III. Collection du Centre d’études et de
documentation de l’Avant-Garde culturelle
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la scène artistique européenne voit l’émergence
d’une multitude de mouvements d’avant-garde qui entendent menacer l’hégémonie du surréalisme. De
l’héritage surréaliste, ils conservent toutefois l’attachement profond à une conception pluridisciplinaire
de la création artistique et des moyens similaires de diffusion des idées, à l’exemple du tract, du pla-
card, de la plaquette et de l’exposition.
Ainsi, deux grandes voies se dessinent à la fin des années 1940 dans le paysage des avant-gardes :
celle du
Lettrisme
d’Isidore Isou et celle du
Surréalisme révolutionnaire
de Christian Dotremont. Du
Lettrisme, fondé sur le dépassement des formes artistiques existantes – tableau réaliste ou abstrait,
poème versifié, roman – au profit de la lettre, du son et du signe, naîtra à la fin des années 1950
l’
Internationale Situationniste
(IS), à l’ambition politique plus ouvertement marquée, notamment au
moment de Mai 1968. Du Surréalisme révolutionnaire, qui entend opposer l’alliance radicale de la
poésie et du marxisme au surréalisme esthétisant et embourgeoisé d’André Breton, se rapprocheront
bientôt des artistes comme Asger Jorn, Corneille, Constant ou Karel Appel ; ensemble ils formeront
Cobra, avant de participer, eux aussi, à certaines activités de l’IS.
Le chercheur en linguistique Robert Estivals (1927-2016) participera très jeune au Lettrisme, avant de
fonder plusieurs groupes dissidents, tels que l’
Ultralettrisme
, le
Signisme
ou le
Schématisme
. Passionné
par ces mouvements, il crée le Centre d’études et de documentation de l’avant-garde culturelle, au
sein duquel il collecte de nombreux documents témoins de leur histoire complexe.
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