Previous Page  26-27 / 276 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 26-27 / 276 Next Page
Page Background

24

25

les collections aristophil

littérature

13

EXEMPLAIRE DE SÉBASTIEN

LE PRESTRE DE VAUBAN

COMPORTANT QUATRE PAGES

DE NOTES AUTOGRAPHES

SÉBASTIEN LE PRESTRE

DE VAUBAN (1633-1707)

Projet d’une dixme royale,

(Rouen) 1707.  In-4 (251 x 190 mm).

Veau fauve de l’époque, triple filet

à froid en encadrement sur les

plats, dos à nerfs orné de fleurs de

lys, pièce de titre maroquin rouge,

roulette dorée sur les coupes,

tranches marbrées.

4 ff., 204 pp., 19 pp. pour l’index,

1 p. d’errata, un tableau dépliant.

180 000 / 200 000 €

Très rare édition originale. 

Les Arrêts du Conseil privé du roi devaient

enjoindre que tous les exemplaires (au

nombre de 276) fussent saisis, confisqués

et mis au pilon » (En Français dans le texte

n°134).

Imprimée furtivement à quelque trois cents

exemplaires hors commerce, sans nom d’auteur,

la Dîme royale fut condamnée à la destruction

par le Conseil privé du roi Louis XIV le 14 février

1707. Les finances étant du domaine réservé de

la monarchie, l’ouvrage ne manqua pas de faire

grand bruit à Paris et à la Cour. Le maréchal de

Vauban avait pris le risque de faire circuler son

projet de réforme en usant de tout son crédit de

grand serviteur de l’Etat. Sa disgrâce et sa mort,

le 30 mars, dénouèrent la crise. Au déclin du

grand règne, le maréchal formule un programme

trop en avance sur son temps et préconise une

dîme proportionnelle aux revenus qui viendrait

se substituer aux autres impôts, frappant toutes

les classes confondues. Le Projet ruinait le

pouvoir des privilégiés et des financiers. « La

robe entière en rugit pour son intérêt », écrit

Saint- Simon. L’ouvrage révèle le démographe,

l’ingénieur, le statisticien, l’agronome. Il évalue

la population du royaume à dix-neuf millions

de sujets (la sous-estimant de dix pour cent

seulement), quand on pourrait en nourrir aisé-

ment vingt et- un millions, juge-t-il. Exceptionnel

exemplaire de Vauban lui-même comportant

quatre pages de notes autographes jugées alors

bien trop hardies pour être publiées. Les armes

gravées de l’auteur sont collées sur le titre, et

en guise de bandeaux et culs-de-lampe pour

chaque chapitre. Les quatre pages de notes et

corrections sont intercalées entre les pages 170

et 171 ; les pages 171 à 174 étant elles-mêmes

raturées par endroits. On citera ce passage qui

donne le ton : « Il faut distinguer deux sortes

de nobles : les uns qui le sont par le mérite

et les services que leurs ancêtres ont rendus

à l’État, ou qu’ils ont rendu et rendent encore

eux-mêmes ; les autres pour avoir acheté la

noblesse par argent. Les uns sont utiles à l’État,

parce qu’ils le soutiennent et lui font honneur,

au lieu que les autres lui sont à charge, comme

il a été montré au commencement de ce traité.

Ainsi, ce qui va être dit regarde la véritable

noblesse, dont il serait bon de faire un catalogue

dans chaque province, et même dans chaque

généralité, pour ne pas s’y méprendre.

»

Ce précieux exemplaire est cité par Brunet

(Supplément II, 848). 

Rousseurs, reliure restaurée, charnières

fragiles.

référence 

En français dans le texte, BN, 1990, n° 134.

Schumpeter, Histoire de l’analyse écono-

mique I, 1983, pp. 287-288 : «

Un des travaux

remarquables dans le domaine des finances

publiques, inégalé avant ou après dans la

clarté et la force de l’argument (...). Jamais

personne ne comprit mieux la véritable rela-

tion entre les faits et l’argumentation. C’est

ce qui fait de lui un classique de l’économie.

» Quentin, Fleurons de la Bodmeriana, 2005,

n° 44. 

provenance

Henri de Lassize (cat. II, 1867, n° 1288). La

collection de ce bibliophile éminent offrait

une réunion incomparable de livres précieux

consacrés à l’histoire des idées et à l’éco-

nomie politique.