ADER. Paris. Femmes de lettres et manuscrits autographes - page 244

240
dont il fut l’objet, qui mourut couvert de 27 honorables blessures, et qui sur son lit de mort au milieu de cette abherration d’esprit
attribuée aux causes les plus honteuses, n’eut, malgré le mal qu’on lui avait fait d’autre nom plus cher à prononcer que celui de
l’homme qu’on calomnie »… Elle ne s’étonne pas que des hommes étrangers aux belles actions militaires se plaisent à insulter
ceux qui en ont été les auteurs, et si M. de L
AS
C
ASES
avait écrit seul, elle aurait gardé le silence : « M
r
de Las Cazes n’était pas
de cette grande légion sacrée, de cette phalange où chaque frère d’armes doit protéger son frère […] et j’aurais peut-être méprisé
des rapports qu’une forte haine particulière semble l’avoir porté à faire ; mais ils se trouvent dans un volume faisant partie d’un
ouvrage qui doit être regardé comme les Commentaires de Napoléon. Cet ouvrage est dit-on rédigé par plusieurs personnes et dans
le nombre je distingue avec un douloureux étonnement des noms de notre ancienne armée. Sans nul doute Général vous vous
communiquez vos différents travaux, vous et le général G
OURGAUD
car voilà les deux seuls noms qui me frappent […]. Comment
avez-vous pu laisser dans l’intérêt même de Napoléon laisser imprimer un pareil article ? Est-ce donc en dévoilant leurs défauts à la
postérité qu’il reconnaissait les services de ses serviteurs ? Ce malheureux J
UNOT
ne vous avait jamais offensé. L’eut il même jamais
fait quelques griefs la tombe ne recouvre-t-elle pas ? L’empereur a pu dans des moments d’expansion parler de la malheureuse
facilité qu’avait Junot à dépenser ses revenus, il a pu dans la colère de son amitié ajouter peut-être quelques phrases un peu fortes
mais il est faux qu’il ait dit les trois quarts de ce qui se trouve dans le livre de M. de Las Cazes […] Bien plus il eut accablé de son
indignation celui qui aurait ainsi signalé au monde entier d’une manière presque infamante son plus ancien serviteur, celui qui l’a
nourri et secouru dans l’année de malheur et de détresse qui s’est écoulé pour lui avant le 13 vendémiaire, le dernier enfin de cet
escadron sacré de Duroc, Lannes, Bessières, ses fidèles qu’il vit tomber autour de lui en moins d’une année et dont la chûte fut le
commencement et peut-être une des causes de ses malheurs »… Etc.
O
N
JOINT
la minute autographe de la réponse du général B
ERTRAND
(2 avril 1823) au secrétaire de la duchesse d’Abrantès,
répondant à ses « reproches inconcevables » d’être le collaborateur de diverses publications relatives à Napoléon, et renvoyant à ses
mises au point à ce sujet publiées par des journaux (1 page in-4).
Les Neuf Muses
.
424.
Stéphanie Félicité D
U
C
REST
, comtesse de GENLIS
(1746-1830) femme de lettres et pédagogue, auteur de
nombreux ouvrages, éducatrice de Louis-Philippe.
Lettre signée « D. C
tesse
de Genlis », 26 avril 1823, à un « dear friend » ; 4 pages in-4 (légères rousseurs).
300/400
T
RÈS
INTÉRESSANTE
LETTRE
DANS
LAQUELLE
ELLE
SOUHAITE
RÉTABLIR
LA
VÉRITÉ
SUR
M
ADAME
C
AMPAN
,
ET
ELLE
ÉVOQUE
M
ARIE
-
A
NTOINETTE
.
... « Il est très vrai qu’on a, universellement, accusé M
de
C
AMPAN
d’avoir trahi la reine » M
ARIE
-A
NTOINETTE
. C’est une calomnie :
« elle n’a jamais montré d’ailleurs, ni méchanceté ni perfidie ! elle a eu, à mon avis, un grand tort : celui de ne pas demander,
étant première femme de chambre, de suivre la reine au temple ». Mme de Genlis raconte qu’elle a jadis passé quatre mois à
Écouen, « où M
de
Campan dirigeoit
l’école impériale
de
jeunes personnes, elle est venu souvent me voir [...]
pour m’engager à lire ses mémoires manuscrits, en me
faisant promettre d’en corriger les fautes de langage,
ce que j’ai fait [...] Ces mémoires étoient ceux d’une
personne pensant bien, mais fort médiocres quant au
style et à l’esprit ». Elle a eu ceux-ci pendant plus
d’un mois entre les mains, et par la suite elle a aussi
lu ceux qu’on a fait imprimer sur elle : des derniers,
comme ceux du « malheureux duc de L
AUZUN
(que j’ai
intimement connu), sont étrangement falsifiés ; on a
fait un nombre infini d’augmentations, on a supprimé
une prodigieuse quantité de détails, et enfin, ajouté
des anecdotes d’antichambre, qui n’ont pas le sens
commun ». Elle ajoute que Mme Campan avait « des
sentimens religieux, qu’elle étoit bonne et charitable
[...] elle a laissé un souvenir touchant à Écouen par
toutes les aumônes qu’elle y distribuoit sans aucune
ostentation ; comme institutrice, elle ne manquoit
nullement de mérite, et tout ce qu’on a dit à cet égard
est aussi faux qu’infâme »... Les mémoires de B... vont
bientôt paraitre, et partout on parle favorablement de
l’ouvrage ; elle promet d’en envoyer un exemplaire
« ainsi que mes
Veillées de la chaumière
, tout cela
paroitra sous huit ou dix jours. Faites donc parler des
Dîners du baron d’Holback
qui méritent certainement
la protection d’un homme qui pense comme vous »
[cet ouvrage de Mme de Genlis a été publié en 1822,
chez Trouvé à Paris]... Elle recommande enfin le jeune
musicien G
ERONO
, élève de Lesueur, et auteur d’une
idylle sur la naissance du duc de B
ORDEAUX
, dont la
duchesse de B
ERRY
a accepté la dédicace...
Librairie de l’Abbaye, 1964
.
1...,234,235,236,237,238,239,240,241,242,243 245,246,247,248,249,250,251,252,253,254,...444
Powered by FlippingBook