ADER. Paris. Femmes de lettres et manuscrits autographes - page 375

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711.
Yvonne W
IGNIOLLE
, dite Yvonne PRINTEMPS
(1894-1977) actrice et chanteuse, seconde épouse de Sacha Guitry
dont elle divorça, puis compagne de Pierre Fresnay.
Lettre autographe signée « Yvonne Printemps », [Paris 1937], à Albert W
ILLEMETZ
; 2 pages et demie in-4 à son adresse
108, Boulevard Suchet
.
400/500
A
U
SUJET
DE
L
OPÉRETTE
T
ROIS
V
ALSES
D
’O
SCAR
S
TRAUS
, dont elle fut l’inoubliable interprète dans l’adaptation française de 1937
par Léopold Marchand et Albert Willemetz et dans le film de Ludwig Berger en 1938.
La lettre d’Albert l’a mise en colère, « parce qu’elle est à côté de la question » ; elle a attendu pour lui répondre calmement.
« À quoi bon invoquer tout à coup notre amitié après avoir adopté pendant un an une attitude qui n’a cessé de la démentir. Pour
moi l’amitié ce n’est pas des mots – c’est une façon de sentir et d’agir : ça ne s’écrit pas – ça s’éprouve. Pourquoi m’écrire avec
une affectation de générosité – comme si je vous avais exprimé le désir que vous me rendiez les
Trois Valses
. Il n’y a rien de tel.
Marchand, Strauss, Royalty me supplient de ne pas abandonner cette opérette après l’avoir apportée à Paris et en avoir fait le
succès. C’est à eux et à vous que je continuerais à rendre service en acceptant d’en assurer l’exploitation. Je ne vois absolument pas
ce qu’une conversation entre vous et moi apporterait d’heureux actuellement ». Elle lui demande de régler la question du contrat
des
Trois Valses
et d’accorder ses actes à ses protestations d’amitié : « J’ignore ce que l’avenir nous réserve mais je suis sûre que
notre amitié est inconciliable avec votre attitude actuelle. »
Les Neuf Muses, 2005
.
712.
Émilie B
OUCHAUD
, dite POLAIRE
(1887-1939) actrice et chanteuse, amie de Colette.
Lettre autographe signée « Polaire », Champigny-sur-Marne 10 septembre 1939 « année maudite », à un « cher grand
ami » [Sacha G
UITRY
?] ; 5 pages in-8 (qqs petites fentes).
400/500
L
ETTRE
PATHÉTIQUE
ÉCRITE QUATRE
SEMAINES
AVANT
SA MORT
.
Il n’y a qu’à elle que l’inimaginable puisse arriver. Mardi matin, quand l’hôtel l’a pour ainsi dire jetée dehors, elle est restée
sur le trottoir avec ses paquets et son petit chien, à attendre Mlle de Montcarville, « qui venait pour la dernière fois m’aider car
la pauvre petite et ses parents étaient réquisitionnés par la compagnie du gaz de province […], c’est le plus terrible pour moi car
dans sa pauvreté elle m’aidait de son moral de sa présence »… Cependant Mlle de Montcarville est arrivée avec un brave type
qui l’a emmenée dans une auberge à Champigny. Mais dès leur arrivée, « voilà que l’on vient par commandement prendre cette
auberge pour les soldats et en faire un poste de secours. Il fallait donc me mettre dehors pas d’autres endroits où aller ? Tous ces
soldats me regardaient comme une bête curieuse. Je pleurais j’étais dans un tel état maladif que j’ai cru mourir sur place puis un
revirement s’est fait plusieurs parmi les moins jeunes m’ont reconnue ils ont eu pitié. Surtout, j’ai confié à l’un d’eux que j’étais
sans ressources »… On lui a laissé sa petite chambre. « Alors, mon cher gentil ami, vous voyez votre pauvre petite Polaire toute seule
dans une maison pleine de soldats. Oh ! ils m’ont dit s’il y a l’alerte on vous préviendra et on vous protégera tant qu’on pourra
mais, ne croyez-vous pas mon ami que c’est affreux j’ai tant pleuré je pleure tant que je ne vois plus mes yeux »… Elle voudrait le
savoir en sûreté : « cette guerre est sournoise on ne sait rien […] Qui va me sortir de là ? Personne vous connaissez leur cœur. Dieu
devrait me laisser m’endormir et ne plus me réveiller »…
Librairie Les Autographes, 2005
.
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