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Incunables et Manuscrits

1 [ABUSÉ EN COURT (L')]. Labuze en court. S.l.n.d. [Paris, milieu du XX

e

siècle]. Manuscrit petit in-4

(205 x 160 mm), 16 feuillets non chiffrés, chagrin bordeaux, double filet à froid, dentelle intérieure dorée,

tranches dorées (

Ateliers Laurenchet

).

800/1 000

C

OPIE MANUSCRITE À L

'

ENCRE BRUNE

,

SUR PAPIER VERGÉ ANCIEN

, d'une partie de l'incunable imprimé à Lyon

vers 1485 (cf. Bechtel, A-23). Y sont notamment reproduits à main levée les 11 superbes bois qui ont assuré

la renommée de cette édition lyonnaise.

Composé de manière anonyme en vers et en prose,

L'Abusé en cour

est un roman satirique et moral

dépeignant les misères de la cour et se présente comme un dialogue entre Aristote et un vieillard réduit à la

mendicité sur le parvis d'une église. Ce livre moralisateur connut un grand succès à la fin du XV

e

siècle, mais,

au XVI

e

siècle, le goût des allégories se perdit. Rabelais se moqua de l'ouvrage et l'inscrivit dans le catalogue

imaginaire et grotesque de la bibliothèque Saint-Victor.

L'édition lyonnaise publiée vers 1485 est considérée comme l'un des plus beaux incunables français, à la fois

par sa qualité typographique et par son illustration.

La marque de l'Atelier à l'Arbre blessé figure sur le dernier feuillet, accompagné du numéro d’ordre

XVI

.

Légères rousseurs marginales.

L’Atelier à l’Arbre blessé

La pratique de la « copie figurée », c’est-à-dire la reproduction manuscrite de livres anciens, textes et gravures,

accompagna la naissance au XVIII

e

siècle de la bibliophilie classique. Elle serait due, dit-on, au grand libraire Chardin

qui l’aurait utilisée le premier pour parfaire sa collection d’éditions aldines :

la difficulté, disons même l’impossibilité

de se procurer quelques articles de ces précieuses éditions, lui avait donné l’idée de faire copier sur vélin celles qu’il

désirait avoir

(

Avertissement,

catalogue Chardin de 1824).

Quelques calligraphes ont laissé leur nom dans l’histoire de la bibliophilie, notamment Lesclabart et Fyot.

Lesclabart,

l’un des plus habiles et des plus célèbres calligraphes de l’Europe pour la contrefaction de toutes espèces

d’écriture, en caractère d’imprimerie, et pour l’imitation de toutes sortes de vignettes

(l’Almanach Dauphine, 1776)

exécuta pour les grands bibliophiles comme l’abbé Rive, Lair ou Pâris des copies figurées de livres xylographiques, le

Speculum humanae salvationis,

la

Biblia pauperum,

et même le

Tewrdannk

!

Plus nombreuses, quoique plus modestes, sont les réalisations, la plupart sur vélin, de Fyot, calligraphe de la fin du

XVIII

e

siècle

qui imitait dans une telle perfection les impressions et les vignettes anciennes, qu’il serait souvent difficile

de s’en apercevoir

(

Avertissement,

catalogue Chardin de 1824). Il travailla notamment pour le duc de Lavallière, Chardin

ou Méon, réalisant des copies d’opuscules rarissimes, et pour divers bibliophiles des feuillets destinés à la restauration

de volumes rares incomplets (cf. n°126 du catalogue).

Ces remarquables manuscrits furent depuis recherchés avec passion par les bibliophiles, tels Beckford, Duriez, Nodier,

Leber, Potier, Pichon, Moura, etc., qui s’enorgueillissaient d’en posséder. Charles Nodier, dans ses

Mélanges

(1829), nous

donne cette indication :

les belles copies figurées se sont vendues

[dans les ventes Chardin et Méon]

presque à l’égal

des volumes précieux qu’elles représentaient,

et il ajoute :

Fyot hélas, après avoir fait la fortune des libraires, est mort

de faim sur une poignée de paille

[en 1812].

S’inscrivant dans cette pratique, mais trahi par le manque de praticiens assez habiles aujourd’hui, Guy Bechtel se fit à

la fois le commanditaire et l’artisan de telles copies figurées, réalisées sur papier ancien par lui-même, ensuite avec

l’aide de divers parents ou amis, réunis dans l’

Atelier à l’Arbre blessé.

Les manuscrits portent tous la marque de l’Atelier

et parfois les initiales de leurs auteurs et toujours le numéro d’ordre de leur fabrication.

L’Atelier réalisa ainsi dans les années 1950-1980 une vingtaine de manuscrits, certains pour la bibliothèque des Sciences

occultes dispersée en 1978, parmi lesquels deux manuscrits du

Mutus liber.

Treize manuscrits, d’une grande habileté et d’une indéniable séduction, qui dépassent largement leur intérêt

documentaire, figurent dans la présente vente. Une liste détaillée en est donnée dans la table à la fin du catalogue.