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160. [
Léon BLOY
]. L.G.A. de
BONALD
.
Législation primitive, considérée dans les derniers temps par les
seules lumières de la raison, suivie de plusieurs traités et discours politiques
(Paris, Le Clere, an XI-1802) ;
3 volumes in‑8, reliure de l’époque basane fauve très usagée (bords de la reliure un peu brûlés, mouillures
intérieures).
1.000/1.500
En tête du premier volume, Léon Bloy a porté sa signature (vers 1867) : « Marie Léon Bloy ». C’est Barbey
d’Aurevilly qui fit lire et découvrir au jeune Léon Bloy l’œuvre de Bonald, qui allait, avec celle de Joseph de Maistre,
marquer profondément sa pensée.
Les trois volumes sont abondamment
soulignés
au crayon rouge ou au crayon de papier.
Une centaine
d’annotations
marginales au crayon de papier montrent une lecture attentive : renvois internes, souvent commentés,
à la Bible, à Joseph de Maistre ou à d’autres auteurs (Malebranche, Descartes, Tacite, Barbey d’Aurevilly, Volney,
Blanc Saint-Bonnet, Bossuet, Balzac, Malthus, Bentham…), mais surtout marques d’admiration : « Sublime »,
« Admirable », « Splendide », « Lumineuse formule », « Superbe », « Quel mouvement dans ce style. Quelle sublime
éloquence ! », « Ceci est très remarquable », « Sublime théorie », « Ceci est beau comme Platon », etc. On relève
quelques réflexions et commentaires : « Voici une note extrêmement curieuse » (I, 215) ; « L’origine de cette coutume
universelle de l’hospitalité, aussi ancienne que le monde, pourrait bien être, selon M. Nicolardot, l’attente universelle
du Messie. C’est une grande idée » (II, 105) ; « Aujourd’hui rien n’est plus évident. Les chemins de fer tendent à
détruire toute nationalité » (II, 108) ; « Fleury nous assomme. Il est triste qu’un homme de la force de M. de Bonald
s’appuie d’une telle autorité » (II, 261), etc.
Exposition
L
éon
B
loy
(Jean Loize 1952, n° 125).
Reproduit en page 84
161. [
Léon BLOY
].
Biblia Sacra Vulgatæ editionis… Editio nova, versiculis distincta
(Avignon, J. Aubert ;
Marseille, Sube & Laporte, 1774) ; un volume gros in‑8 de 758-296 p., reliure de l’époque basane brune
usagée.
1.500/2.000
La Bible de Léon Bloy
. Ayant acquis ce volume en 1869, Bloy le conserva toute sa vie et y porta de
nombreuses
annotations
.
Sur le feuillet de garde, Léon Bloy a inscrit la date d’acquisition et sa signature : « 1869 - Léon Bloy » ; puis, vingt
ans après, cette dédicace à sa femme : « à ma très douce fiancée / à ma chère Jeanne bien-aimée / Ce précieux Livre où
mon âme triste a si souvent & si amoureusement cherché l’Esprit du Seigneur. / Octobre 1889 – Léon Bloy » ; plus
tard encore, cette citation d’Isaïe : « Cum dabitur liber scienti litteras, dicetur ei : Lege istum, & respondebit : Non
possum, signatus est enim. / Et dabitur liber nescienti litteras, dicetur que ei : Lege, & respondebit : Nescio litteras. /
Isaï.
xxix
, 11 & 12 ».
Outre des corrections, des soulignures aux crayons rouge et bleu, Léon Bloy a porté à l’encre noire de très
nombreuses notes autographes en latin dans les marges et en bas de page, principalement pour l’Ancien Testament
(peu de notes sont portées dans le Nouveau) : rubriques, renvois à des psaumes, à d’autres livres ou au Nouveau
Testament, à des personnages ou des épisodes bibliques ; les livres de
l’Ecclésiastique
et d’
Isaïe
sont particulièrement
commentés, et, dans les marges surchargées d’annotations, on peut lire comme une exégèse du texte sacré.
Expositions
L
éon
B
loy
(Jean Loize 1952, n° 129 ; Bibliothèque Nationale 1968, n° 18).
Reproduit en page 84
162.
Léon BLOY
. Manuscrit autographe,
Héroïsme
, [1870] ; 1 page et quart grand in‑8 remplie d’une minuscule
écriture (ratures et corrections).
700/800
Sur la guerre de 1870
. Ce texte a été publié par Joseph Bollery (Bollery I, p. 138-140).
« Ceci s’adresse aux cœurs chrétiens, je veux dire à ces quelques âmes d’élection surnaturelle qui soutiennent
encore, dans notre malheureuse patrie, l’édifice chrétien à l’ombre duquel nous sommes tous nés, lumineuses colonnes
d’un temple de lumière et dont le nombre chaque jour décroissant, à ce qu’il nous semble, pourrait bien finir par nous
écraser en le précipitant sur nos têtes. À l’heure que voici, on pourrait bien croire, et certes celui qui parle ici n’en a
pas douté, on pourrait croire que décidément Dieu veut punir la France […] il va laisser tomber sur nous l’ineffable
colère, l’inéluctable et suprême purification. La plus épouvantable et la plus funeste guerre vient de commencer pour
la France et déjà le salut matériel de cette grande nation est tellement compromis qu’on ne sait plus s’il est encore
possible de la sauver. […] nous périssons parce que nous avons trop de raison et il n’y a plus que la folie qui soit
encore capable de nous sauver. J’entends la folie divine de la Croix ». Bloy s’adresse aux femmes : « Voyez où nous en
sommes. La noble terre de France tremble sous les pas des barbares. Il faut les vaincre ou en mourir. C’est un déluge
de sang et de larmes qui va couler tout à l’heure. Il va se faire un effroyable massacre de tout ce qui est la chair de vos
entrailles. […] Eh bien ! il en est peut-être temps encore. La patience de Dieu est si longue qu’il fait durer non pas
seulement ses menaces, mais quelquefois aussi sa vengeance parce qu’il veut laisser au faible cœur des hommes, même
lorsqu’il a commencé de les punir, le temps de revenir à lui par la pénitence et ainsi d’écarter les derniers et suprêmes
coups de sa toute puissante main »… Etc.
…/…