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Louis-Ferdinand CÉLINE.

Lettre adressée à André Billy

.

Copenhague, 22 octobre

[1947].

Lettre autographe signée “LF Celine”, 1 page in-folio.

Savoureuse lettre adressée par Céline au critique André Billy, manière de défense

et illustration rageuse de son style.

“Mais non satané damné vieux con ce n’est pas de grossièreté qu’il s’agit mais de transposition

du langage parlé en écrit ! Vous dire : merde, ce n’est rien… Vous botter le cul pas grd

chose… mais faire passer tout ceci en écrit voilà l’astuce… l’impressionnisme !…

Ah ! que vous êtes loin du problème ! Allez, signez des listes noires ! des proscriptions !

mouchardez ! fliquez ! bourriquez ! vous n’êtes bon qu’ à ça !

LF Celine.”

En 1932, André Billy (1882-1971) avait approuvé les Goncourt de n’avoir pas décerné leur prix

au

Voyage au bout de la nuit,

ce qui lui valut la rancune tenace du romancier

.

Durant la guerre,

il publia un recueil littéraire qui omettait Céline puis, dans sa chronique au

Figaro littéraire

du

11 octobre 1947, il notait : “Ce qui est simple mode, c’est la crudité d’expression qui, d’ailleurs,

ne nous est pas venue d’Amérique, mais d’un certain Louis-Ferdinand Céline, aujourd’hui

bien oublié” – et le “bien oublié” de rugir depuis son exil danois.

(Alméras,

Dictionnaire Céline,

pp. 123-124.)

“Céline, ce n’était pas le langage parlé comme on l’a dit, c’était un style. Chaque écrivain doit

se débrouiller pour faire passer l’émotion, la poésie. Il n’y a pas de recettes. Chacun devant

l’œuvre d’art se démerde comme il peut. Il faut que le souffle passe ou on crève. Il n’y a pas de

nouveau roman ou d’ancien. Avec Céline ça passe. Dans le

Voyage

, l’incision pour le souffle a

été faite” (Jean Genet cité par Philippe Alméras, op. cit., p. 380).

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