ADER. Paris. Femmes de lettres et manuscrits autographes - page 248

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laissa une autre de mes sœurs et cinq enfans sans pain »… Elle se décida alors à « former un grand Etablissement d’Education qui
put pour le moins supléer à la destruction des monastères. Je choisis la ville de S
t
Germain, pour me tenir éloigné du centre des
intrigues, des plaisirs licencieux de ce temps, et du siege d’un gouvernement qui ne pouvoit être ni estimé ni aimé. Mes succès
passèrent mes espérances. Au bout de 6 mois 60 élèves, au bout d’une année 80 et enfin 125, ma fortune
indépendante
! due à mon
seul travail étoit faite sans la rupture du traité d’Amiens », provoquant le départ des Anglaises et d’autres élèves ; mais d’autres
étaient annoncées d’Amérique, de Berlin, de Calcutta. Alors des êtres jaloux, notamment « les anciens partisans des cloîtres »,
se répandirent en calomnies… « Enfin la renommée de mon établissement m’attira la fille et la nièce de M
e
de B
EAUHARNOIS
qui
alors ne connaissoit pas le général B
ONAPARTE
. Un an après elle le connut et l’épousa, il fit venir sa dernière sœur
Caroline
[…] et
me la confia, ainsi que la nièce de sa nouvelle épouse, M
lle
Stéphanie de Beauharnois, toutes ces élèves entrées chez moi du plein
gré de leurs parens, sans intrigue, sans sollicitation de ma part » ; plusieurs sont montées sur des trônes : « je pouvois les suivre
dans leurs palais, je le refusai, je restai dévouée pour le reste de mes jours à l’instruction publique ». La poursuite de la guerre
menaçant sa maison de faillite, elle se décida à la quitter « pour prendre la direction d’Écouen […] j’éprouvai mille peines pour le
choix des Dames, et la sévère conscience m’ordonnant impérieusement d’en faire remercier plusieurs, je me brouillai avec mon
grand chancelier qui seul avoit eu le droit de nomination accordé par l’Empereur. – Je fis de mon mieux à Écouen, on craignit que
mon nom d’Institutrice estimée en Europe n’attirât trop la confiance particulière sur la seule maison d’Écouen, et le Ministre et les
membres des Bureaux de la Légion la sacrifièrent à la nouvelle maison de S
t
Denis. Voilà ma triste histoire »… Le Roi lui a conservé
sa pension, et elle vit « paisible et solitaire à Mantes ». Sa chère élève devra elle aussi « suporter des peines et des injustices » ;
elle-même a été calomniée dans « un infâme libelle » par un misérable, mais a été défendue au tribunal par le comte de Lally et
l’avocat du Roi…
Ancienne collection Patrice H
ENNESSY
(6-7 mai 1958, n° 105).
429.
Charlotte, princesse de ROHAN
(1767-1841) fille du prince de Rohan-Rochefort, compagne du duc d’Enghien
auprès de qui il vivait à Ettenheim (Bade) lors de son enlèvement.
13 lettres autographes dont 6 signées « La P
esse
Charlotte » ou « La P
esse
Charlotte de Rohan » (parfois en tête), au Val
sous Meudon et Paris 1816-1819, à M. F
OUCHER
, notaire à Paris ; 26 pages in-4 ou in-8, quelques adresses. 600/800
C
ORRESPONDANCE
CONCERNANT
LA
SUCCESSION
DU
PRINCE
DE
L
ORRAINE
.
10 janvier
1816
. Elle demande si le Domaine a restitué les papiers du prince de L
ORRAINE
; peut-être faudra-t-il voir M. de
C
HABROL
[le préfet de la Seine] « pour activer la chose »…
13 janvier
. Elle écrira à M. Barrairon à propos des papiers du prince…
24 avril [
1817
]
. Instructions en vue de conclure un « arrangement conditionnel »…
14 mai
. Elle a parcouru le paquet reçu du
ministre des Finances « avec le regret de n’y trouver aucuns des noms qu’elle s’était flattée d’y rencontrer. Celui de M
r
Accoiyer la
surprend, […] il lui avait positivement dit ne point s’être fait liquidé… à moins que ce ne soit un objet étranger à sa créance sur la
P
esse
de Lorraine »…
7 mai
. Rendez-vous au sujet de M. de C
HEVREUSE
: ce créancier « parle de billets que nous avions ignorés »…
18
octobre
. Demande d’avis sur M. Riccard ; qu’il donne au prince les détails de la vente…
4 novembre
. Ordre d’envoyer 5050 francs
à des banquiers qui en transmettront 5000 au prince de Lorraine… Détails sur ses finances désastreuses, et ce qu’elle sait de M.
Riccard…
8 novembre
. Le ministre des Finances « ne fait pas ce que nous voulions comme nous le voulions, mais le résultat me
paraît devoir être le même. M
r
Didelot me donnerait sa manufacture […]. J’aimerais mille fois mieux acheter quelques pièces de
terres dans les environs »…
4 août [
1818
]
. Réponse à la proposition de dédommager Mme de Lorraine du douaire…
12 juillet [
1819
]
.
À propos du transport d’une créance du prince de Lorraine, et d’une pétition dont le préfet a promis de s’occuper : « plusieurs des
possesseurs actuels offriront de rendre aussitôt que les droits du P
ce
auront été reconnus »…
30 juillet
. Mme de V
AUDÉMONT
est
furieuse que l’affaire ne soit jugée qu’après les vacances : le retard serait « uniquement dans l’intéret des acquereurs »…
2 décembre
.
M. de M
ONTMORENCY
lui a parlé du procès qui allait commencer et de son désir d’un accomodement des créanciers : « le sacrifice
que chacun ferait n’équivaudrait pas encore aux frais d’avoués, d’avocats &c. […] j’aimerais mieux cette attitude pour M
r
de
Lorraine que celle de soutenir un procès contre les créanciers de sa mère pour être payé de préférence… mais […] je craindrais que
M
de
de Vaudémont ne voulut pas s’y prêter »… Etc.
O
N
JOINT
un dossier de 16 lettres ou pièces, dont 12 lettres d’un homme d’affaires de la princesse à l’homme de loi A
CCOYER
, un
brouillon de procuration donnée à la princesse Charlotte de Rohan concernant le prince de L
AMBESC
(1816), une lettre adressée à
la princesse par le comte de G
OYON
(1817), et deux généalogies manuscrites de la famille de F
OLLIOT
.
430.
Louise de C
ROŸ
D
’H
AVRÉ
, duchesse de TOURZEL
(1749-1832) gouvernante des Enfants de France, elle participa
à la fuite de Varennes.
Lettre autographe signée « Croÿ de Tourzel », 6 février 1820, à la comtesse G
OLOVINE
, née Galitzin, à Montpellier ;
2 pages in-4, adresse avec cachet de cire rouge.
300/400
Félicitations pour l’accouchement de sa fille : « J’ai senti le poids énorme qui pesoit sur votre pauvre cœur ; et l’extrême
consolation que vous aviez eprouvée en la sachant sous ce rapport complettement heureuse ; car elle est loin de l’être, éloignée
de vous, dans un moment où ses soins vous seroient si doux à recevoir »… Elle est affligée de la savoir toujours aussi souffrante :
« Je suis bien sûre que vous trouverez de la consolation dans vos principes, et que celui qui vous afflige ne vous abandonne pas »…
Elle est contente de la savoir en bonne compagnie, avec son neveu et Mme R
IVIÈRE
… Sa fille Pauline est un peu moins maigre
depuis quelques semaines… « Notre chère princesse [M
ADAME
R
OYALE
, duchesse d’A
NGOULÊME
] se ménage davantage, et chacun
veut qu’elle soit grosse. Je n’en crois malheureusement rien, ni elle non plus. Dieu lui refuse en ce moment tous les genres de
consolation qu’elle pourroit espérer. […] Elle est toujours aussi bonne et courageuse. Elle met son bonheur à consoler les affligés,
et se refuse tout, pour exercer une bienfaisance qu’on peut dire sans bornes »… Elle termine en lui donnant des nouvelles de ses
autres filles…
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