ADER. Paris. Femmes de lettres et manuscrits autographes - page 376

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713.
Lucie M
ONCEAU
, dite Marguerite MORENO
(1871-1948) actrice de théâtre et de cinéma, elle fut l’épouse de
Marcel Schwob.
Lettre autographe signée « Marguerite Moreno »,
Touzac (Lot)
8 novembre 1944, à Pierre [B
RISSON
] ; 4 pages petit in-4
à son adresse
Moulin de la Source bleue, Touzac
.
400/500
I
NTÉRESSANTE
LETTRE
SUR
SA
VIE
PENDANT
L
’O
CCUPATION
,
ET
LES
HORREURS
DE
LA
G
ESTAPO
.
Elle évoque « les atrocités commises par ici. Des villages brûlés, avec leurs habitants, bien entendu, des femmes pendues, des
enfants cloués sur des portes, enfin, tout ce que nous ne pourrions pas croire si on ne l’avait vu. […] Pierre M
ORENO
[son cousin,
également acteur] a passé trois mois et demi dans une prison, au secret et mourant de faim. La Gestapo l’a arrêté comme chef de la
résistance. Sa libération est un miracle. Il est d’ailleurs sorti à temps de cet enfer, un peu plus, il y restait, il était méconnaissable.
Les Allemands ne m’ont pas emprisonnée, ils se sont contentés de me tenir deux jours sous la menace du revolver et de la
mitraillette, “pour me faire parler” »... Elle dit son admiration pour la conduite de Brisson : « Je suis heureuse de savoir que, enfin,
tu as vaincu les haines, les bêtises, l’envie, et que tu as et auras la place que tu mérites : celle d’un conducteur d’âmes ». Elle se
sent désormais une « vieille dame, rhumatisante et abrutie » : « mes “années de campagne” ont compté double »... Elle a plusieurs
fois tenté de lui faire parvenir des lettres par l’intermédiaire de sa mère, sans succès. Elle compte se rendre à Paris si elle trouve à
se loger et espère l’y retrouver... Il pleut depuis six semaines : « Je me sens devenir grenouille ! ». Pierre Moreno, devenu capitaine,
« a repris le maquis dès sa sortie de prison, s’est battu »...
O
N
JOINT
une autre l.a.s. à un ami : elle lui envoie des places de théâtre et le prie d’avertir Lucien D
ESCAVES
, qui « désirait venir
ou envoyer ses fils avec le vôtre »... (1 p. in-8 à en-tête
Théâtre Sarah Bernhardt
).
Traces écrites, 2010
.
Reproduction page 370
714.
Elvire POPESCO
(1896-1993) comédienne d’origine roumaine, et directrice de théâtre, elle épousa le comte
Maximilien Foy (1900-1967).
Lettre autographe signée « Elvire », Los Angeles [1946], à Jeanne W
ILLEMETZ
; 4 pages in-4.
150/200
Elle est chez Louis V
ERNEUIL
: « Il est bien malade. Je fais tout ce que je peux pour le ramener en France pour qu’il ne soit plus
seul ici. Et lui, de son côté, m’effraie du matin au soir avec les journaux pour ne plus rentrer en France. En ce qui concerne les
affaires, j’ai la malchance de jouer à cache-cache avec Gilbert M
ILLER
. [...] Je suis sûre que si je reste ici, je pourrai faire quelque
chose mais j’ai le cœur serré et je ne veux pas que les événements puissent me séparer des miens. Voyez-vous ma petite Jeanne le
travail de 25 ans m’a permis de me faire deux nids, pour être ici comme un oiseau sur la branche. La vie ici est merveilleuse mais
très dure. Les journaux nous bourrent trop le crâne en France, la preuve est que presque tous les acteurs français sont rentrés et
les quelques uns qui restent attendent les événements. Si j’étais venue il y a 6 ans cela aurait peut-être été plus facile. La saison
de théâtre est trop avancée mais je peux arranger quelque chose pour
Ma Cousine
et peut-être
Tovaritch
. [...] Ici il faut absolument
avoir un manager, toutes les vedettes en ont un. J’en ai trouvé un moi aussi qui peut me vendre à New York (si j’ose m’exprimer
ainsi... à mon âge, c’est du joli...) »... Elle en saura plus sur la suite des choses dans une quinzaine de jours...
715.
Madeleine RENAUD
(1900-1904) comédienne, épouse de Jean-Louis Barrault.
Lettre autographe signée « Madeleine Renaud », 6 novembre 1947, [à Henry B
ERNSTEIN
] ; 1 page et quart oblong in-4.
200/300
Elle le remercie pour son article consacré à Jean-Louis B
ARRAULT
: « J’ai été si sensible des termes avec lesquels vous me désignez
[...] que c’est moi qui veux prendre la plume pour vous remercier ! Et votre dernière phrase “ils ont donné leur amour à l’amour
du théâtre” est tellement ce que j’éprouve, ce que je désire, ce que j’espère, que c’est merveilleux à vous de l’avoir deviné ! »...
Jean-Louis et elle comptent sur sa présence à la représentation d’
Amphitryon
: « Cette œuvre est d’une difficulté insoupçonnée !! Je
vous embrasse très tendrement, et en me souvenant de
Mélo
, de
Félix
, du
Messager
, du
Secret
que j’ai eu le bonheur d’interpréter ».
716.
Édith G
ASSION
, dite Édith PIAF
(1915-1963) chanteuse.
Lettre autographe signée « Edith », New York 28 octobre 1948, à « Mon Serge » ; 2 pages in-8.
600/800
P
ENDANT
SA
TOURNÉE
TRIOMPHALE
À
N
EW
Y
ORK
,
SUR
SES
PROJETS
FUTURS
.
« Pour la pièce de Marcel A
CHARD
[
La P’tite Lili
] cela s’est fait un peu comme si nous comptions dessus sans y compter ; d’abord
cela faisait plusieurs mois que nous en parlions sans qu’il n’y ait rien de définitif, et puis au cours d’un diner cela s’est précisé tout
d’un coup comme d’ailleurs se font toutes ces choses là ! Mais cela ne m’empêche pas d’envisager
Cendrillon
pour l’avenir »... Elle
pense passer les fêtes à Paris et espère y voir Serge, « car j’ai des tas d’idées et voudrais en bavarder avec toi ! Je suis toujours très
contente de mon séjour ici et que de choses nouvelles on peut apprendre ! »...
Reproduction page 371
717.
Édouardine Verthuy, dite Denise GREY
(1896-1996) comédienne.
Lettre autographe signée « Denise Grey », [1951], à Albert W
ILLEMETZ
; 2 pages et demie in-8.
100/150
« Je vous adresse la pièce anglaise il y a matière à faire une adaptation très amusante, les personnages sont amusants, mais c’est
comme lorsque j’ai lu les
Enfants d’Édouard
en anglais ce n’était qu’un canevas sur lequel Sauvageon [Marc-Gilbert S
AUVAJON
] a fait
une charmante tapisserie. Pensez à écrire à B
IRABEAU
[auteur de
Manouche
, créé aux Bouffes-Parisiens le 15 septembre 1951] ; si au
moment où Raphaël et Julien sortent il écrivait une scène où mari et femme peuvent se dire tout ce qu’il y a à dire pour éclairer
le public sans tierce personne, ce serait cent fois mieux et que cette solution du mariage avec Raphaël soit prise d’un commun
accord même si cette scène devait pendant quelques répliques prendre un côté plus sérieux, cela ne serait pas gênant puisque le
côté comique rebondirait de suite lorsque j’appellerais Raphaël pour lui dire que je l’épouse. [...] Si l’opérette ne coûtait pas si cher,
j’ai l’impression qu’une reprise d’
Afgar
[d’André B
ARDE
] avec le livret un peu modernisé devrait amuser le public »...
Les Neuf Muses, 2005
.
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