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112. BRETON (André).

L'Amour fou

(

la lettre à Aube

). Manuscrit autographe, daté

12 septembre 1936,

1 page

grand in-4 (ratures et corrections), sous chemise demi-maroquin noir.

8 000 / 10 000

T

RÈS BEAU MANUSCRIT DE PREMIER JET D

'

UN CÉLÈBRE CHAPITRE DE

L'A

MOUR FOU

.

Il s'agit de la très belle "lettre à Écusette de Noireuil", (Ecureuil de Noisette) qui termine

L'Amour fou

(1937), dont elle

constitue le chapitre VII. Toutefois, Breton a tenu à souligner ici le caractère très personnel de cette lettre, en précisant dans

le titre : (

la lettre à Aube

). Cette mention, qui ne se retrouve pas dans l'imprimé, désigne sa fille Aube, qui avait alors huit

mois et censée ne lire cette lettre qu'en 1952. Tout le livre relate la rencontre de Breton et de celle qui sera la mère d'Aube,

ce chapitre en constitue ainsi la conclusion logique.

Vous êtes issue du seul miroitement de ce qui fut assez tard pour moi l'aboutissement de la poésie à laquelle je m'étais voué

dans ma jeunesse, de la poésie que j'ai continué à servir, au mépris de tout ce qui n'est pas elle. Vous, vous vous êtes trouvée

là comme par enchantement.

(…)

Toujours et longtemps

,

les deux grands mots ennemis qui s'affrontent dès qu'il est

question de l'amour n'ont jamais échangé de plus aveuglants coups d'épée qu'aujourd'hui au-dessus de moi, dans un ciel

tout entier comme vos yeux dont le blanc est encore si bleu.

(…)

Toujours, comme dans les serments qu'exigent les jeunes

filles. Toujours comme sur le sable blanc du temps… Je n'en ai jamais démérité, je n'ai jamais cessé de ne faire qu'un de

la chair de l'être que j'aime et de la neige des cimes au soleil levant. De l'amour je n'ai voulu connaître que les heures de

triomphe, dont je ferme ici le collier sur vous… Je ne nie pas que l'amour ait maille à partir avec la vie. Je dis qu'il doit

vaincre et pour cela s'être élevé à une telle conscience poétique de lui-même que tout ce qu'il rencontre nécessairement

d'hostile se fonde au foyer de sa propre gloire.

Ratures, corrections et ajouts font de ce manuscrit de premier jet, d'une fine écriture serrée, un texte très dense, d'une

grande richesse. Les corrections sont extrêmement nombreuses. Toujours lisibles, elles permettent de suivre la pensée

même de l'écrivain, dans son élan premier et ses successives mises au point. Il s'agit là d'un premier état du texte, très

proche de l'imprimé (voir éd. Gallimard, 1968, p. 129-137). Les deux dernières phrases sont cependant restées inédites :

Voilà pour l'amour fou à l'état second. Dans l'histoire qui est la nôtre la queue de l'Ondine commençait par une sorte de

parabole…

Le présent manuscrit est resté inconnu de l'éditeur des

Œuvres complètes,

Marguerite Bonnet, qui précise n'avoir retrouvé

que le manuscrit du chap. VI du livre (voir

O. C.,

Pléiade, t. II, p. 778-785 et p. 1705).

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