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170.
Léon BLOY
. C
ahier
autographe, [vers 1875-1880] ; cahier in‑8 de 21 pages, plus notes sur les gardes et
contreplats, cartonnage rouge.
500/700
Il s’agit probablement du remploi d’un cahier de jeunesse, dont la plupart des pages ont été découpées (les bords
portent des vestiges d’exercices de géométrie et de calligraphie). Bloy a griffonné sur le premier contreplat plusieurs
listes de blanchisserie avec des dates de l’aautomne 1880 ; le nom de son frère, Marc Bloy, figure sur le deuxième
contreplat, avec l’adresse « rue Poisson 1 bis ».
La première page présente des «
Remarques de l’abbé Tardif sur la Salette
», 20 notes résumant des idées de l’abbé
Tardif de Moidrey
, cochées par Bloy au crayon rouge, qui lui ont servi pour son projet de livre sur la
Salette
(qui
n’aboutira qu’en 1908 avec
Celle qui pleure
) : « Marie au commencement de tout
ab initio
– va à travers les montagnes
vers St Jean Bapt. cet enfant dont il avait été dit de si grandes choses que Zacharie en était devenu
muet
. […] Les deux
bergers image parfaite de notre siècle »… etc. La page suivante rassemble des extraits des Écritures, en latin…
La plus grande partie du cahier, probablement un peu plus ancienne, est principalement consacrée à des extraits
du livre du Père Faber,
Le Pied de la croix
(8 p. avec des références à l’édition Bray, 1868 ; qqs soulignements et un
« admirable » marginal au crayon rouge) ; puis des notes sur
Louis
XI d’après Rohrbacher (
Histoire universelle de
l’Église catholique
), l’
Histoire de Louis XI
d’Urbain Legeay, et la pièce
Louis XI
de Casimir Delavigne (7 p.) ; enfin
des renvois à un « Article sur les filles de Louis XV (
Revue des Deux Mondes
15 juin [1874]) ».
171.
Léon BLOY
.
Manuscrit
autographe,
Les Impuissants
, [vers 1875-1880] ; 2 pages in‑4.
400/500
Les deux pages sont barrées au crayon, avec la mention « nul ».
Les Impuissants
est, dans
Le Désespéré
, le titre du
second livre écrit par Marchenoir, recueil satirique de critique (qui désigne les
Propos d’un entrepreneur de démolitions
) ;
ce curieux texte inédit semble antérieur. « Les Impuissants ! Pourquoi ce titre ? Pourquoi cette obsession d’une idée de
tristesse et de dégoût ? Vainement j’ai tenté de jeter en dehors de moi ce levain hideux de colère et de haine. […] J’aurais
voulu, quelle folie ! […] croire avec tant d’autres hélas ! au fantôme d’une civilisation merveilleuse entée sur de nébuleux
principes d’égalité conquis au prix d’une mer de sang et de larmes  »… Il évoque les événements historiques qui ont fait
de la France un objet de mépris pour l’Europe : 93, Brumaire, Waterlo… « Et enfin, 1848 nous a été enseigné. »
172.
Léon BLOY
. 2 L.A. (minutes), 1876-1881, à son ami Aymar d’
Abzac de la Douze
 ; 1 page et demie petit
in‑8 (sur fragment de papier à en-tête
Direction des Domaines de la Seine
) et 1 page et demie in‑4. 400/500
26 juin 1876
. Bloy se sent glisser dans le désespoir, malgré la conviction que ses souffrances sont le prix de la
vie surnaturelle. Tout est inutile : « La prière même va me manquer tout à l’heure. J’apporte aux pieds des autels une
bouche amère et empoisonnée par la colère et par la fièvre, une intelligence démoralisée, une mémoire éteinte et un
cœur en révolte. Si on ne me tire pas de là, si quelqu’un de fort ne se présente pas bientôt pour me jeter dans la piscine
j’ai peur de devenir fou et fou furieux. Voilà dix ans que je souffre, voilà dix ans que je lutte contre des passions terribles
qui ont fait vociférer ma chair et mon être contre la faim, contre le froid, contre le chaud, contre les humiliations et
les outrages, contre la misère sous toutes ses formes, et […] il faut lutter aujourd’hui contre le désespoir où me pousse
le sentiment affreux du néant de mes efforts et de l’irréparable perte actuelle du meilleur temps de ma vie »…
Paris
17 juillet 1881
. Il est de plus en plus convaincu du triomphe de l’injustice ; le Règne du Père céleste, le seul légitime,
ne vient pas, et Bloy renvoie aux Écritures pour des exemples de l’angoisse engendrée par l’attente. « La résignation
chrétienne, telle qu’elle est entendue de nos misérables chrétiens modernes me paraît un affreux prodige d’égoïsme
et d’insensibilité. Il est évident pour moi que le christianisme ne peut pas tomber plus bas, et qu’une
rénovation
spirituelle
est imminente. […] Ma situation est intolérable. D’un côté, je suis environné de prétendus chrétiens, qui
ne font rien, qui n’espèrent rien, qui ne désirent rien et qui prenant leur néant pour de la sagesse me recommandent
la patience ; d’un autre côté, je suis en proie à un Dieu qui a tout promis, et qui, jusqu’à ce jour, n’accomplissant rien,
me fait un précepte de l’impatience. En d’autres termes, je suis dans l’impossibilité absolue de n’être pas chrétien, et
en même temps dans l’absolue impossibilité de m’accommoder d’un christianisme sans gloire, souillé et
ridicule
 »…
173.
Léon BLOY
. 4 L.A. (minutes, une signée L.B.), [1876 et s.d.] ; 5 pages in‑8.
200/300
À Mlle Solange
Brezzy
(amie de Lucile Lalotte), à Issoudun, 22 juillet 1876 : il fera pour Lucile « une neuvaine de
pèlerinage à l’autel de St Joseph à N.D. des Victoires »… – À Mme de
Nomaison
de Périgueux [14 décembre 1876] :
il lui demande d’intervenir auprès de Mme Krantz pour obtenir un bureau de tabac pour sa mère... [Krantz était
ingénieur en chef des Ponts et Chaussées à Périgueux, chef de Bloy père]. Sur un autre feuillet, début d’un texte sur la
poésie et la religion. – À un ami (Georges Landry ou Victor Lalotte, inachevée) : Barbey a admiré sa lettre, mais malgré
son amitié, Bloy vit dans « l’horreur de tout, horreur de moi, horreur du monde, horreur de la création, horreur de
toute la vie. […] cela fait une torture morale dont je ne peux te faire comprendre l’énormité : ce qui est fâcheux devient
atroce et ce qui est cruel n’a plus de nom dans aucune langue »… – Brouillon de lettre rédigée au nom d’un ami, en
faveur de Léon Bloy : « je le crois en danger. J’ai compris qu’il avait souffert dans ces derniers temps, et l’aspect de son
triste logement me porte à croire que la misère y est pour beaucoup »…
On joint une L.A.S. d’Ernest
Delhomme
(du Ministère des Finances), 2 février 1877, à Léon Bloy pour se
retrouver le dimanche.