ADER. Paris. Femmes de lettres et manuscrits autographes - page 385

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733.
ÉLISABETH DE ROUMANIE
(1843-1916) Reine de Roumanie ;
née Élisabeth de Wied, elle épousa (1869) le futur Roi Carol I
er
de
Roumanie (1839-1914) ; femme de lettres en roumain, en français,
en anglais et en allemand sous le pseudonyme de C
ARMEN
S
YLVA
.
P
OÈME
autographe signé « Elisabeth »,
À l’Athénée de Forcalquier
,
Sestri Ponente 13 avril 1883 ; 3 pages in-4 à son chiffre couronné.
300/400
Belle pièce de six quatrains.
« Une brise affectueuse
Vint effleurer mon cœur,
Une chanson amoureuse,
Volant de fleur en fleur, […]
À moi les Troubadours !
Entends-tu bien, ma mie ?
Ce souffle c’est l’amour ! »
Vente 20 juin 2005
(n° 160).
734.
Léontine L
IPPMANN
, Mme Albert ARMAN DE CAILLAVET
(1844-1910) maîtresse et égérie d’Anatole France,
elle tint un important salon littéraire.
Lettre autographe, Samedi soir [18 août 1888 ?, à Anatole F
RANCE
] ; 6 pages in-8 sur papier gris.
700/800
B
ELLE
LETTRE
D
AMOUR
PASSIONNÉE
À
A
NATOLE
F
RANCE
, dans laquelle se retrouve l’inspiration du roman qu’Anatole France tira de
leur liaison brûlante et tourmentée,
Le Lys rouge
(Calmann-Lévy 1894). [La lettre suit de peu des indiscrétions sur leur liaison
colportées par Line de N
ITTIS
.]
« Mon bien aimé, tu me désespères, tu me brises le cœur. La cause de tes souffrances est comme la lueur de ces étoiles mortes
depuis longtemps dont tu me parlais l’autre jour. Et cependant je comprends que tu souffres, puisque je souffre moi-même. Et
pour ma souffrance, tu n’as que mépris et colère, tu sens que le souvenir qui me hante et me torture quelquefois, que la misérable
jalousie dont j’ai pu être atteinte, n’est pas digne de vivre un instant seulement en face du rayonnement et dans la gloire de notre
amour. [...] Oh toi mon amour, toi mon beau rêve réalisé, ne
souffre pas et ne me fais pas souffrir ! Mais rien au monde
n’est resté debout, rien n’existe sous la face des cieux, rien que
toi et moi. Le reste est apparence et illusion vaine. Et ce passé,
ce passé dont tu fais ton supplice mon adoré, il n’est plus qu’en
toi, je n’ai gardé aucune trace de ce qui fût, je ne vis qu’en
toi et par toi, tu me caches l’univers. Mon âme n’est qu’un
miroir qui reflète ton image. Ah ta lettre est cruelle, infiniment
cruelle [...] Ah mon ami, mon unique ami, ne me donne pas
le désespoir de ne pouvoir que te torturer. Désire moi, tu le
peux, tu en as le droit, ne t’eussé-je appartenu qu’une heure,
cette heure a tout noyé, tout effacé, elle s’est levée dans ma
vie comme le soleil qui éteint toutes les lueurs »... Avant lui
sa vie était vide : « il n’y avait qu’un besoin immense, qu’un
désir fou, le désir de toi. De toi qui ne me connaissais pas,
mais que je pressentais. Crois moi, crois moi, ce que je t’écris
là c’est avec le plus profond de moi-même, c’est le cri de mon
être qui va à toi. [...] je suis une malheureuse, j’empoisonne
tout, je flétris tout autour de toi. Pardonne moi je t’en supplie.
Et laisse moi espérer que tu voudras encore de moi quand je
vais revenir dans bien peu de jours. Je le sais, je le sais, je suis
sûre que nous serons encore follement heureux, mais que de
souffrances endurées, quelle horrible absence ! »... Il semblerait
que « l’affreuse Line », Mme Alexandre Dumas fils, et son fils
Gaston aient bavardé, et que par des rumeurs, leur liaison ait
été révélée. Elle s’inquiète de l’avenir et recommande à France
de traiter son mari avec « beaucoup de patience et de douceur.
[...] Tu as tant de tact et de souplesse et je serais si désolée que
vos rapports ne fussent pas très bons. Il suffit d’un mot, d’une
flatterie déguisée pour le mener par le bout du nez »...
Publiée (incomplètement) par Jacques Suffel : Anatole France
et Madame de Caillavet,
Lettres intimes
(1984, n° 52, p. 72).
Ancienne collection Alfred D
UPONT
(V, 3 juin 1977, n° 71).
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