Background Image
Previous Page  55 / 134 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 55 / 134 Next Page
Page Background

54

26

Jacques-Emile Blanche (1861-1942)

Portrait de la cantatrice Marya Freund et de ses enfants

Stefan Freund, et le futur Doda Conrad

, 1913.

Huile sur toile (toile d'origine).

Signé et daté 1913 en bas à gauche.

H_101 cm L_80 cm

30 000 / 40 000

Il est rare qu’un seul portrait réunisse deux générations

de grands artistes. C’est pourtant le cas de ce tableau aux

multiples facettes. Au centre de la scène, la cantatrice Marya

Freund. Célébrité du monde musical, interprète des plus

grands compositeurs de l’avant et après 14, particulièrement

remarquée à l’avant garde intellectuelle de l’époque, elle voue

notamment son talent à Arnold Schoenberg et Gustav Mahler.

Du premier, elle sera l’interprète attitrée du célèbre Pierrot lunaire

après l’avoir créé à Paris sous la direction de Darius Milhaud et

sera de la création des Gurrelieder en 1913. Du second, on se

souvient de sa contribution aux

Kindertotenlieder.

Elle est donc représentée ici en pleine gloire. Sa voix s’associe

également aux noms de la plupart des grands compositeurs

de l’époque : en particulier Ravel, Fauré, Debussy, Poulenc

pour les Français, mais encore Stravinski ou Szymanovski.

Née en Pologne, à Breslau, en 1876, Marya Freund mourut à

Paris en 1966, naturalisée française.

Son fils Doda (1905-1997), autre célébrité de son temps,

est représenté sur sa gauche avec une allure de faune de

Fragonard. Né en 1905 et représenté donc ici à l’âge de 8 ans,

il connaîtra un destin des plus singuliers. Archétype de l’enfant

surdoué, capable de tout, il fera tout d’abord le choix d’une

carrière de peintre que Picasso encouragera. C’est ainsi que

de 1921 à 1926, il devient l’élève de Jacques Emile Blanche, le

portraitiste emblématique de la société intellectuelle de cette

époque. Ce tableau a été réalisé en 1913, mais il est demeuré

dans l’atelier de Blanche car Marya Freund ne l’aimait pas.

Puis elle se ravisa, en comprit le sens et dès 1925 la toile,

restée longtemps non encadrée, fut enfin accrochée chez les

Freund. D’où sans doute ce cadre un peu court, qui cache une

partie de la dédicace et qui semble avoir été le seul, depuis

son adoption par les Freund.

Doda, cependant ne persévère pas dans son itinéraire de

peintre, et opte finalement, à l’instar de sa mère, pour la muse

Euterpe.

De 1928 à 1940, il passe sa vie sur les transatlantiques et

participe à des créations musicales comme baryton- basse à

partir de 1932. Son nom est resté attaché aux interprétations

des lieder de Frederic Chopin et de Franz Schubert. Il devint

l’ami intime de Toscanini, mais aussi d’Artur Schnabel, de

Wanda Landowska, des pianistes polonais Miecsyslaw

Horszowski et Arthur Rubinstein, de Leonard Bernstein, de

Nadia Boulanger, ou de la Princesse Edmond de Polignac (née

Winaretta Singer), célèbre mécène.

La deuxième guerre mondiale va le surprendre lors d’une

tournée internationale. Il se trouve aux îles de la Sonde,

lorsqu’elle est déclarée. Il ne peut pas revenir en France. Il

rallie alors San Francisco, au bout de six mois d’attente, puis

Washington. Il y est quasiment « adopté » par les Bliss, anciens

propriétaires de Dumbarton Oaks, qui venaient d’en faire don

à l’Université d’Harvard. Ils s’étaient connus à Paris lors du

long séjour des Bliss de 1912 à 1919.

Fut à la fois peintre, graveur et écrivain français. Ce fut un peintre autodidacte qui acquit une grande réputation de portraitiste.

Il fut l’ami des Surréalistes et des artistes « Dadas » parmi lesquels Jean Cocteau, dont la mère était très liée avec la famille Blanche.

Il a été élu membre de l’Académie des Beaux-Arts en 1935.

Jacques-Emile Blanche