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qualité faiblit à la fin de sa carrière dans les années 1470 (Fr. Avril, Les ma-

nuscrits à peintures en France 1440-1520, cat. expo. 1993, p. 123-126). L’ar-

tiste de ce manuscrit interprète le style de façon plus rustique et brutale.

Il conserve son goût pour la netteté de la mise en page, la simplification

géométrique des formes et des volumes et les beaux ovoïdes des visages

féminins, comme un autre de ses épigones (qui est distinct du présent

Maître), le

Maître des Heures de Madrid

(étudiées par Samuel Gras « Les

Heures de Madrid. Un exceptionnel manuscrit inspiré par Jean Fouquet et

le Maître de Jouvenel », Art de l’enluminure n° 50, nov. 2014, fig.) et qui

collabore aux Heures LA 135 du Musée Gulbenkian. La comparaison des

Fuites en Egypte avec le voile de la Vierge dans ces différents manuscrits

est très parlante.

La Sainte Catherine dérive directement de celle peinte par le

Maître du

Boccace de Genève

, artiste angevin dans les Heures dites abusivement

de Marie Stuart qui figuraient à la vente Arcana de Christie’s Londres,1988,

lot 206 qui fut acheté par H. Tenschert (E. König, catalogue Tenschert

1988, Fr. Avril, Jean Fouquet peintre et enlumineur du XVe siècle, cat. d’ex-

po. BnF. 2003, notice 56). Ce manuscrit complexe (dont une autre partie

est conservée à la BnF lat. 1405) est dû à la collaboration de trois artistes:

le Maître de Jeanne de France (un tourangeau baptisé ainsi par Samuel

Gras dans sa thèse lilloise), le Maître d’Adélaïde de Savoie et le Maître du

Boccace de Genève. On voit bien par quel canal l’artiste de ce manuscrit

en a eu connaissance: le Maître d’Adelaïde en avait sans doute pris un

dessin et l’artiste de ce livre d’heures, son disciple, en a fait son profit.

Provenance: ff. 38v et 66v inscriptions illisibles; f. I « hérité de Christiane

de Parcevaux né Gouail ma mère estimé à Drouot en 1997, 60 000 fr », f. II

à la fin Ph. Loiseleur des Lomgchamps, 1974.

Intéressant manuscrit qui témoigne parfaitement des riches

échanges et influences réciproques entre les grands ateliers d’enlu-

minures de la seconde moitié du XVe siècle

.

15 000

/

20 000 €

254. Livre d’heures manuscrit XVe siècle.

Heures à l’usage de Quimper.

Poitiers, [vers 1460].

Manuscrit sur parchemin, IV + 129 ff. + IV, 179 x 130 mm., 90 x 62 mm.,

écriture textura sur 13 longues lignes, réclames aux ff. 20v, 25v, 75v, 83v,

91v, 99v, 107v, 115v. Reliure moderne en vélin blanc c. 1900, dos lisse orné

de fleurs et d’acanthes peintes.

TEXTE

Lacune du calendrier

Ff. 1-5v : Prime des Heures de la Vierge à l’usage de Quimper, lacune de

Matines et Laudes, incomplet du début manque l’Annonciation et la Visi-

tation et la Nativité;

Ff. 6-8: Tierce des Heures de la Vierge, incomplet du début, manque l’An-

nonce aux bergers;

Ff. 9-11v: Sexte des Heures de la Vierge, incomplet du début, manque

l’Adoration des mages;

Ff. 12-16: None des heures de la Vierge, incomplet du début, manque la

Présentation au Temple;

Ff. 16v-20v: Vêpres des Heures de la Vierge, la fin se trouve au f. 22;

Ff. 21-27v: Complies des heures de la Vierge, mal relié le f. 22 devait se

trouver après le f. 20v;

Ff. 28-34v: Heures de la Croix incomplet du début, manque la Crucifixion;

Ff.35-38v: Heures du Saint-Esprit, lacune du début, manque la Pentecôte;

Ff. 39-42: Obsecro te, incomplet du début;

Ff. 42v-44v: Oratio Beata Maria beatissima Virgo, suffrages de Sainte Ma-

rie-Madeleine et Sainte Marguerite;

Ff. 45-66v: Psaumes de la pénitence suivis des litanies avec Saint Gratien

de Tours, Saint Julien du Mans, Saint Maurille évêque d’Angers, Saint Ar-

nulphe évêque de Tours, Saint Hilaire évêque de Poitiers, Saint Guillaume

évêque de Bourges, Sainte Radegonde reine de France honorée à Poitiers;

Ff. 67-117v: Office des morts à l’usage de Quimper, lacune du début;

Ff. 118-125: Heures de sainte Catherine;

Ff. 125-129v: Suffrages de Saint Jean-Baptiste, des apôtres Pierre et Paul,

de Saint Michel, de Saint Sébastien, de Saint Laurent, de Saint Etienne, de

Saint Martin, de Saint Eutrope, incomplet de la fin.

MINIATURES: 4 grandes miniatures et 7 initiales ornées:

F. 16v: La Fuite en Égypte;

F. 21: Couronnement de la Vierge;

F. 28v: Initiale ornée du Christ devant Pilate;

F. 30: Initiale ornée du portement de la Croix;

F. 31: Initiale ornée de la Mise en Croix;

F. 32: Initiale ornée de la Crucifixion;

F. 33v: Initiale ornée de la descente de la Croix;

F. 34v: Initiale ornée de la Mise au Tombeau;

F. 45: David en prière et à l’arrière-plan David vainqueur de Goliath;

F. 118: Sainte Catherine dans un intérieur avec sa roue et une épée;

F. 126: Initiale ornée de Saint Michel tuant le dragon.

Initiales vignetées et champies.

Bordure en prolongement des psaumes et autour des peintures à rin-

ceau de feuillette d’or et acanthes avec singes aux ff. 16 et 21, singes et

chimères au f. 118 et

une iconographie plus élaborée et originale, sur

fond d’or, au f. 45 avec COUPLE JOUANT AUX CARTES et TROIS PER-

SONNAGES DANSANT ACCOMPAGNÉS D’UN MUSICIEN JOUANT DU

GALOUBET ET DU TAMBOURIN

.

D’origine orientale, les cartes à jouer

font leur apparition en Europe au XIVe siècle et vont se développer aux siè-

cles suivants grâce au développement des techniques de gravure, sur bois

dans un premier temps. Le jeu de tarot, reconnaissable à ses 4 couleurs

composées chacune de 10 cartes numérales et de 4 figures sans oublier les

22 « triomphes » (qui deviendront les atouts), bien identifiable ici sur cette

scène en bordure, est mentionné pour la première fois dans les années

1440 en Italie du Nord.

On retrouve des joueurs de cartes au f. 102 du manuscrit de l’ancienne

collection Burrus aujourd’hui à Yale Beinecke Library due au

Maître de

Dunois

, enlumineur parisien. La miniature illustre « La belle Dame à mercy

» d’Othon de Grandson. Au registre supérieur à droite, un seigneur et la

Dame à mercy sont assis jouant aux cartes. Le Maître d’Adélaïde de Savoie

semble avoir fréquenté un moment les ateliers parisiens.

L’artiste est clairement un

satellite du Maître d’Adelaïde de Savoie

,

d’après le livre d’heures conservé à Chantilly qui a appartenu à cette prin-

cesse tardivement (alias Maître du Poitiers 30) et pour lequel il collabore

avec

Jean Fouquet

. Contemporain de Jean Fouquet, il débute à Angers

un peu avant 1450 auprès du Maître de Jouvenel des Ursins. On retrouve

l’artiste quelques années plus tard peut-être installé à Poitiers. Il enlumine

un Missel à l’usage de Poitiers et essentiellement des livres d’heures. La

LIVRES & MANUSCRITS DU XV

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