Previous Page  26-27 / 308 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 26-27 / 308 Next Page
Page Background

832

DIGULLEVILLE, Guillaume de.

Le pelerinaige de lame

.

Paris

, [Pierre Le Caron pour]

Antoine Vérard, 27 avril 1499.

In-folio gothique [246 x 182 mm] de (2) ff. et 84 ff. : maroquin janséniste rouge, dos à nerfs,

dentelle dorée intérieure, tranches dorées sur marbrures

(Thibaron-Joly)

.

Première et unique édition du roman-poème mis en prose par Jean Gallopes.

Au colophon de l’incunable, la complaisante formule “imprimé par Vérard”, et non plus

pour

Vérard,

mérite d’être rectifiée en faveur de Pierre Le Caron dont on retrouve sur le titre le grand L grotesque

gravé sur bois.

Poète normand, le moine cistercien Guillaume de Digulleville (1295-1380) a composé en octosyllabes

trois

Pèlerinages

allégoriques :

de l’homme

,

de l’âme

et

de Jésus Christ

.

Le Pèlerinage de l’âme

a été mis en prose dans les années 1420 par Jean Gallopes à la requête du régent

Bedford. Le vif succès rencontré par l’œuvre est attesté par un grand nombre de manuscrits et par des

traductions, notamment celle imprimée en anglais par Caxton en 1483.

Le Pèlerinage de l’âme.

En songe, l’Âme guidée par son Ange gardien languit au Purgatoire pour mille ans, non sans avoir

entrevu les Limbes et l’Enfer. Le poète a puissamment inspiré l’imaginaire de l’Enfer médiéval par

des scènes d’un réalisme brutal. Les luxurieux, parmi les mieux traités, sont dévorés par la vermine,

déchirés à coups de fourche et de croc. Ils hurlent leur souffrance parmi d’autres damnés éternels :

païens, mécréants, juifs et ministres cupides du roi – suspendus par la langue au-dessus d’un brasier.

Un des huit

exemplaires

connus,

le seul

en mains

privées

Admirable illustration de 28 figures gravées sur bois.

Les compositions de premier tirage ont été conçues pour l’ouvrage ; huit étant répétées.

L’Âme humaine représentée par un personnage nu, muni du bourdon et de la besace, aborde les Limbes

où végètent les enfants morts sans baptême, plus proches du gouffre infernal que du séjour de félicité.

Ces légendes qui, au milieu du XIV

e

siècle, conservent encore l’apparence d’inventions poétiques, sont

représentées comme des vérités dans la prédication au siècle suivant.

“On s’est souvent demandé pourquoi le poème de Dante nous était demeuré si longtemps inconnu :

c’est que nous avions déjà notre Enfer” (Mâle,

L’ Art religieux de la fin du Moyen Âge en France,

1925, pp.467).

Bel exemplaire, à grandes marges, lavé ; le seul encore en mains privées parmi les huit recensés.

Provenance :

Eugène Piot

(cat. 1891, n° 478).- Charles Fairfax Murray (cat.

Early French Books

II, n° 644).

-

Edmée Maus

, avec ex-libris.-

Otto Schäfer

(cat. II, 1995, n° 94 : “Goff’s treatment of this edition as part II

of Verard’s edition of the undated

Pelerinages de la vie humaine

is an error. There is nothing in the title-pages,

quiring, or colophons of the two works to connect them bibliographically.”).-

J.R. Ritman

, avec ex-libris.

Mors supérieur frotté.

Tchemerzine III, p. 650.- GW 11844 : l’exemplaire est cité.- BMC VIII 88.- Goff G-637 : Pierpont Morgan Library.- Bechtel G 355 : l’exemplaire

est cité.- Claudin II, pp. 477-78.- Faral,

Guillaume de Digulleville, moine de Chaalis

in

Histoire littéraire de la France

, tome 39, 1952, pp. 48-72,

129-130.- Arnim,

Katalog der Bibliothek Otto Schäfer

I, 1984, n° 146.

60 000 / 80 000 €