165
487.
ABD-EL-KADER
(1807-1883) émir arabe. L.S., 26 chawwal 1249 (avril 1871), à son noble et cher ami le comte Auguste
de
N
ollent
; en arabe (traduction d’époque jointe ; un bord un peu déchiré sans manque).
600/800
Il a fait la demande pour la décoration, et le Pacha lui a dit d’attendre quelques jours, car le gouvernement se trouve dans un grand
embarras. Il ne néglige rien cependant et ne sera tranquille que quand il la lui aura obtenue, ce qu’il espère faire avec l’aide de Dieu…
488.
Laure Permon, duchesse d’ABRANTÈS
(1784-1838) écrivain, auteur de Mémoires, veuve du général Junot, maîtresse
de plusieurs écrivains romantiques. L.A.S., [entre 1809 et 1812], à un comte ; 1 page in-4.
100/150
Le poste près de l’hôtel du duc d’Abrantès [
J
unot
] vient d’être supprimé. « Il lui sera surement fort pénible d’apprendre qu’on a choisi
le moment où il va courir de nouveaux dangers pour lui faire un désagrement aussi sensible. Le peu de monde qu’occupait le poste ne
peut être une des raisons de sa suppression, et cependant quoiqu’il fut peu nombreux il maintenait encore l’ordre dans tout le quartier »…
489.
Guerre d’ALGÉRIE
. 234 L.A.S. d’Henri
C
olas
, 1955-1962, à
sa
femme
Josette et leur fille Mireille, à Boulogne-sur-Seine
puis Verneuil-sur-Seine ; plus de 530 pages formats divers d’une écriture parfaitement lisible, nombreuses enveloppes.
1 000/1 500
I
mportante
et
très
intéressante
correspondance
d
’
un
militaire
de
carrière
, né en 1923, engagé en octobre 1945 ; Henri Colas
avait déjà connu la Corée et l’Indochine avant d’arriver en Algérie, avec le grade de sergent (il passera sergent-chef, puis adjudant).
Ces lettres, écrites de Boufarik, Relizane, Marna, Bab-el-Assa, environs de Tlemcen, Montagnac, Saint-Cloud (Oran), Tizi-Ozou, etc.,
témoignent de conditions de vie souvent très dures : carences d’équipement et de vivres, températures extrêmes, sabotages, exactions,
désertions, composition suspecte des troupes, etc. Selon les journaux de France la pacification est presque terminée : « ce sont de sacrés
menteurs, car j’ai l’impression, étant aux premières loges, que c’est tout le contraire » (24 janvier 1956)… Dénonciation de l’égoïsme
de ses compatriotes, qui rapetissent la France : « Si tu avais vu […] les atrocités commises par ces bandits qui ne sont nullement des
hommes, cela dépasse l’honneur d’être un homme, quand tu vois les enfants de quatre mois, jusqu’à sept ou huit ans, la gorge ouverte
et que tu les prends dans tes bras et qu’il n’y a que la peau du cou arrière qui tient. De plus terrible, ils osaient enfoncer dans l’anus
de ces innocents des manches de pioches ou de pelles. Aux femmes, les seins leur étaient coupés et d’autres mutilisations. Est-ce que
tu vois sur les journaux de ces photos, certainement non mais on parle de répression militaire » (1
er
mars 1956)… Commentaires sur la
mentalité « désastreuse » des indigènes, et l’inégalité des sexes : « C’est une infamie de voir les chefs de famille laisser leur femme et
leurs enfants dans un état de saloperie. Eux font les beaux, le restant ne compte pas, pire que des bêtes. Le jour où la femme d’ici sera
émancipée, je n’en vois pas l’aube » (10 novembre 1957)… La France est généreuse avec le sang de ses hommes : « L’Armée perd combien
de cadres de valeur, car nous savons “pacifier” et non conquérir par la terreur et cela coûte cher, comme politique » (17 janvier 1958)… Les
harkis sous ses ordres sont fidèles et braves… Il espère qu’un
D
e
G
aulle
pourra sortir la France du pétrin… Vers la fin de 1958, on sent
chez les salopards une nette tendance à la débandade… À Philippeville, il fait connaissance avec le Centre d’instruction à la pacification
et à la contre-guerilla, « le fameux centre du colonel
B
igeard
et je t’assure que la discipline est stricte. Il faut serrer les dents » (22 avril
1959)… Aucune lettre en 1960. En 1961, Colas opère le long de la frontière marocaine. « Je ne sais si nous allons encore rester longtemps
en Algérie, mais d’après le discours du général De Gaulle, je crois
que les événements vont se précipiter » (30 décembre 1961)… Échos
de rapatriement des unités militaires et du référendum… Situation
anarchique malgré de belles phrases de réconciliation… Rumeurs
sur la mobilisation des femmes… Attentats visant les gendarmes,
puis l’armée… Exode des Européens, abandonnant leurs biens. « La
radio officielle a beau leur donner des garanties sur tous les plans,
ils n’ont pas confiance et moi je les comprends, car il faut voir les
dessous. La presse française ne dit rien et ne peut rien dire. Le
pauvre De Gaulle s’est fait rouler comme un bleu » (4 août 1962)…
Les civils européens supportent des brimades de toute nature :
enlèvements, pillages, viols. « Nous, nous respectons loyalement
les accords d’Évian, mais eux ils en profitent, cette race de chiens
d’Arabes, je ne suis pas raciste mais c’est la plus belle saloperie que
la Terre ait sortie […] tout ce que peut raconter notre T.V. pourrie
n’est que mensonges » (11 octobre 1962)… Etc.
O
n
joint
un ensemble de lettres à lui adressées par sa femme
(plus de 50), leur fille (6), son père (5), son frère Robert (6), sa
belle-sœur Micheline, et quelques camarades d’armes. Plus divers
documents imprimés ou dactylographiés relatifs au service : cours
de topographie ; dossier du Centre de perfectionnement des
cadres à l’intention des sous-officiers des corps d’armée d’Alger,
d’Oran et de Constantine ; extrait de directives sur la politique de
pacification, etc.
HISTOIRE




