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135.
Gérard de NERVAL
(1808-1855). L.A.S. « Gérard », Stuttgard ce 11 juin [1854], au Docteur Émile B
lanche
 ; 3 pages
in-8 (l’encre des deux premières pages est un peu pâle).
7.000/8.000
B
elle
lettre
du
voyage
en
A
llemagne
à
son médecin
.
Il lui avait peut-être trop écrit au début de son voyage, et espère qu’il n’en a pas pris ombrage. « Maintenant je me sens
bien ; j’avais passé encore par bien des phases de rêverie. N’aviez-vous pas prévu encore des imprudences, des erreurs de régime ?
Maintenant et depuis cinq à six jours à peu près, je vais tout à fait bien. Ce sont les sociétés nombreuses que je dois éviter surtout.
Certes, vous ne m’auriez pas laissé partir, si vous n’aviez pensé comme mes amis que le mouvement, l’étude divisée et l’aspect de
tant de beaux pays me remettraient tout à fait ; je me sens plein de force et de bonne volonté »...
Il est à Bruchsal et se dirige vers Stuttgart. « J’ai séjourné cinq jours à Carlsruhe qui est un centre de littérature et d’art
germanique qu’il ne faut pas trop dédaigner. Pour moi, c’était un repos comme le dit son nom et j’y ai beaucoup travaillé à ma
manière, m’interrompant pour voir le musée, le théâtre et même les curiosités de la foire »… On lui a conseillé d’aller à Ratisbonne
et Nuremberg. Le livre pour Du Camp [
Aurélia
] « avance beaucoup, ce qui ne m’empêche pas d’avoir recueilli beaucoup de choses
pour les articles que je dois à d’autres » ; mais il doit corriger « d’après l’ensemble ».
Il s’interroge sur l’itinéraire et l’organisation de son retour. Il n’a pas trop dépensé. « Je sens que je ne puis plus à mon âge
voyager avec la même imprévoyance qu’autrefois et j’ai reçu chez vous pour ma conduite des leçons dont j’essaie de profiter ». Il
charge Blanche de saluer son entourage. « Je tacherai de reparaitre plus digne des soins que vous avez pris de moi. Si l’on me trouve
toujours un peu fou que ce soit de la façon qui convient à un poète »... Il espère que Blanche excusera son « caractère décidément
fantasque »...
Il donne ses impressions sur Stuttgart : « Tout ici a une physionomie bourgeoise et bienveillante, tandis que dans le Duché
de Bade, il n’y a pas de milieu entre le grand luxe et la trop grande simplicité. Ce qui m’étonne et m’instruit c’est de voir la vie
si régulière dans les deux pays malgré ces différences. Si l’on peut apprendre encore quelque chose à mon âge, j’aurai reçu ici de
bonnes leçons aussi j’arrive déjà à n’étonner personne, ce qui est beaucoup de gagné »...
Œuvres complètes
(éd. J. Guillaume et Cl. Pichois), Bibl. de la Pléiade, t. III, p. 861.
Anciennes collections Arsène et Henry H
oussaye
 ; Jules M
arsan
(n° 91) ; puis Daniel S
ickles
(XII, 4992).