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- La Mysticité quotidienne

. Sans lieu ni date [1923]. Manuscrit autographe signé de 2 pages ½

grand in-4, comportant 9 ratures et corrections.

Publié dans le numéro spécial de la revue

Le Disque vert

consacré à Max Jacob, en novembre

1923, l’article de Crevel vante cette mysticité quotidienne “

qui met dans la vie, ce qui pour

l’ordinaire se laisse dans les temples,

[et qui]

déçoit un peu. On s’attend à quelque concert grave, or

au lieu de choisir l’orgue, Max Jacob s’accompagne sur la guitare, le piano mécanique et le banjo.

La grand-messe du dimanche se joue à l’orchestre du cinéma. Mais cette naïveté chez un homme qui

sait par ailleurs se montrer si perspicace, n’est-elle pas touchante comme un geste de petit enfant ?

- La Grande Mannequin cherche et trouve sa peau.

Sans lieu ni date [1834]. Manuscrit

autographe signé ayant servi à l’impression, 1 page in-folio et 3 pages petit in-4, avec

13 ratures, ajouts et corrections et marques de typographe.

Texte en prose paru dans la revue

Minotaure

(nº 5, mai 1934) ayant pour sujet le mannequin

de vitrine, “

une femme doublement femme puisque fille du vêtement féminin et de la nudité nudité

féminine, la grande Mannequin cette Antigone qui sait pour sa parure, disposer en sourires très

charnels les complexités œdipiennes.

[...]

Parce qu’ils attendent beaucoup d’elle, les hommes sont gauches et timides avec la Grande

Mannequin. Ils ne savent comment lui présenter le choix des épidermes dont elle change plus

souvent que des chemises. Pour la séduire, on essaie du pompeux. Or, du pompeux c’est toujours du

macabre. Sur la boutique dont elle sera le plus bel ornement, sur l’œil dont elle sera la prunelle,

se gonfle une paupière de cils draperies bien mortuaires, bien funèbres, avec, en guise de cils, des

lourdes larmes de soie.

- La Dame au cou nu.

30 novembre 1922. Manuscrit autographe signé de 5 pages in-4,

comportant 5 corrections et ratures.

Texte autobiographique de toute beauté autour d’un fait divers, paru dans

Le

Disque vert

(n

os

4-6, 1923). Certains éléments, notamment la figure de la dame au cou nu, réapparaîtront

dans le premier chapitre du roman

Mon corps et moi

(1925).

J’aimais la dame au cou nu et je l’aimais parce qu’elle était la dame au cou nu. Je m’accordais fort

bien de cette passion, ignorant des principes de la relativité, cette gloire des mathématiciens, joie des

réunions mondaines et supplice des cœurs tendres.

[...]

Les plus grands auteurs prononcèrent des paroles qu’on pût graver afficher dans les magasins pour

adoucir les vendeuses, ou celles dignes d’orner les frontons et d’autres encore à graver les jours

de doute (comme si c’était un moyen de les raffermir) dans les chairs molles des préjugés et des

croyances.

Personne n’avait pensé à la dame au cou nu.

Je n’avais pas neuf ans et demeurai le seul à la défendre sans exhibitionnisme, sans espoir d’un petit

profit lorsque s’ouvriraient les portes de sa prison.

Je la vois encore sur les photographies des magazines. Elle était une petite chose toute frêle dans

un paquet de crêpe. On la représentait la tête directe, ou bien tournée à droite, à gauche ; évanouie,

le voile plus fort que les muscles à peine perceptibles sous une chair peau rose ; d’autres fois la douleur

de son front entrainait sur le bois du box les insignes de son double deuil.

Très belle reliure photographique à plats de plexiglas sur fond doré dont Henri

Mercher s’était fait une spécialité : celle-ci a été exécutée en 1966.

10 000 / 12 000