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"Je suis content de ce voyage à Bruxelles pour ce qu'il m'a donné de faire connaissance avec vous. J'aime votre lettre qui est comme son

auteur pleine de saveur et de chaleur et de folie et de sève et de jus et je me dis ce van Bruaene là est mon homme et je suis son homme.

[…] Merci de vous constituer le légat de l'Art Brut auprès des psychiatres belges." "Je n'ai pas mis de dédicaces à votre adresse sur les

livres ; elle y est incluse, vous le savez en pensée. Quand vous aurez regardé ces livres vendez-les. Il faut vendre les choses, vendre

jusqu'à sa chemise. Il faut que choses passent de mains en mains et les chemises de dos en dos. " "Jusqu'à présent j'ai toujours refusé

toutes offres qui m'ont été faites concernant toutes expositions ou participations mais avec toi c'est autre chose. Avec toi je marche. Je

ferai tout ce que tu voudras […] Seulement quand c'est des petites choses sur papier les gens trouvent que c'est des choses mineures ;

ils sont entêtés avec leurs peintures à l'huile et leurs grands formats ". " Cher merveilleux Geert. J'écris par ce courrier à Henri Michaux

pour lui faire ta commission et chanter ta louange. N'abandonne pas ton projet d'exposition deWols. N'abandonne surtout pas ton projet

d'exposition de Max Ernst. Il faudrait aussi faire une exposition de [Raoul] Ubac. C'est un belge. Et que devient le projet d'expositionYves

Tanguy ?" "Je travaille très assidument et je sors très peu de ma maison, passant des suites de jours sans mettre mes souliers". "J'ai reçu

un exemplaire du numéro récemment paru de la revue "Cobra" mais je n'aime pas cette revue. J'ai peu de sympathie pour ces petits

jeunes hommes qui la font et qui me paraissent des faux artistes et culturels cent pour cent et d'esprit peu original."

"Mon art vise non pas à instituer des fêtes pour distraire de la vie courante mais à révéler que la vie courante est une fête bien plus

intéressante que les pseudos fêtes qu'on institue pour la faire oublier. Ce n'est pas la faire oublier que je veux mais la célébrer mise à nu,

dépouillée de toute guirlande et toutes choses mises au pire. De là vient le malentendu qui conduit beaucoup de personnes à me croire

un trouble-fête. Ces personnes qui n'osent renoncer aux guirlandes dans la crainte que sans les guirlandes il n'y ait plus de fête. […] mais

pour moi il n'y a pas de bien ni de mal ni de mieux ou de pire. J'entends bien célébrer tout. Je suis preneur du tout-venant."

" Tu as raison de te plaindre de mes défaillances correspondancières."

18 000 - 20 000

Cornette de Saint Cyr

13 juin 2015

117

329.