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203

HISTOIRE

autres, ou plutôt, je le crains »…

4 février

. « Je me suis séparé de

vous et c’est une impression douloureuse. Quoi que je fasse il me

semble que je n’ai pas votre approbation et j’en souÀre. L’approche

des événements prochains tendent aussi à accroître mon malaise

intérieur […], j’ai besoin de vous et de votre tendresse et j’appelle au

secours »…

4 [avril]

. Le temps a été long depuis leur dernière rencontre :

« Je trouve que vous avez la mémoire courte ». Il évoque la visite

d’une délégation des maires de S. et O. et des frères Tharaud « que

vous aviez chargé d’une mission pour moi. Ni eux, ni le Préfet qui les

accompagnait ne m’ont parlé de vous. […] Vous avez compris que je

me trouvais aux prises avec de graves ennuis qui ne sont pas près de

s’atténuer. Ils me viennent de partout, du nord, du sud et de l’ouest.

La situation ne fera sans doute que s’aggraver. Il faudra faire face à

l’orage et tendre mes muscles. J’y suis mal préparé parce que des

fautes ont été commises qui me font une mauvaise préparation à la

lutte. Enfin si un danger me menace je me figurerai que vous êtes à

mes côtés et que vous vous eÀorcez de détourner de moi les mauvais

coups »…

17 avril

. Il s’interroge longuement sur la date de la dernière

lettre de son amie, en insistant sur la consigne des deux enveloppes,

« en attendant le jour heureux où la correspondance sera redevenue

libre »…

[Château de Voisins, près Rambouillet] 13 mai

. « Je suis ravi

d’apprendre que nous sommes si près l’un de l’autre […] je puis faire

porter une lettre chez vous vous prévenant de ma visite, bien que je

sois assez surveillé. […] Tout est dišcile en ce moment. Gardez-moi

votre confiance et sachez attendre »…

Et vous vous adressez à moi qui ai si peur des femmes auteurs !

Rassurez-vous, je n’ai plus aucune prévention sur votre caractère

d’écrivain, quand il s’agit de vous que j’admire »… La lettre de son

amie ayant été ouverte par son cabinet, il lui recommande de passer

par son bureau de Paris, 8 boulevard des Invalides, et le colonel de

Fériet : « Depuis la fin de la guerre précédente j’ai toujours habité

Paris, mon bureau étant distinct de mon appartement. […] Je serais

si heureux que notre correspondance puisse être facilitée ! Quand

vous verrai-je ? L’attente me pèse beaucoup. Il me tarde tellement de

vous embrasser »…

14 octobre

. Elle pourrait lui apporter elle-même

son article pour Chaumeix : « Votre long silence ma fait de la peine.

Tout l’espoir que j’avais fondé sur le gain de votre aÀection est en

train de s’évanouir. […] Je mène ici une existence très occupée. Notre

situation s’aggrave presque chaque jour. Je viens précisément d’en

acquérir la preuve. – Aussi, bien qu’il m’en coûte, je change d’avis et

vous demande de retarder la démarche que je viens de proposer.

Je vous préviendrai lorsque je croirai que la voie est redevenue

libre. Je vous quitte donc pour un temps indéterminé. […] Je vous

embrasse de tout mon cœur, chère Simone ».

25 octobre

. Il prendra

des dispositions pour la recevoir en novembre. « Je pense à vous

très souvent et ne puis imaginer que je ne vous connais pas depuis

toujours et que même je vous aimais jeune fille. Les temps sont

dišciles ; l’avenir est bien embrouillé. Comment s’y reconnaitre dans

ce désordre des esprits. Pour m’aider à m’y reconnaitre j’ai besoin

d’avoir avec moi quelques cœurs dévoués et c’est vers vous que je

me tourne »…

18 novembre

. Ravi et ému de la savoir arrivée à Vichy,

il l’attend le soir à 6 heures. « J’hésite à me présenter à votre hôtel.

Je crains que ma visite n’attire l’attention »…

20 novembre

. « Il serait

bon que vous portiez une carte dans l’après-midi chez la maréchale.

Vous seriez accompagnée de votre fille ; la maréchale habite à l’hôtel

Majestic. […] en quittant la maréchale vous vous arrêterez à l’hôtel du

Parc chez moi : votre fille rentrera chez elle et viendra vous retrouver

à 8 heures au salon de l’hôtel avec son mari, pour dîner. Comme

sujet de conversation, vous pouvez rappeler vos souvenirs anciens »…

21 novembre

. « J’ai pris la décision de ne pas paraître ce matin aux

couleurs. Je vous en expliquerai la raison ce soir à dîner où je vous

demande de venir à 8 h. avec votre fille et son mari »…

28 novembre

.

Il croit avoir répondu comme elle le désirait à l’aÀection qu’elle lui a

manifestée ; depuis son départ il pense sans cesse « à la tendresse

dont vous m’avez donné des preuves […]. Plus que jamais j’ai besoin

de votre aÀection. Elle m’est nécessaire pour continuer la lutte que

je soutiens chaque jour et qui, à la longue, devient épuisante »…

13

décembre

. « Ma tâche est de plus en plus rude et dišcile. Donnez-moi

au moins une petite aide morale […]. Les journaux ne parlent pas de mes

dišcultés ; aussi le public reste muet ; ce qui m’étonne beaucoup »…

Il demande une photo qui lui rappellerait « ces yeux que j’aime » :

« gâtez-moi un peu vous me le devez, en récompense des eÀorts

que je fais pour la France et pour vous »…

1944

.

4 janvier

. « Votre silence me fait de la peine. J’ai eu tellement

d’ennuis ces derniers jours que je comptais sur un mot aÀectueux

pour me réconforter. J’ai besoin de votre aÀection »…

14 janvier

.

Elle est bonne de venir lui apporter le réconfort de sa présence

« dans la situation profondément pénible dans laquelle je me trouve

aujourd’hui ». Mais une rencontre ne sera pas facile : « Il y a deux

solutions, ou vous voir chez moi ou vous voir à votre hôtel […]. Les

nouvelles qui m’arrivent de toutes parts sont inquiétantes. Nous devrons

prendre de très minutieuses précautions pour nous rencontrer »…

15 janvier

. « Je vous attends chez moi ce soir à 6 heures. À cette

heure l’obscurité n’est pas complète. Pour le retour à l’hôtel, vers 7

½, je vous ferai accompagner par un de mes hommes »…

16 janvier

.

Le général Campet va lui transmettre son invitation à dîner ce soir :

« Dans ces conditions, je crois prudent de supprimer votre visite de

6 heures qui attirerait un peu trop l’attention. Cette visite pourrait être

reportée à demain […]. Je ne vous ai pas repéré ce matin. De mon

observatoire c’est très dišcile, mais j’ai pensé que vous étiez là. Je

me sens près de vous de plus en plus »…

17 janvier

. « J’ai eu une

matinée pénible aujourd’hui. Je pense qu’elle sera suivie de plusieurs