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Élégante reliure mosaïquée de Pierre-Lucien Martin, exécutée en 1955.

Elle a sans doute été réalisée pour Jean Jacobi dont on trouve l’ex-libris en tête. L’amateur

possédait un autre ouvrage dédicacé à André Breton,

Le Marteau sans maître

de René Char

qu’il confia également à Pierre-Lucien Martin (cf. nº 166 de ce catalogue).

Les traces d’une polémique douloureuse, archivées par André Breton.

On trouve en effet relié en fin de volume le fameux texte de Marcel Jouhandeau sur René

Crevel extrait de la

Nouvelle Revue Française

de juillet 1935 ainsi que la réponse d’André

Breton paru dans la même revue en août. Les dates de publication sont portées manuscrites

à l’encre verte par Breton. Ces textes rappellent la controverse détestable qui eut lieu dans les

colonnes de la NRF peu après le suicide de René Crevel.

Dans la constellation surréaliste, Crevel occupe une place à part. Né en 1900, marqué par le

suicide de son père et une santé défaillante qui l’obligea à de longs séjours dans des sanatoriums,

il est l’auteur de livres singuliers et de pamphlets rageurs. Le tournant révolutionnaire du

Surréalisme devait le séduire au point d’en devenir l’un de ses plus ardents propagateurs.

Il devait pourtant se suicider le 18 juin 1935 : il n’était pas parvenu à réconcilier Breton et les

organisateurs du Congrès international des écrivains – notamment Ilya Ehrenbourg, chef de

la délégation soviétique, que Breton avait giflé.

Dans l’article particulièrement fielleux paru en juillet 1935, Marcel Jouhandeau rendait

Breton responsable du suicide de l’écrivain. “Rien ne ressemble plus à un crime qu’un suicide”,

accusait-il, après avoir rapporté les propos de René Crevel : “Quand je ne croirai plus en rien,

ni en moi, ni en personne, je croirai encore en Breton.” Ce dernier répliqua le mois suivant par

un article d’une brutale froideur intitulé :

Sur la mort de René Crevel.

Habitué aux polémiques, Breton avait cependant été affecté par la mise en accusation. Le soin

avec lequel il archiva les deux textes témoigne de sa volonté de ne pas oublier.

30 000 / 40 000