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356. COLETTE . L.A.S., [vers 1930 ?], au peintre Mathurin M éheut  ; 4 pages in-8. 300/400

Elle est très émue de son accident : « deux fractures, et quand je pense à ce qui aurait pu arriver...Vous voilà immobilisé cruellement, au beau moment de l’année, et je suis vraiment attristée en vous imaginant couché, la jambe rigide et douloureuse. Pour l’article, cher Méheut, je suis tourmentée d’impossibilité. Depuis mon arrivée je me bats avec mon pire ennemi, mon prochain roman. Je n’en ai pas trente pages. C’est un drame pour moi, que ces heures où j’écris, je déchire, et j’écris, et puis je n’écris plus. C’est le plus dur moment. Si je le quitte, c’est grave. Deux cent quatre vingt lignes de 40 lettres, Méheut, c’est un travail . Un travail étranger au mien. C’est une rupture d’effort, d’un effort dont j’ai pris péniblement l’habitude, la servitude, le degré d’inclinaison, la pente d’esprit. […] Personne ne travaille plus diffcilement que moi. Soyez, au nom du ciel, celui qui comprend que je ne puis, que je ne dois plus quitter le labeur le plus décevant du monde. Quel sale métier »...

357. COLETTE . L.A.S., [Saint-Tropez 17 août 1931], à Marguerite M oreno à Touzac (Lot) ; demi-page in-4, une enveloppe jointe [11.8.1931].

200/250 « Mais, boudiou ! j’ai écrit à Marguerite, – à Paris ! Enfn, ça te fait quelques jours de paradis en plus. Redemande ma lettre, voici du basilic en échange du jasmin »…

358. COLETTE . L.A.S., [Saint-Tropez 31 août 1932], à Marguerite M oreno  ; 3 pages et demie in-4. 400/600

S éjour à S aint -T ropez . « Ma Marguerite, tes lettres viennent lentement, mais elles arrivent. […] Aujourd’hui je lis des journaux pleins de disparitions, Virginie H ériot succombe au surmenage et à je ne sais quoi, et j’ai perdu mon vieil et muet amoureux, Louis A nquetin le peintre. Nous ne nous voyions qu’au bois, et nous ne nous sommes jamais parlé. L’avant- veille de mon départ pour St Tropez, je l’ai encore vu, très beau, paré de ses 70 ans et de sa belle fgure de peintre médiocre. J’ai failli lui tendre la main et lui dire : “À la fn, bonjour !” C’est trop tard à présent. Il fait beau, tous les jours, toutes les nuits. Je travaille fort au jardin. Maurice est à Paris où il fait la besogne de tout un personnel en vacances ou alité. Le 9 il revient me chercher et nous partons pour des Pau, Biarritz, etc, qui vendent nos produits. Un peu plus tard, ce sera Genève, Marseille (exp. internat le de la parfumerie, ma chère !), le G d Duché de Luxembourg qui ne vit que de produits de beauté, et la Belgique. Tu ne veux pas qu’on joue Chéri par la même occasion ? La petite cave-magasin, sur le port, te plairait sûrement. Sur le port, beaucoup de magasins sont d’anciennes cuves à vin, au ras de la mer, et de là tu découvres un agencement admirable d’eau, de feux rouges et verts, de bateaux, de ciel, de couleurs incomparables. Les fgues se décident à mûrir. Figues et raisins sont en retard d’un mois, à cause du printemps pluvieux. Mais que tout est beau dans ce pays ! Et le bain, ou les deux bains quotidiens, c’est une passion. Il est vrai que je nage de mieux en mieux. On m’a enlevé ma flle. Nous vivions en si bon accord et d’une bonne vie pour elle. Dépêche de Journal et mandat télégraphique, et la petite a pris la voiture et la route le lendemain matin, à cinq heures : Renaud s’est recassé le genou et Jouvenel, obligé de s’absenter, demande à la petite de venir prendre la garde auprès de ce frère étrangement friable. Je te jure que j’ai dit m... de bon cœur. C’est user de cette enfant bien légèrement. Si le jeune homme s’est recassé, qu’on lui offre une infrmière. Mais tu sais comment est la petite pour son frère. Elle est donc partie, et fort bien arrivée »…

359. COLETTE . L.A.S., [Paris 22 janvier 1933], à Mme Francis C arco  ; 2 pages in-4 à en-tête du Claridge , enveloppe. 300/400

C urieuse lettre à G ermaine C arco , que son mari vient de quitter . « J’ai été contente, ma petite Germaine, de voir ton écriture. J’attendais que tu m’écrives. Je ne t’aurais jamais écrit pour me défendre de certaines imputations qui me dit-on t’étaient parvenues. Dès qu’on me croit capable de certaines petitesses, je me tais. Comme je n’ai jamais prononcé, à ton sujet, de paroles qui soient en contradiction avec l’amitié, il me suffsait, il me sufft, toujours, d’être sans reproche devant moi-même. C’est Carco qui m’a donné ton adresse en venant me dire au revoir avant de partir pour une tournée de conférences, mais c’est moi qui avais insisté pour l’avoir. Quand reviens-tu ? Je te le demande sans appréhension, confante dans l’élasticité qui, Dieu merci, est le ressort merveilleux de la créature féminine, – j’en sais quelque chose. Je t’écris dans mon lit, où je fnis une bronchite entre deux tronçons de tournée (conférence et “démonstrations” des produits). J’ai pris froid à Cannes où il faisait – naturellement – le plus hideux temps d’hiver »…

360. COLETTE . L.A.S., Paris [vers 1935], à un romancier ; 1 page et demie in-8, vignette et en-tête de l’ Hôtel Claridge . 200/300

« Quel bonheur, un roman de vous, cher maître et ami, une œuvre que je n’ai pas mordillée en feuilleton, ni lue au lent feuille-à-feuille d’une revue. Et un si beau titre ! Oui, j’espère que je suis votre “chère Colette !” Car j’ai pour vous un sentiment si particulier que je ne le compare à aucun autre »…

361. COLETTE . L.A.S., Domaine des Aspres, Grasse [été 1937], à M isia S ert  ; 1 page et quart in-4. 250/300

« Misia chérie, toi qui connais bien les formes de la solitude, tu comprendras qu’habitant depuis deux mois une campagne isolée, je n’aie appris que tout récemment et par hasard la mort de ton frère [Cipa G odebski ]. C’est à toi que je pense, puisque j’avais si rarement approché Godebski, comblé de dons et d’intelligence. Misia, c’est affreux de voir autour de nous les rangs s’éclaircir. Je ne sais pas où tu es. Nous rentrons Maurice et moi le 27. Je reprendrai ma place sur le petit divan et j’attendrai que tu viennes me voir. Maurice est de tout son cœur ton ami et je te suis toujours tendrement attachée »…

362. colette . L.A.S., 9 rue de Beaujolais [1939, à un critique belge]   ; 1 page et demie in-4 à son adresse. 200/300

« Je suis infniment touchée de l’attention que vous donnez à mes premiers et très vieux romans, que M me Mariette L ydis vient de s’attacher à rajeunir. Sur les Claudine , j’aimerais ne rien dire qui fût nouveau. Dans Mes Apprentissages j’ai assez parlé de ces livres, qui furent mes obscurs débuts. Je n’ai rien à ajouter à ce qui est […] la stricte et peu agréable vérité »…

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