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Guy Bechtel, docteur en histoire, homme de presse et
d’édition, à côté de travaux universitaires sur le Languedoc
méditerranéen au XVIII
e
siècle, a consacré plusieurs
ouvrages aux bouleversements et grandes peurs qui
marquèrent le passage du Moyen Âge aux Temps modernes :
Paracelse,
1970 ;
Histoire de la confession,
1995 ;
La Sorcière et l’occident,
1997 ; et plus encore à l’histoire
du livre à la même période, notamment avec son
Gutenberg
et l’invention de l’imprimerie,
1992 (couronné par
l’Académie française), et son énorme
Catalogue des
gothiques français,
2008 (voir ci-contre).
Aidé de son épouse Imogen Bechtel, non moins passionnée que lui par la bibliophilie, il
a dans sa vie constitué autour de ces thèmes deux bibliothèques distinctes. La première,
consacrée aux sciences occultes, notamment la sorcellerie et l’alchimie, comprenant tous
les grands ouvrages du genre, fut dispersée en trois jours à Drouot les 14, 15 et
16 novembre 1978 par Claude Guérin.
Les ouvrages de sa seconde bibliothèque aujourd’hui mise en vente - livres du XV
e
et
XVI
e
siècles, gothiques français et livres à figures -, portent tous son ex-libris avec la
légende un peu mystérieuse
In carcere meo liber.
Elle joue plaisamment sur le double sens
du mot latin
liber
signifiant aussi bien
livre
que
libre,
le tout voulant donc dire ou « le
livre dans ma prison » ou « libre dans ma prison ». Le premier sens s’applique sans doute
plutôt à sa première bibliothèque, où dans le monde de l’occultisme on se méfie
traditionnellement de l’écrit qui peut transmettre indûment la connaissance sacrée au
vulgaire. Le second sens montre davantage l’érudit qui naquit avec l’âge. Guy Bechtel,
maintenant âgé de plus de quatre-vingts ans, fuyant volontiers le monde, uniquement
préoccupé par l’étude, explique désormais son ex-libris par ce qui fut son dernier vœu :
son simple souci de vivre tranquille, retiré avec sa bibliothèque, « libre avec ses livres dans
sa cellule ».