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tient à vous éloigner de vos amis. Vous ne voyez pas que votre lettre extraordinaire vous est
dictée
par l’Ennemi »…
Bloy le supplie : « si vous n’avez pas pitié de vous-même, ayez pitié au moins de votre filleule »…
14 juin 1897
. Guérin
a dîné chez eux et a essayé de séduire Anna, « cette jeune fille très innocente qui nous a été confiée & dont nous
sommes responsables. Accueilli avec indignation et horreur, & craignant avec raison que ma femme & moi-même ne
vous reprochassions durement cette conduite inqualifiable, vous imaginâtes […] l’expédient horrible d’insinuer que
ma femme pourrait fort bien avoir perdu la raison […], pour ôter ainsi, d’avance, tout crédit à ses accusations ou à
ses reproches & me mettre moi-même en garde contre elle. […] Je vous abandonne à votre conscience, &
nous
vous
disons :
Adieu
en déplorant que la pauvre Véronique ait perdu un parrain que nous ne voudrions certes pas laisser une
minute seul avec elle »…
212.
Léon BLOY
. 7 L.A.S. « LB » (minutes), 1897-1898, à Louis
Leroy
(Alfred
Lemaître)
 ; 11 pages et demie
in‑8 ou in‑12, nombreuses ratures et corrections.
1.200/1.500
à
un lecteur qui s’est fait connaître après
L
a
F
emme
pauvre
. Ce lecteur de Compiègne avait écrit à Bloy
sous le pseudonyme de Louis Leroy, avant de disparaître sans laisser d’adresse (Bloy cite une de ses lettres dans
Mon
Journal
à la date du 25 juillet 1897.)
25 juillet
1897
: « Je me suis mis partout dans mes livres & vous me reconnaîtrez sans peine. Toutes les fois que
vous y rencontrerez un abandonné, un dévasté, un miséreux lamentable, un diffamé & un lapidé, sans hésitation
dites-vous que c’est moi. […] Dites-vous aussi que chacun de mes livres sans exception, fut écrit dans les tortures
& le plus souvent sans autres ressources que celles de la
mendicité
la plus humiliante. Sachez enfin, & cela dit tout,
que
Le Désespéré
est véritablement une autobiographie »… Il évoque une chronique de
Mirbeau
qui « détermina
l’éruption de crotte » (à propos d’Edmond Lepelletier).
28 juillet 
: «
Vous êtes malheureux, votre place est donc chez
moi
. J’ai toujours aimé passionnément les maudits, les excommuniés, les damnés de ce monde »…
30 juillet
. Espérant
trouver en lui « l’auxiliaire providentiel » dont il a besoin, Bloy l’invite à dîner chez lui, à la condition de faire le
signe de la croix avec les siens. Cependant il ne comprend pas l’envoi des « textes malhonnêtes. Vous dites que les
chrétiens ignorent le livre d’où sont tirées ces citations. Les chrétiens n’ont aucun besoin de connaître ce livre. Ils ont
l’évangile ». Il cite
Le Mendiant ingrat
10 septembre
. Il rappelle la teneur de leur correspondance, et que Leroy
disait espérer être le dédicataire de la 32
e
Histoire désobligeante
. « à mon grand étonnement vous ajoutez à cela le
texte & la traduction de quelques sentences musulmanes. Je réponds à cette communication en vous rappelant […]
avec fermeté que je suis
catholique
– ce qui ne devait pas être une révélation pour vous, puisque vous disiez m’avoir
lu et m’avoir lu passionnément. Depuis, silence absolu »…
26 mai
1898
. Envoi du
Mendiant ingrat
 : « Si vous pouvez
lire ce poème de douleur vous verrez quelle chose effrayante a été ma vie […] depuis plus de 20 ans, je suis le captif
qui attend toujours qu’on vienne le délivrer »…
14 juin
. Appel au secours en faveur d’une jeune Danoise qui vit chez
eux, et surtout pour de gros tourments et besoin d’argent…
23 août
(la lettre est citée en partie dans
Mon Journal
).
Il se plaint de son silence, cite quelques lignes du
Mendiant ingrat
et s’indigne : « Nous croyez-vous donc des âmes
viles, des âmes de chiens, capables seulement d’amitié pour ceux qui leur jettent un os, & totalement incapables d’une
désintéressée ? »… [À la suite, brouillon de lettre à Georges de
Prolles
, lui reprochant d’avoir aggravé sa situation
par sa « légèreté »].
2 octobre
. Il annonce son prochain exil au Danemark : « La France ne peut rien pour moi. Les
maquereaux lui coûtent trop cher. Je partirai avec les deux compagnes habituelles de ma vie, la tristesse & la misère,
bienheureux si les ressources misérables que j’ai pu réunir pour cette fuite ne sont pas insuffisantes »…
O
n joint
une L.A.S. de « Louis Leroy » à Léon Bloy, Compiègne 27 juillet 1897 (4 p. in‑8, enveloppe avec notes
autographes de Bloy).
Reproduit en page 113
213.
Léon BLOY
. 3 L.A.S. « L.B. » (minutes), [Montrouge] 1897-1898, à l’abbé Auguste
Rastoul 
; 5 pages
in‑8 avec ratures et corrections.
400/500
À son confesseur
, vicaire à Saint-Pierre de Montrouge.
7 décembre 1897
. Après lecture du dernier livre de
Bloy, un jeune homme élevé dans le protestantisme, « chrétien de bonne volonté », a souhaité se convertir et a
demandé à Bloy un prêtre, ayant été « odieusement rebuté » par un curé de province : « je vous amènerai ma proie
jeudi prochain »…
2 janvier 1898
. L’auteur du
Salut par les Juifs
écrit après avoir entendu l’abbé Rastoul parler d’un
confrère, « juif de naissance qui trouve, quand il le faut, des sommes énormes pour des œuvres chrétiennes »… Il
expose sa situation matérielle et morale, écrivain détesté des catholiques aussi bien que des non-catholiques « à cause
de mon indépendance & de ma soif d’Absolu » : ses livres sont « étouffés par la conspiration du silence », et sa famille
dans la misère. « Cependant j’ai mon œuvre à faire »…
15 janvier 1898
(publiée dans
Mon Journal
). Il le prie de fixer
la date de l’abjuration d’Anna
Andersen
 : « il faut profiter de son zèle. Nous avons dû renoncer par force au projet
d’une cérémonie dans une chapelle. […] La vérité, déclarée il y a 52 ans sur la montagne de la Salette, c’est que très
peu de gens s’intéressent aux choses de Dieu & que la plupart des prêtres séculiers ou des religieux croupissent dans
l’athéisme le plus immonde. Nous nous contenterons humblement de la sacristie, sans cierges, puisque la paroisse de
St Pierre est incapable de cette aumône »…
On joint une carte de visite autographe (1897 ?) à Anna
Andersen
à l’occasion de sa fête.