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L’avènement en France de la critique

d’art : l’exemplaire de Monsieur

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PILES (Roger de).

Abrégé de la vie des peintres,

avec des reflexions sur leurs ouvrages, et un Traité du

peintre parfait, de la connoissance des desseins, & de

l’utilité des estampes.

Paris, François Muguet, 1699.

In-12 [165 x 93 mm] de 1 frontispice, (10) ff.,

540 pp. : maroquin rouge, dos à nerfs fleurdelisé,

triple filet doré encadrant les plats avec fleurs de lys

dorées dans les angles et armes dorées au centre,

coupes et bordures intérieures décorées, tranches

dorées sur marbrures

(reliure de l’époque).

Édition originale.

Elle est ornée d’un frontispice gravé sur cuivre par Simonneau d’après Coypel.

Membre de l’Académie de peinture, diplomate et théoricien de l’art, Roger de Piles (1635-1709) a contribué à l’éclosion d’un nouveau goût en

France au point d’en avoir infléchi les canons esthétiques. Au-delà de la querelle dirigée contre Le Brun et l’enseignement de l’Académie, opposant

les poussinistes aux rubénistes dont il fut le chef de file, ses trois essais ont donné ses lettres de noblesse à un genre littéraire, celui de la critique

d’art.

Une solide réputation d’expert lui permit d’engager le duc de Richelieu à former une galerie composée uniquement de tableaux de Rubens –

regardé jusque-là comme du second rang.

De même, il était parvenu à imposer Rembrandt et les Flamands auprès des amateurs et de la Cour. La collection du duc d’Orléans au Palais-Royal

en témoigne : elle ne comptait pas moins de 169 tableaux, constituée essentiellement de maîtres hollandais.

Très bel exemplaire en maroquin du temps aux armes du duc d’Orléans, frère du roi Louis XIV, l’un des plus grands

collectionneurs de tableaux de son époque.

Prince fastueux et mécène, protecteur de Molière, Philippe de France, duc d’Orléans, dit Monsieur (1640-1701), penchait du côté de Sodome.

Les

Mémoires

de

Saint-Simon brossent son portrait haut en couleur : “C’était un petit homme ventru, monté sur des échasses tant ses souliers

étaient hauts, toujours paré comme une femme, plein de bagues, de bracelets et de pierreries partout, avec une longue perruque toute étalée

devant, noire et poudrée et des rubans partout où il pouvait mettre, plein de sortes de parfums et en toutes choses la propreté même. On l’accusait

de mettre imperceptiblement du rouge.”

Monsieur avait de bonnes dispositions pour le dessin. Il étudia avec le graveur Israël Silvestre, laissant même quelques preuves de son talent,

conservées au Cabinet des Estampes.

Il fut aussi, et avant tout, un collectionneur de tableaux et d’objets d’art parmi les plus avertis de son temps. Il ne cessa d’embellir ses deux

résidences, le Palais-Royal à Paris et le château de Saint-Cloud dont il avait fait, dit Saint-Simon, un “palais des délices”.

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