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philosophe, comme publicisite fédéraliste, comme homme politique, mais nullement comme un rhéteur ameuteur de foules à la
Jaurès. Dès lors il nous semble qu’il serait utile peut-être de publier la veille ou l’avant-veille dans un journal marseillais (le
Petit
Provençal
) une sorte d’interview où vous prendriez position dans ce sens. Il fut convenu qu’Amouretti, mieux au fait que nous tous
des particularités de votre politique, rédigerait cette interview, que nous la relirions ensemble et vous la soumettrions afin que vous y
puissiez faire toutes les retouches nécessaires ». Mais Maurras ne veut pas froisser Frissant, très influent au
Petit Provençal
et dans tous
les milieux radicaux et socialistes du département… Amouretti et Maurras sont choqués par l’idée d’un manifeste : « Le Marseillais est
déplorablement égalitaire. Il est de plus parodieur et enclin à la grosse ironie des marchands. Vous allez là-bas précédé d’une grande
réputation parisienne. La moindre faute de goût ferait crier »… Et de citer un incident au Martigue… Il recommande de doser l’humour
et le sérieux, et rappelle les articles de Paul B
osc
, représentatifs du tour d’esprit de la presse marseillaise : « Scepticisme un peu gras, de
gens riches, heureux, mais de nature violente et extrême »… Il indique des précautions à prendre auprès de la presse : que Mme A
dam
,
qui lui a servi d’intermédiaire auprès de G
ladstone
, donne quelque mot d’ordre au rédacteur en chef du
Petit Marseillais 
; lui-même
interviendra auprès du
Sémaphore
, dirigé par un cousin à la mode de Provence. « Enfin, j’ai au
Soleil du Midi
des amis personnels,
dont je n’abuserai pas, de crainte de donner un air trop réactionnaire à la réunion »… Il a indiqué à Bertas qu’il fallait « un auditoire
mi-partie, démoc-soc-ouvrier et mi-intellectuel » ; il a l’ambition d’éviter les plaisanteries de l’insupportable
Bavard
, « espèce de
Charivari
marseillais »… Ils réfléchiront ensemble au Martigue, « à l’abri des tapages marseillais », et ils iront à Maillane voir M
istral
qui
est « extrêmement curieux de vous connaître »… Etc.
97.
Charles MAURRAS
. 9 L.A.S., Martigues ou Paris 1923-1937, à Jacques B
oulenger
 ; 32 pages in-4 ou in-8, la plupart à en-tête
L’Action
française
, 2 enveloppes.
300/400
10 août 1923 
: il n’y avait, dans son « économie de paroles » à propos de la
Gazette de France
, aucune réticence de sa part, mais
il le trouvait très sévère pour leurs amis…
24 septembre 1931 
: « Dès que vous songerez à
faire
l’examination d’
Au signe de Flore
 »
prévenez-moi »…
12 janvier 1936 
: le ton de la presse l’a choqué : « Ce Mauriac ! Et ce Martin du Gard ! […] L’antitradition c’est de
l’antimémoire »…
Prison de la Santé lundi [5 avril 1937] 
: il ne l’a pas assez remercié de son « beau et solide article, auquel j’oppose des
points d’interrogation variés, tirés de la nature des choses. […] Je ne suis pas pour le droit divin, au sens direct. Mais je ne nie pas les
merveilles historiques du droit divin. Et là vos sources brillantes éclairent tout le sujet. – Si le secret professionnel ne s’y opposait,
combien je serais heureux de voir ce que la censure […] vous a retranché ! »…
Vendredi [14 mai 1937]
, à propos de la continuité du
patois… Etc.
98.
MÉLANGES
. M
anuscrit
d’un recueil en vers et prose, [vers 1725 ?] ; volume in-4 de 765 pages, reliure de l’époque veau brun, pièce de
titre au dos
Œuvres meslée
.
800/1.000
M
élanges
libertins
et
licencieux
, irréligieux et généralement irrespectueux du pouvoir, composés d’extraits (fantaisistes) des registres
du Parlement ou d’œuvres d’histoire et de philosophie, de sermons (à d’« illustres amazones », et sur les cocus) et remèdes (petite
vérole, goutte), et de poèmes de tous genres :
L’Origine du Cocuage
attribuée à « Arouette V
oltaire
 »,
Jouissance
« par Pierre C
orneil
pour laquelle son confesseur lui imposa pour penitence de traduire l’Imitation de J.C. en vers », un
Cantique spirituel sur les verités les
plus importantes de la Religion et de la Morale Chretienne
« sur l’air
Je n’en dirai pas le nom…
 », un
Martyrologe des Dames gallantes
épinglant les dames de la Cour, ainsi que des pièces de circonstance (la mort de la « Reine de Maintenon » et du Régent), épigraphes,
églogues, fables… Une table fut dressée tardivement, de la même main qui a noté, au verso de la page de garde : « Ce volume m’a été
donné le 24 9
bre
1858, par mon cher confrère Édouard Laboullaye ».
99.
MÉLANGES
. M
anuscrit
,
Morceaux choisis de littérature
, calligraphiés et illustrés par C
halland
, Nîmes, Aigues-Mortes et hôpital de
Tonnerre 1837-1839 ; volume in-8 de 259 pages in-8 (plus ff. blancs), relié dos parchemin.
300/400
J
oli
recueil
calligraphié
et
illustré
de dessins dans le goût romantique, composé presque exclusivement de vers. Lamartine y est fort
bien représenté ; y figurent aussi des pièces de C. Delavigne, Soulié, Hugo, A. Guiraud, Delille, Barthélemy, La Harpe, Ducis, Méry,
Reboul, Legouvé, Chénier, Fontanes, etc. Calligraphie dans une écriture très fine, parfois microscopique, avec de jolies recherches
de présentation dans les titres. Le recueil est orné d’une trentaine de dessins, parfois rehaussés aux encres de couleur, certains à
l’imitation de la gravure : scènes de genre, fantaisies, portraits romantiques, personnages (Napoléon), etc. Table des matières en fin
du recueil.
100.
Frédéric MISTRAL
(1830-1914). Carte postale a.s., [Maillane] 18 juin 1909, à J. P
ollio
, consul général de France à Florence ; carte illustrée
(
Maillane, Groupes d’Arlésiennes à la promenade
) avec texte et adresse au verso ; en provençal.
100/150
Il demande plaisamment à son ami des nouvelles du Palazzo Vecchio, du Palais Pitti et de l’Arno…
101.
Henry de MONTHERLANT
(1895-1972). M
anuscrit
autographe,
Le poète est reçu par Abenamar 
; 3 pages in-4 avec ratures et
corrections.
200/250
P
oème
en
prose
recueilli
dans
E
ncore
un
instant
de
bonheur
(1934) : « À la porte d’Abenamar, le portier me pria d’attendre. En effet, le Roi
des Oiseaux de l’Amour (c’est ainsi qu’on surnommait l’adorable vieillard) avait rêvé cette nuit qu’il faisait une croisière aux Îles du
Levant. À son réveil, il avait revêtu ses habits de voyage, et tous les notables se défilaient pour le féliciter de son heureux retour. Enfin
il apparut, aux bras de deux jeunes femmes mais en réalité soutenu par ses parfums »… O
n
joint
un brouillon autographe,
Tristesse
d’Abenamar
(2 p. in-4).