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471.
Jacques LACAN
(1901-1981) psychiatre et psychanalyste.
M
anuscrit
autographe ; 3 pages in-4.
1 000/1 500
B
rouillon
,
avec
ratures
et
corrections
,
d
’
un
texte
sur
la
psychiatrie
.
« La psychiatrie n’est d’abord qu’un acte de ségrégation inaugurant un
ποιουμενον
nouveau, apparemment le malade mental, mais
en vérité le psychiatre. À partir de là c’est un art. Entendons à partir de la fabrication de l’artiste. L’acte inaugural a été étudié dans
ses corrélats, de structure sociologique, dans une
Histoire de la folie
, de mon ami Michel
F
oucault
, celui-là même à qui la critique
journalistique m’associe avec d’autres aussi sympathiques, dans un complot dit structuraliste, lequel est loué d’avoir été le nôtre, pour la
raison que notre fin n’est sûrement pas de relayer aucun de ces effets de vogue, où je ne verrai quant à moi qu’office du marché culturel,
à savoir fonction opérante pour détourner les bonnes gens du seul savoir où je voulais les introduire, et qui concerne leur désir. Avant
Esquirol et Pinel, pour ne citer que les français, – en vérité l’Angleterre est bien en avance sur eux nous portant témoignage de l’art
profitable de la maison de santé dans un drame de Thomas
M
iddleton
:
The Changeling
, qui date de 1653, – avant donc, le délirant
délire, le névrosé est un bizarre, ils ne sont que singuliers, donc élus. Ils inspirent respect et horreur. Un seuil leur donne abri qui tient
au sacré. Ils n’affectent pas le général. C’est donc par la voie d’une institution policière, que se fraie son chemin la découverte que la
pensée n’est pas une fonction naturelle, qu’elle n’est pas accordée si ce que le mot français : connaître souligne d’une erreur héritée.
Supposons que
to know
se dise
to be withborn
(withborn au monde, “naturellement”). “Inhibition, symptôme, angoisse”, la perversité du
désir, la folie rassurante, relèvent de la pensée et y constituent un sujet aussi tenace que celui de la logique. Le psychiatre se constitue
lui-même comme sujet qui doit contenir la reconnaissance de ce sujet-là. Pour cela il invente les étages de la
synthèse
psychologique.
À la vérité ce n’est là qu’ornement. Il a l’arme de la clinique.
Naissance de la clinique
: autre étude de Michel Foucault, restée aussi
indifférente que l’autre à ceux qu’elle intéresse, mais montre le regard du clinicien comme élément constituant d’un objet qui l’habille.
N’en pas oublier la fonction devrait rentrer dans la déontologie médicale. Mais pour cela il faudrait que fut plus vulgarisée la nature de
l’objet défini par Lacan sous l’algorithme : (a). Le fait que la clinique psychiatrique reste inchangée dans l’appréciation psychanalytique,
prouve que l’idéal du psychiatre que l’analyste puisse ou non lui-même se qualifier, tient toujours avec lui le rôle de l’“idéal du moi”.
Cette carence
poétique
signe le blocage d’un avènement dont l’essence n’est pas encore entrevue ».
472.
René-Théophile LAENNEC
(1781-1826) médecin, inventeur du stéthoscope. L.A.S., Paris 28 avril 1816 [pour 1819], à
son père à Saint-Brieuc ; 3 pages et quart in-8, adresse.
1 500/1 800
B
elle
et
longue
lettre
sur
sa
décision
de quitter
P
aris
et
sa
carrière
pour
aller
en
B
retagne
.
Il prie son père d’accuser réception de ses envois d’argent : « Je suis trop surchargé d’occupations en ce moment pour vous écrire plus
longuement et chercher à dissiper autrement les illusions que contiennent vos deux dernières lettres. Vous êtes bien malheureux, mon cher
papa, de ne pouvoir vivre au moins quelque temps dans le monde réel et d’accueillir si facilement toutes les folies et les contes que des oisifs
peu charitables peuvent s’amuser à vous faire d’un homme trop occupé. Il n’est pas plus vrai que […] j’occupe mes
loisirs
à faire des livres
de théologie. Non, mon cher papa, je sais mieux que le loup de La Fontaine que je ne
fus jamais que boucher
, et en conséquence depuis la
petite excursion politique que vous avez vue dans le temps, je m’en tiens à ma
Boucherie
, et j’en ai bien assez […] Je ne retournerai même à
la politique qui me conviendrait mieux au fond que la théologie, que dans le cas où viendraient des circonstances faciles à prévoir et dans
lesquelles on n’aurait que l’option de se laisser tranquillement
raccourcir
»… Il revient aux affaires financières relatives au paiement de la
pension de son père ; en règlement des deux prochains trimestres, il lui donnera procuration pour toucher les sommes d’une créance qui lui
reviennent, « mais souvenez vous bien, mon cher papa, que ceci est
une offre conditionnelle et inséparable de sa condition
comme toutes celles
que je vous ai jamais faites et que je retire ma proposition et toute entière, si elle ne vous convient qu’en partie. Nous ne nous entendrons
jamais que comme cela. – Après dix-neuf ans de travaux très pénibles, je vais quitter Paris non seulement sans fortune, mais sans être bien
assuré du nécessaire, et cela au moment où pourraient se réaliser une partie des rêves que vous avez si souvent faits pour moi. Si mes nerfs
m’eussent permis d’y rester encore 4 ou 5 ans, il est presque certain que je l’aurais quitté avec vingt ou 24 mille francs d’économies »…
Son ouvrage à paraître en juillet [
De l’Auscultation médiate, ou Traité du diagnostic des maladies des poumons et du cœur
] lui aurait donné la
première chaire de médecine vacante , « et m’eut mis au rang des médecins qui ne voient de malades qu’en consultation, genre de médecin
plus lucratif, parce que cela se paye illico. Mais je sens que je ne suis plus capable de l’application nécessaire, pour me tirer honorablement
du professorat et encore moins, de continuer plus longtemps à ne sortir d’un fauteuil que pour entrer dans un cabriolet »… Il remercie son
père pour ses conseils sages, mais trop onéreux, d’aller se reposer quelque temps à Meudon ou Montmorency, et il termine en évoquant le
coût de la restauration de son manoir de Kerlouarnec à Ploaré... [Caressant depuis toujours le rêve de quitter Paris, Laennec s’en absentera
alors deux ans, entre 1819 et 1821, avant de le quitter définitivement en 1826, terrassé par la maladie].
473.
Gustave LAMBERT
(1824-1871) hydrographe et navigateur.
M
anuscrit
autographe, 2 L.A.S. et 1 L.A. (brouillons), et
2 L.A. à lui adressées, 1865-1870 ; 18 pages formats divers.
300/400
B
el
ensemble
sur
un
projet
d
’
expédition
au
P
ôle
N
ord
.
M
anuscrit
autographe,
Au sein des glaces boréales
, septembre 1865 (6 p.) : conférence ou communication narrant les circonstances
dans lesquelles « devant les grands spectacles de la nature boréale », il reprit confiance et sérénité et jura « d’atteindre le pôle Nord ou de
succomber à ma tâche »… * Belle L.S. à lui adressée par le
P
rince
N
apoléon
(Jérôme), Palais-Royal 15 novembre 1868, envoyant des fonds
et des vœux pour le succès du projet d’expédition au Pôle Nord (3 p. à son chiffre) : « J’ai été séduit par l’attrait scientifique des régions
arctiques »…* L.A.S. (brouillon) comme « Chef de l’expédition française au pôle Nord » au Président de l’Académie des sciences, Bourges
28 janvier 1870 (3 p.), demandant une « grande commission […] pour faire effectuer des mesures sur tous les points du globe fréquentés
par les bâtiments de la marine militaire » : observations pendulaires, mesure d’arcs de méridien… * L.A. (brouillon) à Napoléon III,
22 mai 1870 (2 p. ½, fendue au pli) proposant l’organisation d’une marine scientifique internationale… * L.A.S. (brouillon) au duc de
Sutherland, Paris [printemps 1870] (2 p. ½), exprimant le souhait de voir l’Angleterre participer financièrement à son expédition…
* L.A.S. à lui adressée par Victor Garrisson vice-consul d’Espagne à Montauban, 31 juillet 1870, à propos des fonds récoltés par
souscription…
O
n
joint
une invitation à dîner du Prince Napoléon (1868).




