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JEAN DE SALISBURY.
[Charte relevant le comte
Jean de Vendôme de son
excommunication]
Manuscrit
Chartres, 1180
In-folio (343 x 213mm)
4 000 / 6 000
€
IMPORTANTE CHARTE DU XI
e
SIECLE. JEAN DE SALISBURY, EVEQUE DE
CHARTRES, ACCORDE SON PARDON AU COMTE JEAN DE VENDOME.
MENTION DU NOM DE THOMAS BECKETT
MANUSCRIT SUR PEAU DE VÉLIN
27 lignes en latin sur une page, mentions de cotes très postérieures au verso
TEXTE : «au nom du pardon divin conféré par Jean, évêque de Chartres, et par les mérites du saint martyr
Thomas, annonçant que lorsque Jean arriva à Chartres, il fut contraint de placer le noble seigneur Jean comte
de Vendôme dans les chaînes de l’excommunication en raison des offenses qu’il avait commises contre l’église
de la Saint-Trinité à Vendôme, une sentence qui dure depuis plus de trois ans, et qu’entre-temps le comte en
a appelé à Pierre (légat apostolique et cardinal de Rome [Pierre de Pavie, mort en 1182]), et, en présence et
à la requête du roi d’Angleterre, a juré sous serment qu’il avait réparé ses torts commis contre l’Eglise et qu’il
méritait l’absolution, mais comme le dit comte jura sous serment par la suite qu’il n’avait pas fait une telle
promesse, il fut de nouveau excommunié par le pape Alexandre III. Mais le roi d’Angleterre, soucieux de la
durée d’une telle excommunication, le força à rechercher une absolution, et que le comte se repentit... et qu’il
a été pardonné par les abbés et les frères de la dite Eglise, et qu’il a juré qu’il n’offenserait jamais le peuple
des fidèles ou les possessions de l’Eglise, en témoignage de quoi ce document a été écrit et scellé en public en
l’année 1180»
Pliure au bas du document avec traces de fils de soie, sans le sceau, quelques taches, quelques manques marginaux
sans atteinte au texte
Jean de Salisbury, évêque de Chartres, fut l’un des personnages majeurs du XIIe siècle.
Proche ami et conseiller de Thomas Becket, il était présent à Canterbury le jour de
l’assassinat du martyr en 1170. Il l’avait d’ailleurs accompagné dans son exil français
de 1164 à 1170. Cette amitié explique la référence politique et religieuse que cette
charte de pardon fait à Thomas Beckett :
meritiis sancti martiris thome Carnotiensis
ecclesie minister humilis
(lignes 1et 2). En 1145, Jean de Preuilly (1110-1182) devint
comte de Vendôme à la suite de son père, Godefroy III, mort à son retour de Terre
Sainte. Le suzerain du comté de Vendôme était le comte d’Anjou. Ce comté finit par se
transmettre au roi Henri II Plantagenêt, et Jean Ier se retrouva à combattre dans le camp
anglais contre le roi Louis VII le jeune. Thibaut IV, comte de Blois, s’empara en 1161
de la ville de Vendôme, mal fortifiée, et assiégea le château. Mais la résistance du comte
Jean Ier et de ses fils Bouchard et Lancelin défit le comte de Blois. En 1170, Vendôme
est le siège d’une entrevue entre les rois de France et d’Angleterre qui débouche sur une
trêve. En 1173, un conflit à enjeu international oppose Henri II à ses fils et se transpose
dans la famille comtale de Vendôme. Jean Ier soutient le père, ses fils les princes. Jean de
Vendôme fut l’un des principaux seigneurs de son temps. Le conflit latent avec l’abbaye
de la Trinité, à laquelle il avait donné l’importante forêt de Gastines et dont il est
question ici, atteint son paroxisme en 1176. Il chassa les moines qui durent se réfugier à
Angers. Excommunié puis pardonné, il dut partir combattre en Terre Sainte. C’est à son
retour qu’il mourut, en 1182, à la Charité-sur-Loire.