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174.
Léon BLOY
.
Carnet
autographe, 1877-1907 ; carnet petit in‑8 de 59 pages, reliure basane verte souple
(qqs lég. mouill. sur les bords).
1.500/2.000
Précieux carnet de notes et projets littéraires
.
Le carnet s’ouvre sur la minute d’une lettre de février 1877 à Paul
Bourget
, et le brouillon d’une longue lettre à
Bourget, à la « veille du dimanche de la Passion », [24] mars 1877 : « Les
vrais
poètes ont leur destinée commune qui est
de souffrir. Ils ont aussi leur destinée particulière qui est de souffrir dans l’horreur, ou de souffrir dans l’adoration. Haine
ou amour, brasier de Dieu ou brasier du Dyable, il faut brûler »… Récit ou poème en prose, en 5 parties :
Le Crucifix
de Charles-Quint
; copie calligraphiée du poème
Le Soleil
de
Barbey d’Aurevilly
. Notes de lecture d’œuvres de Jean
Richepin, Edmond de Goncourt (
Chérie
), Le Beau (
Histoire du Bas Empire
), etc. Notes et pensées pour
Le Désespéré
,
certaines rayées au crayon rouge :
« La Pauvreté – c’est Marchenoir
surtout qui parle. Conversations
à la brasserie
Huysmans
et moi.
– Pour la femme, le paradis, c’est
son vagin, c’est-à-dire la plus
parfaite possession d’elle. C’est sa
conception théologique et cette
conception est profondément vraie
.
– Le catholicisme meurt épuisé
comme font les grandes races.
Il n’y a plus de rêve »… Projets
d’articles : Le droit de tout dire en
cette fin de siècle, Louise Michel
(la Vierge aux pauvres), L’âme du
lecteur (Stendhal. Lamiel), etc. ; de
titres (
Les Spadassins du silence
,
Un orphelinat de parricides
) ; notes
de critique : «
Zola
. Impossible
de trouver un seul caractère.
Cet homme sortira de la vie à
tâtons »… ; livres à acheter ; lettres
reçues au Danemark (février-mars
1891). Citations et pensées, comme celle-ci, notée à l’encre rouge : « La Rédemption ne peut être
accomplie
que par des
salopes & des assassins ; mais la France, ostensiblement désignée pour procurer ces libérateurs, n’est pas encore devenue
tout à fait assez cochonne pour sauver le monde » ; notes sur Napoléon ou pour
Exégèse des lieux communs
(et liste de
lieux communs sur un petit feuillet volant). 12 pages d’
Épigraphes
et d’aphorismes, dont un daté 24 nov. 1907.
En retournant le carnet, on trouve une liste de noms avec adresses, des « objets à acheter » et des comptes,
avec détail des sommes reçues en 1888. 8 pages intitulées
L’Argent
, réflexions et maximes sur l’argent, avec extraits
du Journal (certaines biffées au crayon bleu) : «
Le Sang du pauvre
(titre du livre). Ne voir jamais plus loin qu’un
repas. Quelle supériorité d’âme sur les riches ! – Le sage bienfaiteur qui veut savoir où va son argent & qui décide en
sa sagesse quels doivent être les besoins du
pauvre. M
me
Duquesne & l’hiver de 79-80. –
La misère des enfants, aspect insupportable
de l’inégalité des conditions »… Projet de
«
Bethléhem
, sorte de poème enveloppant
tout ce qui peut être dit ou observé
des bourgeois refusant l’hospitalité au
Pauvre »… « Histoire du cochon qui
voulait mourir de vieillesse. Prouver
qu’un capitaliste chrétien a le droit de
commanditer un bordel »… Plus loin, après
Définition du Bourgeois
(« Le Bourgeois
est celui qui est accoutumé à penser &
à vivre bassement »…), longue liste de
Lieux communs
(8 pages, plusieurs entrées
biffées), puis des notes de lecture intitulées
Les âneries de Thiers
, d’après son
Histoire
du Consulat et de l’Empire
…
Exposition
L
éon
B
loy
(Jean Loize
1952, n° 180).