louis Deglatigny et
maintenant voués à la dispersion n’avaient pas quitté la famille depuis
leurs acquisitions par Louis Deglatigny et son décès survenu en 1936
au gré de dévolutions et péripéties successorales diverses et internes.
Je vous laisse maintenant au délice, que fut le mien durant ces soixante
dernières années, de découvrir ces plus de mille œuvres. »
Jean-Claude Delauney,
ancien Bâtonnier du Barreau de Caen.
Le Bâtonnier Jean-claude Delauney




