318
“
t
out
c
Haissac
est dans
Le
caLLigramme
.
o
n
y
retrouve
Les deuX
facettes
indissociaBLes de
son œuvre
:
La
peinture
et
L
’
écriture
.
u
ne
savoureuse
rencontre
entre
Le mot
et
L
’
image
” (Gaëlle Rageot-Deshayes)
260
Gaston CHAISSAC.
Deux cahiers manuscrits ornés de calligrammes
.
Sainte Florence de
l’Oie, 14-15 février 1950.
2 cahiers manuscrits autographes signés et datés grand in-8 [25,5 x 17 ; 25 x 16,5 cm] de 14 et
31 pages sur papier kraft, cousus.
Réunion de deux manuscrits autographes de Gaston Chaissac offrant 35
calligrammes à l’encre de Chine sur “
papier d
’
emBaLLage trouvé à
L
’
épicerie voisine
”, pliés
en deux et cousus par l’artiste lui-même.
Ils s’inscrivent dans la série débutée en février 1949 : “Je me suis mis à dessiner avec de l’écriture
des choses visibles au foyer de l’art brut où je viens même d’adresser un manuscrit présenté
en majeure partie sous forme de dessins. Je compte ainsi toucher davantage de gens” (lettre
à Anatole Jakovsky).
Véritable métissage de ses techniques picturales et littéraires, le calligramme convenait
à l’artiste autodidacte qui s’était tourné vers l’écriture dans les premières années d’après-guerre :
“Des artistes et des écrivains connus m’encouragèrent à peindre et, enhardi, je me lançais dans
des recherches plus personnelles. Je ne me bornais pas à peindre et quoique n’ayant même pas
mon certificat d’étude, j’eus l’audace d’écrire” (lettre au journaliste Joseph Bonnenfant, 1946).
Fils d’un artisan cordonnier originaire d’Avallon, Gaston Chaissac (1910-1964) doit à sa
rencontre avec les Freundlich en 1937 une première exposition personnelle en 1938. Il reçut
très vite l’appui d’Albert Gleizes, puis d’André Lhote. De Vendée, où il s’installa dès 1943, il
entretint une abondante correspondance avec des figures de premier plan du monde artistique
et intellectuel. Un choix de ses lettres à Paulhan, Gallimard, l’Anselme, Queneau et Dubuffet
a été publié en 1951 sous le titre :
Hippobosque au bocage
.
Le premier cahier,
Sonorité d’espoir,
comporte 12 calligrammes dont un à double page.
Il se compose de poèmes de Jean Vodaine et d’une courte présentation de ce poète, peintre
et typographe autodidacte d’origine slovène installé en Moselle. Comme Chaissac, il exerça
pendant un temps le métier de cordonnier : “
Il est même bottier et fort éloigné du savetier. Notre
Lorraine sut l’accueillir et le retenir. Il parle notre langue, l’écrit comme il la pense et chausse des
français du meilleur cuir de nos tanneries qu’il peut trouver.
”
À la fin, on trouve une annonce pour la revue prolétarienne
Poësie avec nous
fondée par
Vodaine, dont Chaissac fut un collaborateur régulier.
Le second cahier reproduit sous forme de 23 calligrammes la circulaire de l’évêque de Luçon
du 2 février 1950, “
recu a la chute du jour et des mains de la petite dernière de notre voisin
Chapeleau
” : long appel à la générosité des fidèles en vue de la construction du séminaire des
Herbiers, suivi d’une réflexion de Chaissac sur son œuvre artistique :
“
Comme Monseigneur l’évêque de Lucon je construit aussi en Vendée mais ce ne sont que des
constructions picturales et qui n’ont rien à voir avec d’aussi vastes batisses. Ca ne nécessite pas des
millions heureusement et ça n’en sera pas moins de la même époque que ce séminaire.
Comme peintre je me trouve assez dans la situation d’un fumeur réduit a ramasser les mégots
et loin des lieux où ils abondent mais on produit quand même. On se sert de ce qui tombe sous
la main et je m’efforce d’ harmoniser. Vous jugerez par vous même si sur ce papier d’emballage
trouvé à l’épicerie voisine j’ai reussi à harmoniser le style de monseigneur et de quelques autres avec
mon écriture a la diable et mes dessins. Pas si sûr mais ce doit être sans précédent une lettre de prelat
recopiée de la sorte.”
Quelques “poèmes écrits dans le diocèse de Luçon” occupent les derniers pages du cahier.
10 000 / 12 000
€




