Page 65 - cat-vent_ader21-02-2013-cat

Version HTML de base

63
136.
Charles NODIER
(1780-1844). L.A.S., Paris 16 janvier 1831, au poète Charles-Julien de C
hênedollé
à Chênedollé ;
1 page et demie in-4, adresse.
500/700
B
elle
lettre
. Nodier regrette qu’ils n’aient pas conversé lors de la dernière soirée passée ensemble. Quant aux « babioles » que
désire Chênedollé, « ces recherches ne vont pas à ma solitude que je circonscris de plus en plus entre mon grabat et mes tisons.
J’ai donc remis ce soin à ma fille, la grande maréchale de mon modeste palais, et comme les femmes ne vous oublient pas plus
que les hommes, vous aurez bientôt de ses nouvelles, si elle ne s’est saisie par avancement d’hoirie du seul héritage que j’aie à lui
laisser, la paresse paternelle. [...] Je me repose tant que je peux du passé et du présent, en attendant le repos infaillible de l’avenir
qu’aucune puissance humaine ne sauroit me disputer. J’écris au coin de mon feu pendant le jour, pour me tenir éveillé, les contes
de fées que je compose pendant la nuit pour m’endormir ; et je trouve en me couchant que j’ai vécu un jour de plus, ce qui est
une grande conquête sur le temps »... Il prie Chênedollé de lui envoyer « quelques-uns des vers que vous n’avez pas publiés. Vous
savez que j’ai un reste d’âme pour les sentir, et un cœur presque tout vivant encore, pour aimer ce qui vient de vous. L’entretien
des muses a d’ailleurs cela d’excellent qu’il fait oublier qu’on existe autrement que par les rapports communs de l’homme qui ne
sont qu’infirmité et misère »… etc.
Ancienne collection Daniel S
ickles
(XVI, 7027).
137.
Charles NODIER
(1780-1844). L.A.S., [fin août 1833, à Amédée P
ichot
, directeur de la
Revue de Paris
] ; 1 page obl.
in-4.
400/500
À
propos
de
deux
contes
publiés dans la
Revue de Paris
, les 18 août et 3 novembre 1833
.
Il est heureux de savoir qu’il a été « content de mon fatras d’
Hurlubleu
. Je l’avois un peu écrit dans votre intention.
L’inconvénient de cette espèce de satyre est d’être essentiellement pédantesque, et je n’en excepte pas
Micromégas
, l’éternel
modèle du genre. Il est défendu de se moquer des savants si moquables sans étaler du savoir. C’est un inconvénient auquel on ne
peut pourvoir que par la forme, et je ne l’ai peut-être pas. Ce que j’ai vu de comique dans ma petite œuvre, c’est l’opposition d’un
savoir imparfait à une crédulité niaise et douteuse qui, entre nous, représente le public. Mais l’histoire tournoit court, parce que la
dimension du journal me gênoit. La contre-partie, c’est l’opposition du savoir expérimental avec la simple science des faits acquis,
et de la théorie avec la réalité. En
romanisant
et surtout en
actualisant
le sujet, je me suis flatté de le rendre plus intelligible et
plus vivant. Y ai-je réussi ?... Cette seconde partie est intitulée :
Léviathan, archikan des Patagons, ou la Perfectibilité, pour faire
suite à Hurlubleu, histoire progressive
. Ici après dix mille ans de sommeil, c’est le philosophe qui est un ignorant auprès d’un niais.
Voilà toute la combinaison. Elle est heureuse, sans doute, mais je crains de n’en avoir pas tiré grand parti. Cela ne sera pas jugé
demain »…
138.
peintres
. 4 L.A.S. dont une avec
dessins
.
300/400
Joseph-Désiré C
ourt
(1830, sur son tableau
La Mort de César
), Eustache-Hyacinthe L
anglois
(Rouen 1834, à l’avocat Eugène
Thomas), Paul L
anglois
et Paul H
ouette
(à Mme Frédéric Lami, jolie lettre entièrement illustrée de dessins aquarellés, avec
enveloppe couverte d’un dessin à la plume), Jacques V
illon
.
Reproduction page 65
139.
Silvio PELLICO
(1789-1854). L.A.S., Turin 4 février 1842, au comte Amand de B
ranges
, à Paris ; 3 pages in-4,
adresse (petits trous par bris de cachet et corrosion d’encre avec qqs taches).
1.000/1.200
L
ongue
lettre de
l
auteur de
M
es
prisons
au
sujet d
’É
liphas
L
évi
(
l
abbé
C
onstant
),
détenu dans
la
prison de
S
ainte
-P
élagie
à
la
suite
de
la
saisie
de
sa
B
ible
de
la
L
iberté
.
L’âme de l’abbé Constant a beaucoup erré, et Pellico espère sa rétraction et prie pour sa conversion : « Il ne saura être long-tems
la dupe des sophismes de l’irréligion, il se mettra au-dessus des vains déclamateurs du monde ; il sentira que la croyance catholique
avec ses vénérables mystères est cent fois plus claire, plus logique que toute prétendue philosophie, car nulle philosophie n’est
forte de logique, libre d’inconséquences et d’obscurités »... Ce sont des mystères sans consolation, sans Dieu… « Je n’ai pas le
droit de prêcher, moi qui balançai si long-tems entre le scepticisme et la foi ; mais dites, je vous prie, à M
r
Constant que je n’ai
été étranger à aucune des hypothèses de la fausse philosophie ; j’ai étudié, j’ai comparé, j’ai appliqué toutes les facultés de mon
intelligence à approfondir les assertions de cette vaine sagesse si contradictoire et si multiple dans ses efforts impuissans. Toujours
le même résultat. Je m’indignais de ce vide pompeux ; chaque système m’attristait, m’inspirait du mépris ; et les beautés divines
de notre religion étaient là devant moi. Je les aimais sans les suivre. – Voilà pourquoi ma faute est grande ! Ma pusillanimité et mes
inconséquences auraient peut-être duré toute ma vie, si Dieu ne s’était servi des événements pour m’arracher de la société pour
m’enterrer pendant dix ans dans la solitude ; – afin que dans les chaînes du corps, mon esprit devînt plus libre, plus déterminé à
sortir de l’esclavage des passions et des opinions. – Les croix que j’ai ne m’empêchent pas de sentir mon bonheur, car nul doute
en matière de foi ne pénètre plus dans mon âme »…
Reproduction page 65