ADER. Paris. Femmes de lettres et manuscrits autographes - page 399

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758.
Lucie DELARUE-MARDRUS
(1880-1945) poétesse.
P
OÈME
autographe signé,
La Ferme vide
; 2 pages et demie in-fol. 200/250
B
EAU
POÈME
de treize quatrains :
« Assise toute seule à l’angle du vieux mur
De cette ferme ouverte et pour un moment vide,
Je sentais le repos combler mon être avide
Car j’étais arrivée ici dans l’abri sûr »...
Librairie Les Autographes, 2006
.
759.
Juliette L
AMBER
, Mme Edmond ADAM, dite Juliette ADAM
(1836-1936) femme
de lettres et mémorialiste, directrice influente de la
Nouvelle Revue
.
Lettre autographe signée « Juliette Adam », Callian (Var) [1925, à une sœur du général M
ANGIN
] ; 4 pages in-8.
400/500
I
NTÉRESSANTE
LETTRE
SUR
R
ICHARD
W
AGNER
.
« Je ne veux pas que la sœur d’un héros et une femme de votre valeur morale, me juge une française ingrate. J’ai pleuré, j’ai parlé,
j’ai écrit lors de la monstrueuse ingratitude de nos gouvernements envers un héros. L’un de mes fils de choix le général N
IVELLE
,
sait, depuis la vieille affaire D
REYFUS
, quelle amie je suis »… Au mariage de la fille du général Nivelle, placée auprès du général
Mangin, elle lui reprocha d’avoir fait jouer W
AGNER
dans les pays occupés. « Voici le droit que j’avais à ce reproche : amie de Litz,
de Hans de Bulow, de la Ctesse d’Agoult, mère de Mme de Bulow, émue par eux de la pauvreté de Wagner à Paris, j’ai, à l’aide
de l’affection de B
ERLIOZ
pour moi, organisé un concert aux Italiens, au bénéfice de Wagner qui y a donné les grands morceaux de
Rienzi
»… Elle a porté plusieurs milliers de francs à Wagner dans une pauvre chambre de la rue Taitbout… « Wagner est revenu à
Paris avec le
Tahnauser
. Et, sans une carte, sans un souvenir à Mme d’Agoult, à Mme de Charnacé, à moi, qui étions républicaines
et les ennemies de l’empire passionnément, il est allé à Mme de M
ETTERNICH
, laquelle, à l’aide d’une “discrétion” a obtenu de
Napoléon III que l’opéra joue immédiatement le
Tanhauser
. Nous l’avons fait tomber. Et Wagner, après le siège de Paris a fait sur
les femmes du dit siège une brochure dans laquelle il a essayé de nous déshonorer »… Elle a souffert de l’ingratitude de Wagner
pour Liszt, et « de son mot “je ne fais pas de la musique allemande mais de la musique prussienne” ». Elle peut donc, « malgré
mon
culte
pour le général Mangin et ma reconnaissance sans limite de vaincue de 1870, lui avoir reproché d’avoir fait jouer en
Allemagne du Wagner »…
Vente 6-7 mars 2007
(n° 66).
760.
Virginia WOOLF
(1882-1941) romancière anglaise.
Lettre signée « Virginia Woolf », Londres 19 novembre 1926, à sa traductrice Mlle L
ICHNEROWICZ
; 1 page et demie
in-4 dactyl. ; en anglais.
1 000/1 200
Elle est contente d’apprendre qu’elle a eu des résultats encourageants concernant
Jacob’s Room
[
La Chambre de Jacob
] ; elle se
fait un plaisir de lire sa traduction. Elle en a envoyé un exemplaire à la
Nouvelle Revue
et espère que la traduction y paraîtra… Elle
suggère d’y envoyer aussi celle de
Mrs. Dalloway
. En ce qui concerne son nouveau livre, qu’elle pense appeler
To the Lighthouse
[
La Promenade au phare
], elle sera heureuse de lui en donner les droits de traduction, aux mêmes conditions que celles des autres
livres, mais signale qu’un chapitre paraîtra en janvier dans
Commerce
. Elle fait la dernière révision du livre, qu’elle espère publier
en avril ou mai. C’est à peu près de la même longueur que
Mrs. Dalloway
. Elle craint que la première partie ne soit achevée qu’en
janvier… Elle regrette d’avoir manqué André M
AUROIS
à Londres ; elle sera très curieuse de lire son introduction à
Jacob’s Room
;
elle lui sait gré de la peine qu’il a prise pour faire connaître son œuvre…
Librairie Les Autographes, 2008
.
761. [
Jean-Paul SARTRE
(1905-1980)].
Germaine MARRON
, étudiante.
6 lettres autographes signées « G. Marron » (sauf la dernière incomplète de la fin), [1927-1929], à Jean-Paul S
ARTRE
;
20 pages in-4, enveloppes (dont une annotée par Sartre).
1 500/2 000
C
ORRESPONDANCE
AMOUREUSE
D
UNE
JEUNE
ÉTUDIANTE
À
S
ARTRE
,
ALORS
ÂGÉ
DE
22
ANS
,
ET
ÉTUDIANT
À
L
’É
COLE
N
ORMALE
S
UPÉRIEURE
.
Ces lettres témoignent de la fascination qu’exerçait déjà le jeune homme.
Lundi matin [31 octobre
1927
]
. « Mon cher petit camarade, enfin je vais avoir votre photo. Elle arrivera juste à temps, car j’allais
vous oublier complètement, et c’aurait été un désastre ! […] Je lis N
IETZSCHE
, et je vous demanderai certainement des explications,
mais je crains qu’à ce rythme (une tous les 8 ou 10 jours) la lecture dure un peu longtemps. […] Mon cher amour vous me manquez
de plus en plus, ma pensée est vers vous tous les instants, et mes lettres ne sont que de pauvres petites choses ridicules, incapables
d’exprimer la moitié de ce que j’ai à vous dire. […] Je vous aime et ne saurai rien vous dire en dehors de cela »…
[21 novembre].
« Dimanche matin encore très lasse d’avoir dansé j’ai couru à la boîte aux lettres et j’ai reçu en pleine figure un tas de choses
désagréables et imméritées. Si vous recommenciez je vous enverrais une simple carte de visite adressée à
Monsieur Sartre
et ce
serait bien fait pour vous. […] Je suis heureuse de vous revoir bientôt, du reste aujourd’hui je suis heureuse de tout, c’est peut-être
à cause d’un soleil merveilleux que j’ai admiré longuement ce matin. Je vous aime (je m’étais juré de ne pas vous le dire dans cette
lettre) parce que je vous avais trouvé vraiment trop sale type. […] Je vous adore »…
Jeudi matin [19 janvier
1928
]
. « Mon cher amour,
je ne puis arriver à me consoler d’avoir été aussi stupide, pendant quelques jours,
en tout
, en ce qui vous concerne, si je ne l’avais
pas su, j’en aurais été bien persuadée après la lecture de votre lettre, où tout au long vous me traitez d’imbécile, c’est très juste mais
j’en suis restée accablée pour longtemps […] J’avais pris la résolution de ne plus vous écrire. […] Je n’aime pas et trouve assez faux
le système des lettres, mais comme c’est le seul moyen possible pour rester en relation je suis bien forcée de m’y soumettre […].
C’est idiot, mais votre dernière lettre, par sa justesse m’a fait perdre la confiance que j’avais en moi. Je vous aime et ne me grondez
… /…
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