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auteur du
Fumier des Lys
, raconte longuement son intérêt de longue date pour Louis XVII, et l’origine de son nouvel
ouvrage, subventionné par leur ami Otto
Friedrichs
 ; il croit que les Bourbons seront à jamais rejetés, et il déplore
que Foulon de Vaulx attende de lui « un livre à tendances politiques »…
23 mars
. Il le rassure : «
Le dernier petit-
fils vivant de Louis XVI
[Louis-Charles, « Charles XI » (1831-1899), fils de Naundorff]
sera respecté par moi
[…].
L’
unique
objet de mon livre sera de faire éclater la justice & la vérité »…
26 juin
(publ. dans
Mon Journal
)
: « Songez
[…] que je suis réellement le protagoniste perpétuel de toutes mes fictions littéraires ; que j’incarne exactement, au
prix de quelles douleurs ! tous les souffrants, tous les saignants, tous les désolés que j’ai tenté de faire vivre en leur
supposant mon âme. Cela d’une manière si complète, si absolue, qu’il me faudra nécessairement, dussé-je en mourir, me
transsubstantier
en Louis XVII pour arriver à le peindre »…
13 juillet
, invitation à « partager notre modeste déjeuner
de solitaires »…
16 juillet
(publ. dans
Mon Journal
). Il accuse réception des 500 francs envoyés « pour le service du
Prince déshérité, & par sympathie pour l’auteur non moins déshérité de la
Femme pauvre
 » ; cette somme est « une
délivrance » pour lui. Il parle longuement de ses misères et de ses souffrances, qui ont fait que « c’est précisément ce
fou, ce lépreux, ce solitaire, qu’il faut aujourd’hui pour plaiser l’impossible cause de Louis XVII »…
20 juillet
et
3
août
, à Mme Caroline
Barbey
(riche Suissesse qui finançait la cause naundorffiste), la remerciant de son aide et de son
soutien, et de l’envoi de volumes d’Agénor de
Gasparin
… « qui pourrait être mieux préparé que moi à raconter l’âme
grandiose & crucifiée de Louis XVII ? »…
7 août
(citée dans
Mon Journal
). Nouveaux détails sur sa détresse matérielle
et morale ; sa « situation d’écrivain est la plus exceptionnelle qui soit. C’est la lutte vraiment unique d’un homme seul
contre tout un monde. À force de livres puissants, triompherai-je à la fin de l’hostilité systématique d’une multitude
prostituée que condamne mon intransigeance ? »…
20 août
, à Caroline Barbey et à Foulon de Vaulx : « Étant, comme
vous avez pu le remarquer déjà, un indépendant, il me coûte peu d’avouer […] que j’espérerais bien vainement un
pareil secours de mes coreligionnaires »…
29 septembre
(citée dans
Mon Journal
)
: « 
Louis XVII
a été pour moi
l’occasion d’une grande anxiété de cœur & d’esprit. Vous savez que j’avais le projet d’un roman, cette forme littéraire
me paraissant être la plus artiste, la plus pénétrante. Mais je n’ai pas tardé à me trouver en présence des difficultés
inouïes d’une forme aussi périlleuse quand il s’agit d’un fait d’histoire […] qu’il importe tant de ne discréditer ou
d’affaiblir par aucun artifice d’imagination »…
23 décembre
. Il n’a pas avancé dans son livre : « Dès le lendemain
de votre visite, la misère la plus complète se déchaînait. […] Il faut pourtant que ce livre se fasse. […] je ne vois plus
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