114. BRETON (André). D
E L
’H
UMOUR NOIR
.
Paris, G.L.M., 1937.
Plaquette in-8, bradel cartonnage grège rehaussé
de paillettes d’argent, couverture illustrée conservée (
Georges Hugnet
).
800 / 1 000
€
É
DITION ORIGINALE RARE
. Couverture bleue illustrée par Yves Tanguy.
U
N DES
15
EXEMPLAIRES SUR COUCHÉ BICOLORE
, auquel on a ajouté deux cartons d’invitation illustrés par Tanguy, sur papier
bleu et beige.
115. BRETON (André).
Vie légendaire de Max Ernst, précédée d'une brève discussion sur le besoin d'un nouveau
mythe.
Manuscrit autographe, Sans date [1942], 5 pages in-4 écrites à l'encre verte, sous chemise demi-
maroquin noir.
12 000 / 15 000
€
B
EAU ET CURIEUX TEXTE EXTRAIT DE
L
E
S
URRÉALISME ET LA
P
EINTURE
.
Publié en 1942, ce texte écrit aux Etats-Unis, où s'était exilé Breton, fut recueilli dans l'édition définitive (1965) de
Le Surréalisme et la Peinture.
Pour évoquer son ami Max Ernst et sa peinture, Breton a choisi un ton des plus surréalistes, à cent lieues de la critique d'art
traditionnelle : les deux premières pages sont ainsi occupées par le récit d'un dîner imaginaire, à New York, entre Breton
et le président de Brosses, écrivain du XVIII
e
siècle. Breton en profite pour lancer quelques piques contre le Collège de
Sociologie de Georges Bataille, puis il enchaîne sur Ernst :
… je tiens l'œuvre de Max Ernst pour grosse de faits appelés
à se produire sur le plan réel : qui plus est je crois qu'elle préfigure dans leur ordre les faits qui se produiront…
Et Breton
d'évoquer la vie du peintre, mais de manière très libre et très personnelle. Loin de retracer sa biographie, il procède par
analogies et métaphores, mêlant certains souvenirs de rencontres à l'évocation précise de toiles ou collages du peintre.
Ce
n'est pas en vain que Max Ernst passe pour être né à Cologne sur une des boucles du serpent liquide qui se plaît comme
nul autre à attiser l'épée, le Rhin dans quoi se peignent les ensorcelantes filles aux blonds cheveux sans fin quand nous
avons vingt ans…
Promenade dans Paris :
…Max Ernst regagna au petit jour le réservoir désaffecté où il avait élu domicile
(…).
Tout du long, à notre hauteur, une femme nue, au visage recouvert d'un loup, patinait sur place. Le calendrier
marquait 1921-22-23.
(…)
Silence. Peu après, Max Ernst se signale par une réapparition tumulteuse
"
dans le bassin de
Paris
".
Sous l'aspect d'un gros oiseau, il porte alors le nom de Loplop, dit parfois
"
l'hirondelle
".
Assisté d'une superbe
jeune femme, Perturbation, celle qu'il appelle tendrement
"
Ma sœur la femme 100 Têtes
"
, il se livre impunément sur la
personne humaine aux pires voies de fait…
Evocation de toiles plus récentes (
Jardin gobe-avions
) :
…Voici Max Ernst
beaucoup plus loin dans le temps, après de Sémiramis. Les jardins suspendus ont été plantés de népenthès géants et
invisibles - le dernier mot de l'art des sièges. Les avions futurs s'y engouffreront comme des mouches, et quelle découverte :
le progrès technique arrêté dans son cours démentiel - la mort déléguée par l'homme ne passe plus…
Il exalte enfin
l'émotion constante de l'artiste :
Elle l'a saisi comme un grand tournesol pour le porter du fond des caves au plus haut
sommet de l'être même : l'histoire d'un homme…
Texte critique remarquable, qui, par son écriture lyrique bien personnelle, parvient à évoquer parfaitement toute l'originalité
de Max Ernst et de son art.
Manuscrit conforme au texte imprimé.
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