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Livres & œuvres sur papier

13 octobre 2020

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BRETON ANDRÉ

(1896-1966)

12 Lettres autographes signées

adressées à Valentine HUGO

Paris 1930-1934, 12 pages in-4 ou in-8 à

l’encre sur papier, enveloppes conservées.

Très belle correspondance à l’artiste et

l’amie, qui fut aussi, en 1930, sa maîtresse.

29 juillet 1930. Elle ne l’a pas blessé. « La

vérité est que cette vie, qui est la mienne

et que vous vous défendez inutilement de

vouloir changer, est en ce moment si faible,

en vaut si peu la peine que je ne la trouve

capable de se composer avec rien. Il me paraît

déjà bien beau que cette barque vide fasse

semblant de tenir la mer. Mais si vous saviez

comment je passe le temps : j’erre, presque

toujours dans le même quartier de Paris, en

attendant que le soir vienne, je ne fais, je ne

vois presque absolument rien qui vaille. Le

moyen, dans ces conditions, d’avoir même

une conversation avec vous, qui attendez

quelque chose de moi ! Autant demander

aux papillons de s’envoler en plein hiver » ...

Pourtant il lui parle avec abandon... « Mais

je sais ce qu’est l’expérience, non pas du

bonheur certes mais de la non-solitude,

quelque visage qu’elle emprunte - il en est

de charmants, de tolérables - je l’ai eue... je

l’ai perdue. Je suis [...] tout à fait rejeté sur

l’autre rive » ...

30 juillet. L’impossibilité de la voir ne vient

pas de lui. « Je suis très mécontent de pro-

longer ainsi vis-à-vis de vous mon séjour dans

l’ombre. Mais les événements persistent à dis-

poser de moi de la manière la plus bizarre »...

1er septembre. Il lui est impossible de remettre

des rendez-vous qu’il a ce soir pour la revue :

«je ne peux pas venir. Tout à fait à contrecœur

j’ai dû faire descendre la fougère dans la cour

mais je me mets plusieurs fois par jour à la

fenêtre pour la regarder »...

6 septembre. « Je crois que ce qui se passe,

malgré tout, est bien, que la fierté à laquelle

vous tenez autant que moi ne peut être placée

que beaucoup plus loin, - la vraie fierté, car

l’autre ni vous ni moi n’en saurions que faire. Et

toute autre manière d’être avec vous, en raison

même de l’importance que j’attache à vous,

n’eût été jusqu’ici de ma part que confusion

volontaire et que légèreté »...

Mardi [20 septembre 1932]. « Je déplore ce

qu’il peut paraître y avoir d’inhumain dans le

fait de vous retourner ces lettres sans les lire,

mais je vous avais demandé de les reprendre

avant mon arrivée. De grâce ne m’obligez

plus à de tels gestes soit en m’écrivant soit

en cherchant à me rencontrer dans la cour

de cette maison. Il n’est pas possible que

nous consentions à nous faire encore plus

de mal »...

15 février 1933. « Naturellement je ferais figu-

rer votre nom au bas de toute protestation à

laquelle pourrait donner lieu l’affaire du “De

Zeven Provincien”. Il est à craindre que rien

ne soit fait en ce sens, l’A.E.A.R. [l’Association

des Écrivains et Artistes révolutionnaires] par

exemple se réservant pour d’autres sujets

d’intervention et l’activité surréaliste se trou-

vant faute de revue réduite au minimum. [...]

j’ai de nouveau mal à l’œil et il m’est très

pénible de suivre le tracé d’une phrase. Je

verrai sûrement un jour vos dessins qui, je

suis sûr, sont parfaitement beaux : le tout est

que je sois en état de les voir » ...

23 juin 1934. « Pardon de ne pouvoir venir

mais Mme Ferry a dû partir de très bonne

heure pour Joinville et il est extrêmement

probable que les “artistes de la mise en scène

française” la retiendront jusqu’à sept ou huit

heures, de sorte que nous n’irons pas à Saint-

Brice non plus »...

27 juin 1934. « Je n’ai su comment vous parler

hier soir de ce que vous m’avez fait offrir par

Paul [ÉLUARD] en échange de si peu de

chose. Vous savez que ce n’est pas sans une

certaine angoisse que je songe à ces feuillets

d’écriture allant rejoindre tant d’autres feuillets

semblables : ai-je bien le droit de vous les

laisser préférer à tant d’autres choses beau-

coup plus précieuses et même, je crains, à

tant d’autres choses nécessaires ? J’en suis

plus particulièrement alarmé vers le milieu de

cette très singulière année 1934 où l’équilibre

tend à se faire entre le mieux et le plus mal,

inespérable et le parfaitement décourageant »

... Il revient sur une toile qu’ils regardaient hier,

désagréable de près, captivante à distance.

« Le personnage caligaresque de l’auteur

n’est d’ailleurs pas pour me faire affermir

mon jugement »...

29 septembre 1934. Il propose de venir mardi

soir chez la duchesse Dato. « Peut-être sera-

t-il temps encore de proposer à Madame

OCAMPO de passer un jour prochain chez

moi, puisque vous pensiez que cela pourrait

l’intéresser un peu. J’espère que vous viendrez

aussi »... 25 août 1935 1 h. du matin.

« Je vous ai priée très explicitement l›autre

soir de ne pas intervenir dans les tractations

relatives au Congrès des écrivains. Je ne

comprends pas qu›après cela je puisse

recevoir d›André MALRAUX un pneumatique

comme celui que je reçois, et qui ne me

renseigne même pas sur l›essentiel. Il était

bien convenu que vous me laisseriez me

“débrouiller”, suivant une expression curieuse

que j›ai retenue, tout seul. J›estime que votre

démarche, si bien intentionnée qu›elle puisse

être, me met dans une situation ridicule. Je

proteste contre elle et contre le fait que vous

ne m›ayez pas même mis au courant. [...]

j›entends rester maître de mes actes. J›insiste

donc à nouveau pour que vous n›y preniez

pratiquement aucune part »...

L’on joint

une L.A.S. (minute) de Valentine

HUGO, Paris 10 juillet 1933, protestant contre

l’exclusion d’André Breton de l’A.E.A.R., et

blâmant les « sympathisants dont la flamme

révolutionnaire est de la couleur de la pluie

et du beau temps », ainsi que les arrivistes.

L’ont joint également

une photographie ori-

ginale de Valentine Hugo et André Breton,

assis côte à côte sur les marches d’un jardin

méridional (palmier et cactus), avec l’ombre

du photographe Paul ÉLUARD.

2 000 - 3 000 €

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BLONDIN Antoine (1922-1991)

Ensemble de 5 lettres autographes,

4 cartes postales et 1 télégramme,

adressé à Roger NIMIER

1957-1959, divers formats.

Correspondance chaleureuse et amicale

d’Antoine Blondin adressée au hussard Roger

Nimier.

« […] Je gamberge étroit, moi aussi sur la

chose de cette faridon, qui doit conduire

nos deux lascars droit à Nanterre (pas au

boxons, ni aux pompiers, mais chez les petits

vieux). […] ».

Blondin adresse à Nimier cette savoureuse

note anonyme : « Si le monsieur du 8 vœux

que je lui broute sa kekete de voillou, ile faux

draps kil attende que jet fui les chembres.

Après je sortirai avec Mamée et masseur ».

600 - 800 €

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BRETON André (1896-1966)

André Derain

, poème autographe signé. [1919]

Poème autographe à l’encre signé par André

Breton et publié dans son premier livre,

Mont

de Piété

, en 1919.

« Songeuse / mystiques / ces langes bleus

comme / un glaçon.

L’humain / frémisse, et toi : le / premier né /

c’est l’ange ! ».

Photo originale d’André Breton jointe au

poème.

Rare.

2 000 - 3 000 €

21

BRETON André (1896-1966)

Lettre autographe signée

Paris, 29 mai 1929. 1 page ½ bi-feuillet in-12 à

l’encre sur papier.

Breton remercie son correspondant d’avoir

répondu si vite à son appel ; « [...] Je reçois à

l’instant le chèque de 13525 francs que vous

avez bien voulu me faire adresser d’Ams-

terdam. Je vous prie encore d’excuser ma

démarche et j’espère que vous voudrez bien

ne pas trop m’accuser d’importunité [...] ».

200 - 300 €

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