103. BRETON (André). [Interview de
Haló Noviny
]. Manuscrit autographe, Sans date [1935], 3 feuillets in-4
papier bleu, montés sur onglets, reliés à la Bradel en un volume demi-maroquin vert à coins (
Gauché
).
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€
T
RÈS INTÉRESSANT MANUSCRIT D
'
UNE INTERVIEW
,
OÙ
B
RETON PRÉCISE LA POSITION POLITIQUE ET ARTISTIQUE DU SURRÉALISME
EN
1935.
Ce texte a d'abord paru dans le journal communiste de Prague
Haló Noviny
le 14 avril 1935, puis dans le
Bulletin
international du Surréalisme
(n° 1, 1935, Prague), avant d'être repris en volume dans
Position politique du Surréalisme
(éd. du Sagittaire, 1935). En compagnie de Josef Sima et de Paul Eluard, Breton séjourna à Prague du 27 mars au 10 avril
1935, et c'est là que fut réalisée, le 9 avril, cette interview, à laquelle participa aussi Eluard. Ce manuscrit semble très
légèrement postérieur, car Breton y déclare :
Je viens de donner une conférence à Zurich,
ce qu'il fit en effet le 11 avril
1935. Tout porte donc à croire que nous avons ici une seconde rédaction, faite juste avant la publication en journal (le
premier texte, reproduit dans le tome II des
O. C.
en "Pléiade", porte :
je donnerai une conférence à Zurich
). Ce manuscrit
comporte, sous le numéro VI, une réponse d'Eluard, laquelle n'est reprise ni dans la "Pléiade" de Breton, ni dans celle
d'Eluard.
Ce texte se situe à un moment critique dans l'évolution politique de Breton. Comme le souligne Marguerite Bonnet, "de la
fin mars à août 1935, il est passé d'un moment où il veut encore espérer dans le communisme… au temps de l'absolue
défiance".
L'action surréaliste,
déclare d'abord Breton,
continuera à tendre à la résolution dialectique des vieilles antinomies : action
et rêve, nécessité logique et nécessité naturelle, objectivité et subjectivité…
Il parle de sa récente conférence à Zurich, de
son voyage aux Canaries, de la future exposition surréaliste à Londres…
La revue Échange surréaliste va paraître à Tokio.
Pour le reste,
notre tâche critique principale… doit être de démêler, dans l'art d'avant-garde, ce qui est authentique de ce
qui ne l'est pas.
Il place
tout espoir
dans l'art soviétique,
bien qu'il ne réponde pas encore à notre attente…
Il espère que
les artistes soviétiques sauront reprendre la leçon de
Rimbaud, Lautréamont, Seurat, Picasso
. Quant à l'Allemagne,
il est
frappant qu'Hitler ait compris que pour juguler la pensée de gauche, il fallait non seulement persécuter les marxistes mais
encore frapper d'interdit tout l'art d'avant-garde…
Il affirme néanmoins
sa confiance dans la pensée allemande, si
agissante, d'hier dont ne peut manquer d'être faite la pensée allemande révolutionnaire de demain.
Il souhaite par ailleurs
l'établissement
dans toutes les langues de manuels matérialistes d'histoire littéraire et artistique qui fassent apparaître
avec évidence l'opposition à la classe féodale d'abord, à la classe bourgeoise ensuite, de la plupart des écrivains et artistes
que la postérité a retenus…
Œuvres complètes,
Pléiade, tome II, pp. 441-444, mais avec un texte légèrement différent dans sa première partie.
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