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La
Légende dorée
elle-même, due à un dominicain italien du XIIIe siècle qui fut
archevêque de Gênes, sa ville natale, et dont les
Heyligen leben
sont une sorte d’avatar,
fut l’un des livres les plus populaires de son temps. Décrivant les vies des Saints avec une
multitude de détails pittoresques, recueillis dans les traditions ou inventés, l’œuvre eut,
pendant plusieurs siècles, une influence considérable sur l’iconographie et la peinture.
Les
Heyligen Leben
comportent deux volumes constituant chacun des entités
typographiques autonomes. Celui-ci,
Winterteil
, contient les vies des saints de la partie
d’hiver du calendrier. Le second,
Sommerteil
, présentant les vies des saints figurant dans
le calendrier en été, fut publié l’année suivante, en 1472, chez le même imprimeur.
Le
Winterteil
est le premier grand livre illustré augsbourgeois. Par la puissance
monumentale de son illustration, il prend rang tout au début de la grande histoire de
l’illustration allemande, juste après les productions de Pfister, à Bamberg. Manfred von
Arnim l’appelle «der Anfang der deutschen Buchillustration».
L‘insertion des gravures dans la mise en page témoigne des difficultés rencontrées par
les premiers imprimeurs pour la publication de livres illustrés. «Il faut observer que
les bois ne sont pas imprimés en même temps que le texte. Celui-ci a été ajouté plus
tard (...) çà et là les lignes du texte couvrent une partie d’une gravure. (...) La longueur
des caractères mobiles différaient de l’épaisseur des planches gravées sur bois, de sorte
qu’une impression simultanée de ces deux éléments n’était pas possible. On découvrit
bientôt le secret de surmonter ces difficultés, et dans la partie estivale le texte et les
gravures sont imprimées d’un même tirage.» (W.L. Schreiber,
Catalogue des incunables
à figures
, 1969, II, 4298). Le style des figures est marqué par l’influence du Maître du
Boccace d’Ulm que l’on a voulu identifier avec Ludwig Schongauer (cf. M. von Arnim,
I, n° 180).
Ce livre est d’une rareté extrême. Il manque à la Bibliothèque nationale de France
comme à la British Library et il n’en existe que deux exemplaires aux Etats-Unis : à la
Pierpont Morgan Library et à l’Universite de Caroline du Nord. Aucun exemplaire n’a
été présenté aux enchères sur le marché international dans les trente dernières années.
Il ne se rencontrait pas non plus dans les riches collections d’incunables de Lessing
Rosenwald ou d’Otto Schäfer. Cet exemplaire, dans sa belle reliure originelle, est dans
un état de conversation remarquable.
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