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je donc, je voy bien que mes confessions et mes communions n’ont rien valu. Il est vray, Mad
e
que vôtre vie n’a esté
que peché, il faut employer le peu de temps qu’il vous reste a fere penitance. Montrés moy donc commant il faut que
je fasse, confessés moy »… L’abbé la confesse alors, et lui fait entendre « un langage que l’on n’entand point dans le
monde » : « je luy dis, humiliés vous, Mad
e
, […] vous n’estes qu’une miserable pecheresse, qu’un vermisseau de terre,
qui va tomber, et qui se cassera, et de toute cette grandeur il n’en restera aucune trace. […] Elle demanda la croix dont
la Reyne Mere s’estoit servie a la mort, elle la baisa fort humblement »… Et Feuillet l’exhorte à s’anéantir devant « ce
Dieu terrible et misericordieus »… Suivent une saignée et l’extrême onction, et alors qu’elle agonise, l’abbé rappelle les
péchés qu’elle a commis par de mauvaises pensées, des « regards illicites », l’écoute de médisances, « les ardeurs de la
concupiscence » et de mauvaises actions : « vous voila sur le champ de bataille, vous avés en teste de puissans ennemis,
il faut combatre aydée de la grace de J.C. et il faut vaincre »… Ses souffrances augmentant, il l’encourage à appeler de
plus « sensibles douleurs », comme Saint Augustin, et de dire : « que le pus et l’ordure coule dans la moüelle de mes
os, que les vers grouillent dans mon sein, pourvû mon Dieu que je vous aime c’est assés »… Enfin, M. de Condom
[
Bossuet
] arriva, se prosterna, et « fit une priere, qui me charma »… Bossuet étant sorti prendre l’air, elle sentit venir
la mort, et Feuillet lui dit : « Hé bien Mad
e
n’estes vous pas bien heureuse d’avoir accompli en si peu de temps vôtre
course, apres un si petit combat, vous allés ramporter de grandes recompanses. Mons
r
de Condom arriva, mais elle ne
parloit plus […] et en deux ou trois instans, elle randit son ame a Dieu. Je le prie qu’il luy fasse misericorde et vous
conjure de prier Dieu pour le repos de son ame. »
Anciennes collections Ch.-L.
F
ière
, « bibliophile dauphinois »
(III, 14-16 novembre 1938, n° 557)
, puis Marcel
P
lantevignes
(8 mars 1977, n° 180).
30.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
(1783-1837) fille de Joséphine de Beauharnais, femme de Louis
Bonaparte, Reine de Hollande et mère de Napoléon III. L.A.S. « Hortense duchesse de Saint-Leu »,
29 novembre 1815, [à Louis
Fabry
fils, sous-préfet de Gex] ; demi-page in-8.
400/500
« Monsieur le sous préfet, le lieu de ma résidence est fixé par le gouvernement français et par les puissances alliées,
je m’y rends par la Suisse munie de passeports en règle, et je parts demain à neuf heures du matin pour aller coucher à
Lausanne. Je serois déjà partie sans les accidents arrivés à ma voiture »…
31.
Jean-Baptiste KLEBER
(1753-1800) général. L.A.S., Belfort 6 avril 1786, à M.
Tourné
, « Bourgmaitre
regnant », à Thann ; 2 pages in-4, adresse avec cachet de cire rouge (brisé).
500/700
Sur l’activité d’architecte du futur général de la Révolution.
[Kleber fournira les plans du nouvel hôpital
Saint-Erhard de Thann en 1787 ; la construction en commencera en 1788, année où Kleber devient architecte de la
ville.]
Il a reçu sa lettre indiquant que les magistrats « desireraient voir une de mes premieres esquises de l’hopital qu’ils
se proposent de faire construire sur l’emplacement du château de feu M. de Marsilly. – […] le peu de zèle, d’energie et
d’union que j’ai cru remarquer dans ces M
rs
pour favoriser cet etablissement, m’avait entierement decouragé de m’en
occuper ; et j’ai cru dès lors aussi, devoir demander une instruction et des ordres positives à M
gr
l’Intendant sur cette
affaire. J’en reçu une lettre que j’aurai l’honneur de vous communiquer ainsi qu’à M
rs
du Magistrat assemblé dans
une quinzaine de jours au plus tard ou je compte me rendre à Thann. Il s’agira alors, de constater par procès verbal la
déliberation sur les moyens les plus convenables qui me seront indiqué et que je serai a meme d’apercevoir pour eriger
l’etablissement »… Afin de les faire taxer par l’Intendant, il prie de remettre au porteur « les differens plans et devis
que j’ai faits pour divers objets de décoration de votre Eglise collégiale »…
On joint
une L.A.S. de son demi-frère B
urger
, au même, pour réclamer le règlement du mémoire (Belfort 25
décembre 1787) ; et une L.A.S. d’A.
Bruat
à son frère avocat à Colmar, évoquant des fiançailles rompues de Kleber
(Grandvillars 15 février 1789).
32.
Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, Madame de LA FAYETTE
(1634-1693) femme de lettres, auteur
de
La Princesse de Clèves
. L.A., [Espinasse] 27 février [1657, à Gilles
Ménage
] ; 2 pages in-4 (quelques
légers défauts, et 4 petites corrections anciennes ; copie ancienne jointe).
2 000/2 500
Bellelettrelittéraire,évoquantsacollaborationavecMénage,unromandeMademoiselledeScudéry,
et la marquise de Sévigné
.
« Il y avoit lomtemps que vous ne m’avies escrit une lettre si lettre que la dernière que j’ay receue de vous ; toutes
les autres ne sont quasi que des mémoires des nouvelles du monde ; mais dans celle cy vous me parlés de vous et de
vos œuvres : je suis comme jalouse qu’elles s’advansent si fort en mon absence, et j’ay dans la teste que quelqu’un
vous aide au lieu de moy : mandés moy sincèrement ce quy en est ; et au moins si je ne suis celle quy vous aide, que je
sache quy elle est. Je ne sçaurois m’imaginer que vous travailliés sans secours, et quand je repasse toutes vos œuvres
et que je considère qu’il n’y en a pas une ou quelque belle n’ait part, j’ay peine à comprendre que vous travailliés
presentement en l’air »... Il lui a promis le roman de Madeleine de
Scudéry
,
Clélie
. « Je m’estonne que M
e
de
Sévigné
y soit si peu cognoisable que vous ayés eu peine à la cognoistre. Je gagerois toutes choses que je devine la raison quy
vous la fait mécognoistre mais je ne vous la dirai pas pour quoy que [ce] soit. Un gentilhomme de mes amis ma donné