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142.
Alexandre von HUMBOLDT
(1769-1859) voyageur et géographe. L.A.S., à un « respectable ami » [le baron de
Gérando ?] ; demi-page in-4.
300/400
« Je vous félicite du fond de mon cœur d’avoir arrangé une affaire qui m’a chagriné beaucoup. Je suis sûr qu’un faux
zèle de plusieurs personnes a contribué à compliquer des choses simples en elles-mêmes. Cuvier est sans doute bien digne
de votre estime. Comptez sur moi, mon respectable ami, je n’en parlerai à personne. Il est facile d’oublier lorsqu’il s’agit de
personnes qui ont tant de droits sur notre estime et sur notre amitié »…
On joint une enveloppe a.s. au professeur Matteucci.
143.
Vincent d’INDY
(1851-1931) compositeur. L.A.S.,
Paris
7 juillet 1927, à Édouard Herriot (ministre de l’Instruction
publique et des Beaux-arts) ; 2 pages in-4, en-tête
Schola Cantorum
.
250/300
Ayant rappelé leur rencontre à l’inauguration du monument à E. Colonne, et leur ami commun à Lyon, Witkowski,
il soumet trois requêtes : il appuie la demande de rosette d’officier de la Légion d’honneur en faveur d’Armand Parent,
« le célèbre violoniste et admirable professeur », puis la candidature de Maurice Maréchal au poste de professeur au
Conservatoire : c’est « un artiste consciencieux et expert en son art, qui peut être d’un grand secours pour parfaire, à notre
école nationale, l’enseignement du violoncelle »… Le troisième desideratum est personnel : « J’ai 76 ans et la retraite de mes
deux classes du Conservatoire me guette, ce qui est tout naturel. Cependant, je sais que le Conseil supérieur proposera
peut-être de me favoriser encore d’une année d’exercice […] parce qu’en débit de mon âge mon activité a conservé toute sa
verdeur »… Il a toujours aimé l’enseignement, et comme le ministre le sait, « les artistes sont actuellement les moins favorisés
des travailleurs »…
144.
Jean-Dominique INGRES
(1780-1867) peintre. L.A.S., [Paris 24 avril 1832], au graveur Luigi Calamatta,
à Amsterdam ; 1 page in-4, adresse, marques postales (déchir. par bris du cachet, répar. au dos).
1.500/2.000
Il a su par Marcotte « votre situation encore bien embarrassée touchant vos besoins urgens et le délaissement forcé
de notre planche. Cela nous fit de la peine, mais on est forcé de ployer à la nécessité. Cependant, mon cher ami, au nom de
tant de raisons et d’intérest de toute nature, je vous prie, le plutôt que vous pourrez […] reprenés ce travail avec courage,
car le temps et l’argent courent d’une vitesse horrible, et puis surtout jamais de changement, tout est bien, très bien, allez,
allez devant vous, perfectionnez, arrivez à vous rendre nous-mêmes d’après ce qui est fait et que je trouve si bien, et ouvrage
confectionné » devra lui faire honneur… Quant à lui, « ici tout va en fait d’art toujours tant à la diable comme cy devant […]. Ce
monde est donc affligé des effets monstrueux de la boîte de Pandore, nous est-il permis de compter même sur l’espérance,
en vérité je n’en sais rien, aussi nous vivons au jour le jour, ceci est véritablement à la lettre surtout depuis la rage du choléra,
on est bien aise de rencontrer ses amis, cependant ma femme et moi vivons sans peur heureusement car la peur seule peut
tuer »… Il donne des nouvelles de leur ami Mercuri… « Vous nous avez envoyé un enfant dessin charmant, vrai et plein de
caractère, et viva, il me semble vous voir heureux au milieu de ces vrais petits anges enfants »…
145.
Jean-Dominique INGRES
. L.A.S., Rome 18 août [1836], au graveur Luigi Calamatta, à Florence ; 2 pages in-4,
adresse.
800/1.000
Il arrivera le jeudi 25 à Florence : « Soyez donc mon ami à la poste à son arrivée, et emmenez-moi de suite dans une bonne
auberge où il n’y ayt personne de ma connaissance, attendu que je veux
rester seul
et
inconnu
,
avete capito
dans cette ville
un jour ou deux pour y être seul avec vous, et avec nos causeries et nos amitiés, là nous aurons le temps de nous revoir et de
nous apprendre cent choses qui m’intéressent […]. Alors oui le secret le plus absolu je vous en prie et
zitto zitto
»…
146.
Jean-Dominique INGRES
. L.A.S., Rome 2 mai 1837, au graveur Luigi Calamatta ; 4 pages in-4.
4.000/5.000
Très belle lettre sur la gravure par Calamatta du
Vœu de Louis XIII
d’Ingres.
Il se réjouit « grandement de votre beau succès dans notre bel ouvrage : quelle est ma joie de vous voir si haut placé dans
l’estime des vrais et judicieux esprits […] il y a longtemps que je vous proclame le premier de tous et je ris dans ma barbe de
me voir si bien et si glorieusement vengé de ces pousse-clous qui ont dans le tems méprisé cet ouvrage. Et que ce soit vous
mon ami qui leur fassiez cette terrible niche ? »… Ingres remercie Calamatta d’avoir bien défendu leurs intérêts communs,
mais il se réjouit surtout de voir que sa réputation est désormais incontestable ; il le remercie de la belle épreuve qu’il lui
réserve, tout en multipliant des conseils pour sa carrière : « qui va piano va sano ». Il aimerait que Calamatta vienne « encore
faire une planche à Rome, […] si ji suis encore. Car si ma santé continuait à être comme celle d’aujourdhui, je renoncerais et
ce à mon bien grand regret car je tiens beaucoup à terminer mon Directorat, mais en y travaillant bien entendu car tout est
prêt, il n’y a que l’ouvrier qui manque ». Il ne veut pas de Delorme, « un
scelerat
et un ennuyeux ». Il évoque les personnes à
qui offrir des épreuves : Lazzarini, Pradier, son ami Gilibert à Montauban, le bon docteur Martinet… Puis il évoque le portrait
du comte Molé : « m’ayant payé son portrait plus que nous n’étions convenus il y avait sans doute compris la gravure », et
Ingres reconnaît sa dette envers Calamatta, avec « des larmes de reconnaissance et de tendresse » de sa femme. Il évoque
le Salon et raille le
Finot
(Delacroix ?) : « il n’est pas si facile d’avoir du style et ce caractère historique dont il faut avoir pour
ainsi dire le sentiment dans le ventre de sa mère, ou du moins l’acquérir par une foi fervente et une étude constante. Certes