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Lettres & Manuscrits autographes

26 mai 2020

200

SHAW George Bernard (1856-1950)

L.A.S. « GBS »,

Ayot St. Lawrence, Welwyn, Herts.

21 février 1923,

à Kenneth Richmond, à Saint Merryn (Cornwall) ; carte in-12 à son adresse

avec adresse au dos ; en anglais.

Contre le Théâtre Everyman de Hampstead

(qui avait repris, depuis

1920

You never can tell

et plusieurs autres de ses pièces).

Hampstead est le faubourg le plus désespérément philistin d’Angle-

terre. Rien d’artistique n’y réussit, jamais. Aucun habitant n’a jamais

franchi le seuil du Théâtre Everyman, à l’exception d’ELGAR, et il n’y

habite plus… (« Hampstead is the most hopelessly Philistine suburb in

England. Nothing artistic ever succeeds there. No inhabitant has ever

been known to croos the threshold of the Everyman Theatre, except

Elgar ; and he no longer lives there. »)

150 - 200 €

201

STAËL Germaine Necker, baronne de (1766-1817)

L.A., Coppet 23 mai [1815], au comte Trophime-Gérard de LALLY-

TOLENDAL ; 3 pages in-4, adresse.

Magnifique lettre politique des Cent-Jours

.

« […] c’est le roi qui nous a rendus heureux pendant dix mois si courts de

notre vie, c’est la pauvre France que j’aime encore sans savoir presque à

qui adresser ce sentiment. Deux hommes politiquement ont abandonné

notre parti libéral qui comptoit plus de victimes que de transfuges mais

de ces deux c’est Benjamin [

CONSTANT

] qui m’inspire le plus haut

degré d’irritation. Quand à moi vous ne croirez pas j’espère que j’aille

à Paris malgré toutes les séductions que l’on employe pour m’y attirer.

Je reste ici. Je suspends, au moins, le mariage de ma fille et je m’en

irai cet hyver en Grèce et à Jerusalem si tout n’est pas fini. Il faut bien

aller en terre sainte pour être plus loin de la terre impie, et cependant

c’est notre pays ! » Elle donne des nouvelles : « On a offert à Mr de

LA FAYETTE

et à Mr de

BROGLIE

d’être pairs et ils ont refusé. Notre

pauvre vieux jeune

DUPONT DE NEMOURS

est parti pour l’Amérique.

Il paroit sans cesse à Paris des écrits pleins de regrets pour le roi mais

ce nom d’étrangers produit une irritation invincible. Je ne connois que

le midi qui dit-on le supporte très bien. Tachez de vous nationaliser le

plus possible. Je voudrois le roi en Suisse dans un pays neutre envi-

ronné de Suisses qu’on est accoutumé à regarder comme des François.

199

SAND George (1804-1876)

L.A.S. « G. Sand », Nohant 13 février 1869, au compositeur Alexandre

BAZILLE ; 4 pages in-8 à son chiffre (petite déchirure dans la marge sup.

sans toucher le texte).

Au sujet d’une domestique

.

« Mon cher enfant, vous vous êtes donné bien de la peine pour nous

avoir une bonne gouvernante […] Mais elle ne remplit pas notre but et

ce n’est la faute de personne, pas même la sienne, je pense, car c’est

une très douce fille et sans défaut moral que je sache. Mais elle n’est

pas douée des aptitudes nécessaires à un ménage bien tenu et à un

service régulier et

prévu

. Elle n’est pas vive, elle est distraite, elle n’aime

pas je crois ce genre de fonctions ou elle n’en a pas la force, ou elle

n’aime pas à se donner un peu de peine enfin elle n’y arrive pas, et

pour le prix que nous lui donnons, nous aurions deux bonnes du pays

qui ne feraient ni mieux ni pire. Nous avons voulu lui donner le temps

de se retourner, de s’essayer et de s’habituer, et le temps n’a amené

aucun progrès. […] Nous lui donnerons tout le temps nécessaire pour

se placer bien, et si, de votre côté vous trouvez une bonne place pour

elle, agissez. Nous n’aurons que d’excellents témoignages à donner de

son caractère, de sa délicatesse et de son travail de femme de chambre

proprement dite. Le rangement, le service de table, le coup de balai

et le plumeau ne sont pas son affaire, c’est une demoiselle. Si elle ne

l’était pas chez vous, elle l’est devenue, et elle peut très bien trouver

son emploi sur ce pied dans une maison riche. Nous n’avons pas cet

emploi chez nous, où il faut être un peu à tout »…

Puis Sand s’enquiert : « Et vous que faites-vous ? Où en sont vos tra-

vaux et vos espérances dans ce temps de barbarie musicale où nous

vivons ? »… Elle ajoute, à propos de sa belle-fille Lina et de la bonne :

« Lina se couche à 11 h. et se lève à 6. Jeanne est libre de se coucher

à 9 h. et elle se lève à 8. […] Lina est très bonne, mais elle se fatigue

trop, et nous ne voulons pas »….

Correspondance

, XXI, n° 14135.

400 - 500 €

Enfin c’est l’opinion qu’il importe de conquérir. La guerre est chose

aisée mais après elle il reste toujours 24 millions d’hommes dont plus

de la moitié a le cœur ulcéré. […] Je ne suis pas du nombre de ceux

qui croyent à une résistance invincible en France mais je ne crois

pas non plus à une révolution à Paris et il me semble que la pire des

situations se prépare – c’est à dire les étrangers faisant tout et la nation

toujours ulcérée, au reste qu’y faire ? Cet homme [

NAPOLÉON

] n’est pas

conciliable avec l’espèce humaine. Sa constitution est meilleure que la

charte constitutionnelle mais sa chambre des pairs l’a singulièrement

dépopularisé elle ne sera jamais cette chambre qu’une anti-chambre

ou qu’un corps de garde. On n’a pas tout dit en appelant des gens des

pairs

et pour lui je le vois dans la nécessité de tirer à la courte paille

entre Mr le Baron de Vaux et le comte Mouton »… Elle demande des

nouvelles de la princesse d’H

ÉNIN

, et elle conclut : « Mon Dieu que je

voudrois causer avec vous. Mais il faut rester ici pendant cet orage avec

mon pauvre petit rosier de fille qui a sa part aussi du malheur public »…

On joint

une L.A.S. de LALLY-TOLENDAL à Mme de Staël, au sujet d’une

invitation à une soirée chez la Princesse d’Hénin (2 p. in-8, adr.) ; et 3

L.A.S. de la fille de Mme de Staël, Albertine duchesse de BROGLIE,

au comte de Lally-Tolendal ou à la princesse d’Hénin.

3 000 - 4 000 €

199