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Jacques-Emile Blanche (1861-1942)
Portrait de la cantatrice Marya Freund et de ses enfants
Stefan Freund, et le futur Doda Conrad
, 1913.
Huile sur toile (toile d'origine).
Signé et daté 1913 en bas à gauche.
H_101 cm L_80 cm
30 000 / 40 000
€
Il est rare qu’un seul portrait réunisse deux générations
de grands artistes. C’est pourtant le cas de ce tableau aux
multiples facettes. Au centre de la scène, la cantatrice Marya
Freund. Célébrité du monde musical, interprète des plus
grands compositeurs de l’avant et après 14, particulièrement
remarquée à l’avant garde intellectuelle de l’époque, elle voue
notamment son talent à Arnold Schoenberg et Gustav Mahler.
Du premier, elle sera l’interprète attitrée du célèbre Pierrot lunaire
après l’avoir créé à Paris sous la direction de Darius Milhaud et
sera de la création des Gurrelieder en 1913. Du second, on se
souvient de sa contribution aux
Kindertotenlieder.
Elle est donc représentée ici en pleine gloire. Sa voix s’associe
également aux noms de la plupart des grands compositeurs
de l’époque : en particulier Ravel, Fauré, Debussy, Poulenc
pour les Français, mais encore Stravinski ou Szymanovski.
Née en Pologne, à Breslau, en 1876, Marya Freund mourut à
Paris en 1966, naturalisée française.
Son fils Doda (1905-1997), autre célébrité de son temps,
est représenté sur sa gauche avec une allure de faune de
Fragonard. Né en 1905 et représenté donc ici à l’âge de 8 ans,
il connaîtra un destin des plus singuliers. Archétype de l’enfant
surdoué, capable de tout, il fera tout d’abord le choix d’une
carrière de peintre que Picasso encouragera. C’est ainsi que
de 1921 à 1926, il devient l’élève de Jacques Emile Blanche, le
portraitiste emblématique de la société intellectuelle de cette
époque. Ce tableau a été réalisé en 1913, mais il est demeuré
dans l’atelier de Blanche car Marya Freund ne l’aimait pas.
Puis elle se ravisa, en comprit le sens et dès 1925 la toile,
restée longtemps non encadrée, fut enfin accrochée chez les
Freund. D’où sans doute ce cadre un peu court, qui cache une
partie de la dédicace et qui semble avoir été le seul, depuis
son adoption par les Freund.
Doda, cependant ne persévère pas dans son itinéraire de
peintre, et opte finalement, à l’instar de sa mère, pour la muse
Euterpe.
De 1928 à 1940, il passe sa vie sur les transatlantiques et
participe à des créations musicales comme baryton- basse à
partir de 1932. Son nom est resté attaché aux interprétations
des lieder de Frederic Chopin et de Franz Schubert. Il devint
l’ami intime de Toscanini, mais aussi d’Artur Schnabel, de
Wanda Landowska, des pianistes polonais Miecsyslaw
Horszowski et Arthur Rubinstein, de Leonard Bernstein, de
Nadia Boulanger, ou de la Princesse Edmond de Polignac (née
Winaretta Singer), célèbre mécène.
La deuxième guerre mondiale va le surprendre lors d’une
tournée internationale. Il se trouve aux îles de la Sonde,
lorsqu’elle est déclarée. Il ne peut pas revenir en France. Il
rallie alors San Francisco, au bout de six mois d’attente, puis
Washington. Il y est quasiment « adopté » par les Bliss, anciens
propriétaires de Dumbarton Oaks, qui venaient d’en faire don
à l’Université d’Harvard. Ils s’étaient connus à Paris lors du
long séjour des Bliss de 1912 à 1919.
Fut à la fois peintre, graveur et écrivain français. Ce fut un peintre autodidacte qui acquit une grande réputation de portraitiste.
Il fut l’ami des Surréalistes et des artistes « Dadas » parmi lesquels Jean Cocteau, dont la mère était très liée avec la famille Blanche.
Il a été élu membre de l’Académie des Beaux-Arts en 1935.
Jacques-Emile Blanche




