LE MAG
www.artefact-leclereblog.frl’art de la miniature Renaissance. Celui du Dio dore de Sicile Et
les Heures de Montmorency, réalisé d’une main anonyme mais
époustouflant témoignage de l’enluminure de cette époque.
Toutefois, les livres de François Ier soigneusement acquis aux
enchères tout au long de sa vie par le duc d’Aumale représen-
tent en eux-mêmes un trésor inestimable. Ils témoignent su-
perbement l’art de la reliure et comprennent aussi les premiers
chefs-d’œuvre de l’imprimerie.
Il est vrai que François Ier est contemporain de l’invention de
l’imprimerie…
Oui, et il a joué un grand rôle dans le développement de cette
technique dans notre pays. L’une des traits de caractère les plus
intéressant de François Ier est d’être aussi curieux de l’ancien
que du nouveau. Il perçoit donc très vite l’intérêt de cette inno-
vation capitale qu’il utilise pour faire parler en bien de son règne
et qu’il encourage au point de faire de la France un haut lieu du
livre et, par là, de la culture. Parmi d’autres témoignages, l’ex-
position présente ainsi les caractères d’imprimerie grecs com-
mandés par François Ier au fondeur Garamond par l’entremise
de son imprimeur Robert Estienne, si bien que les premiers
livres imprimés en langue grecque l’ont été dans notre pays.
Pour le souverain, il s’agissait ainsi de faire de la France, un
nouveau foyer de rayonnement de la culture grecque et antique.
Au même moment, une autre découverte va également changer
la face du monde : celle de l’Amérique. Ce bouleversement est-il
perceptible dans l’exposition ?
François Ier est le premier souverain “curieux” au sens de “col-
lectionneur” et la découverte de l’Amérique a bien sûr excité
son imagination comme celle de nombre de ses contemporains.
Ses collections comptaient ainsi nombre d’objets exotiques
ou légendaires. Son goût le portait autant vers les spécimens
naturels rapportés du Canada et du Brésil que vers les créa-
tures fantastiques : cornes de licorne, griffes de griffon, etc.
Cet éclectisme trahit un goût encore largement médiéval, un
esprit encore fasciné par le fantastique, le légendaire… Fran-
çois Ier a ainsi constitué l’un des premiers cabinets de curio-
sités européens. Les animaux naturalisés y voisinaient avec
les mocassins indiens, les globes terrestres et les oiseaux de
paradis, alors considérés comme les descendants du Phénix…
Cette incroyable collection est malheureusement perdue pour
l’essentiel mais nous en présentons une stimulante évocation.
Cette action du roi en faveur de l’art, de la culture et des savoirs
a-t-elle eu des effets durables ?
L’histoire n’est jamais aussi linéaire qu’on ne le croit. Toutefois,
le règne de François Ier a posé des bases et donné un élan que
l’on peut considérer comme décisif. On doit ainsi porter à son
crédit la stabilisation de la langue, la création d’institutions en-
core vivantes aujourd’hui comme le Collège de France, alors ap-
pelé “Collège des lecteurs royaux” ou encore le dépôt légal des
livres, noyau des collections nationales… Tout cela nous semble
familier aujourd’hui mais a été fondé, voici 500 ans par ce sou-
verain d’exception. L’exposition présente le portrait de François
INFORMATIONS PRATIQUES :
“Le Siècle de François Ier ”
Domaine de Chantilly
Jusqu’au 7 décembre 2015
Renseignements :
www.domainedechantilly.com/fr/event/siecle-francois-ier/Ier par Clouet, prêté par le Louvre et confronté pour la pre-
mière fois à son dessin préparatoire, conservé à Chantilly. En
contemplant cette œuvre majeure et le visage du roi, on prend
conscience que, décidément, le développement de l’art, de la
culture et des savoirs représente le meilleur gage de postérité
car François Ier nous apparaît alors étonnement contemporain.




