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RIOUFFE (Honoré-Jean) avocat et littérateur, incarcéré sous la Terreur, auteur de célèbres Mémoires d’un détenu.

Lettre autographe signée “Riouffe”, adressée à Mathieu Villenave.

11 vendémiaire III (2 octobre 1794)

. 4 pages in-4.

Belle lettre de prison adressée au grand avocat nantais.

[Villenave lui-même avait été envoyé devant le Tribunal révolutionnaire de Paris l’année précédente, et dut sa vie à la chute de Robespierre.]

Riouffe envoie des vœux pour du bonheur, des “retractations sans nombre” et des amitiés, “pour reparer les quatre lignes humoriques. Le depit était

vif, mais la cause en était on ne peut plus aimable, et s’il y avait un peu de fiel, c’est que la lettre était datée de la Conciergerie. Je n’en rêve pas moins à

Pecot et à toi toute la journée, et dernierement, j’imaginais un journal des trois amis, qui pourrait n’être pas en pure perte pour la patrie, et pour nous-

mêmes, on ne coupera plus maintenant le fil de vos idées, le repos n’en sera point forcé, et vous portez vos têtes sur vos deux epaules de la meilleure

grace du monde ; quant à moi, je ne repond de rien ; quelques plans que je crois bons, beaucoup de chaleur pour le bonheur des hommes, tout cela

pourra s’eteindre dans le fonds d’un cul de sac. C’est en temporisant, que j’ai sauvé jusqu’ici ma misérable éxistence, et que j’ai continué à respirer un

air infect, à coucher sur un grabat, à etre entouré de verroux, et à voir massacrer autour de moi ; car pour moi cela s’appelle vivre. Mais enfin il faut

un dénouement”. Son cas est inscrit, et le rapport doit se faire incessamment. Il compte sur le zèle Villenave pour reconquérir sa liberté : “Depuis que

tes poumons, sont rassainis par un air libre et pur, depuis que tu vas comme Candide tout droit devant toi qu’as-tu fait. Je t’ai donné un joli mémoire

qui te met dans tou son jour toutes les inculpations dont on me charge, mais sans la moindre preuve”... Il se demande s’il ne faudrait pas attendre

que le Comité de sûreté générale soit renouvelé, et épuré… Il termine sur une note pressante : “Adieu mes bons amis, car je vois toujours tous les

Nantais dans ta personne. Écris moi, sers moi ; je te crie du fonds de mon abyme, ô toi qui vois la lumière, et des arbres, être d’une nature superieure

à la mienne, qui marches, sors, rentres quand il te plaît, prends pitié de nous”… En post-scriptum, il évoque la fin affreuse de ceux qui, échappés aux

cachots et aux noyades, sont tombés entre les mains des chouans… Il recommande que Pecot lise Démosthène, mais se demande quel service Pecot

peut lui rendre. Enfin : “fais ce que tu crois le meilleur. Et laissons faire aux dieux. Si Souché veut retarder, ou croit à propos de le faire, c’est que toute

la deputation du Finistère, doit le reclamer aussitôt que les comités seront renouvellés. Tu sais bien que la liberté la plus prompte est la meilleure”…

On joint :

- [RIOUFFE (Jean-Honoré)].

Mémoires sur les prisons.

Avec une notice sur la vie de Riouffe, des notes et des éclaircissemens historiques. Paris,

Baudoin frères, 1823. 2 volumes in-8, demi-chagrin, dos à nerfs ornés, pièces de titre et de tomaison de maroquin rouge, emblème doré sur les

premiers plats et en queue de dos (reliure anglaise de l’époque).

Exemplaire provenant de la bibliothèque Inner Temple (Ex-libris et emblèmes). Reliure usagée.

- [RIOUFFE (Jean-Honoré)].

Mémoires d’un détenu, pour servir à l’histoire de la tyrannie de Robespierre

. Paris, Brigitte Mathé, An III [1795]. In-16,

broché, couverture d’attente de papier bleu avec titre en long manuscrit sur le dos. Riouffe raconte sa détention d’octobre 1793 jusqu’à la fin de la Terreur.

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