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226.
Henry MONNIER
(1799-1877) dessinateur et écrivain. L.A.S. « Prudhomme », 15 juin 1845, [à Hippolyte Bellangé] ;
1 page in-8 (petit manque marginal sans perte de texte).
200/250
Il envoie à son « cher maître » le texte demandé : « Bellangé est non seulement mon camarade d’atellier mais encore
mon camarade d’école c’est un fort bon garçon chez lequel l’enveloppe est un tant soit peu froide mais dont le cœur est
très chaud. Je ne doute pas qu’il fasse tout ce qui lui sera humainement possible de faire pour être utile et agréable à notre
jeune artiste »… Il compte faire une petite excursion à Rouen dans la huitaine, « mais je serai de retour pour festoyer le grand
S
t
 Pierre »… Grande signature « Prudhomme » avec arabesques.
227.
Henry de MONTHERLANT
(1896-1972) écrivain. L.A.S., oasis de Bou Saâda 29 janvier 1928, à Édouard Herriot
(ministre de l’Instruction publique et des Beaux-arts) ; 2 pages in-4.
150/200
C’est beaucoup plus que lui qui est honoré avec cette Légion d’honneur qui le cherche si loin, « et je ne parle pas
seulement de kilomètres. J’y suis bien sensible et je vous en remercie. Je souhaite qu’elle ne vous soit pas trop reprochée. Je
dois faire l’automne prochain quelques conférences dans les universités d’Allemagne. On remarquera certainement combien
le gouvernement français est attentif à encourager ceux qui peuvent se compter encore dans la jeunesse française »…
228.
Adrien de MONTMORENCY
(1768-1837) diplomate, amant de Mme Récamier. L.A., Auray (Morbihan)
22 vendémiaire (14 octobre 1800 ?), à Madame Juliette Récamier à Paris ; 2 pages in-4, adresse (petit trou, et
petite fente au pli).
400/500
Lettre amoureuse à Madame Récamier. Il exprime sa gratitude pour la démarche que son bon cœur a dû lui faire faire
avec « une chaleur
inoubliable
 », en faveur de M. de Léon, qui a reçu l’acte d’amnistie de toute sa famille : « Je vous rends
hommage de ce que j’ai senti »… Puis il évoque son séjour en Bretagne : « Je suis ici à 120 lieues de vous, pour parler à des
paysans qui ne parlent pas français sur une terre qui a été ensanglantée par toutes les fureurs de la guerre civile. Votre
situation, en votre jeunesse extrême vous ont rendue étrangère à tous ces souvenirs mélancoliques. J’irai demain à cheval
jusqu’à Quiberon pour m’abymer dans ces pensées »… Enfin il en vient à sa passion : « Vous qui m’avez fait éprouver tant
de sentimens divers, vous, que j’ai tant de raisons pour aimer, et j’oserai dire pour haïr, vous que je ne connois pas encore,
parce que je vous ai trop connue, je vous prie de ne pas m’oublier. J’ai vû couler vos larmes ; et ces larmes sur un visage tel
que le vôtre m’ont parû, par leur aveu, et leur intimité le plus touchant spectacle qui se puisse voir. Dans quelques jours je
retournerai à Paris, si vous lisez cette lettre avec la bonne partie de votre cœur, vous me répondrez un mot […]. Vous me direz
si vous êtes à Paris, et si je puis aller vous voir à l’instant. Adieu. J’honore trop votre caractère, et le mien, vous croire que
notre liaison puisse jamais s’avilir dans une amitié vulgaire ».
229.
Paul MORAND
(1888-1976) écrivain. L.A.S.,
Paris
18 décembre 1937, au Président Édouard Herriot ; 1 page in-4 à
son en-tête.
300/400
Lyon n’est plus
est « un merveilleux travail et de la plus belle étoffe. “Ça vous durera très longtemps”, comme disaient les
marchands, au temps où ces choses-là touchaient l’acheteur. C’est un travail colossal et définitif. Et plein d’avenir. Depuis le
soir d’automne où vous m’avez mené, par des chemins de verglas et de brouillard, au-dessus de la ville, j’ai compris Lyon, et
la lecture de votre livre m’a été facilitée d’autant. […] Cet éclairage oblique et méridional de la tragédie révolutionnaire nous
change de la lumière verticale, froide, et d’atelier, qui tombe des manuels et même des plus grands historiens »…
230.
Paul MORAND
. L.A.S., Villefranche s/mer 16 mars 1939, à Mme Blanche Édouard Herriot ; 3 pages in-4.
1.200/1.500
Très intéressants conseils politiques au lendemain de la cession de la Bohême et la Moravie à l’Allemagne. Morand
s’inquiète de lire que les radicaux exhortent le Président Herriot à se rendre en Europe orientale, car après le coup allemand,
« le Président risque de ne trouver qu’un Orient disloqué, terré, terrifié, qui sans doute lui fera bon accueil mais lui cachera
la vérité »… Nul ne lui avouera que la Yougoslavie craint que sa Croatie ne se soulève sur un signe de l’Allemagne, que « la
Roumanie redoute l’apparition brusque d’un führer des Transylvains vengeur de Codreanu, et que l’URSS reste prudemment
sur la réserve derrière une frontière dégarnie d’autostrades, privée de voies ferrées de mobilisation »… Il n’est qu’un « récent
spécialiste du Danube », mais voit bien « qu’en Hitler, autrichien, c’est l’Autriche qui a annexé le Reich et non le contraire : c’est
le spectre autrichien qui sort de sa tombe (sans qu’hélas les dix millions d’hommes qu’il y a entraînés en sortent avec lui) »… Le
voyage au Danube d’un ministre français ne pourra rien contre la terreur qu’inspire Hitler ; Morand recommande, au contraire,
le voyage en Amérique que Léon Blum n’a pu faire, et qui eût sans doute exaspéré l’antisémitisme mondial ; il y voit d’énormes
profits : « Sauf quelques missions comme celles de Malraux ou de Kayser, l’un communiste et l’autre juif, personne n’a été
représenter la France aux États-Unis depuis très longtemps, dans ce qu’elle a de Français. Roosevelt aime les personnalités
fortes, les paroles extra-diplomatiques, les propos sans fluidité, mais achevés et nets. Le Président, en allant à New-York avant
le roi d’Angleterre, peut revenir de là-bas triomphal ; tout est possible à New-York en ce moment ; abandon du Neutrality act,
crédits pour avions, etc. L’homme politique français qui a prêché le paiement de notre dette à l’Amérique et qui n’a jamais été
remercié comme il eût fallu de sa clairvoyance a, là, une occasion unique d’aller récolter les fruits de sa politique »…
Reproduction page 59