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Spectaculaire décor de la Renaissance à son apogée

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PHILON D’ALEXANDRIE [en grec].

Philonis Juadei in libros Mosis, de mundi opificio,

historicos, de legibus. Ejusdem libri singularis.

Paris, Adrien Turnèbe, 1552.

In-folio [342 x 226 mm] de (6) ff., 720 pp. mal chiffrées 736 sans manque [la pagination

saute par erreur de 704 à 721], (4) ff. d’index en grec et (20) ff. d’index en latin avec l’achevé

d’imprimer sur le dernier feuillet : veau brun, dos lisse et plats entièrement recouverts d’un

grand décor à entrelacs peints en noir et sertis de filets dorés, en partie sur fond pointillé or,

rinceaux de fers dorés azurés au centre sur fond pointillé or, coupes décorées, tranches dorées

(reliure de l’époque).

Édition princeps.

Philosophe judéo-grec contemporain du Christ, Philon inaugure une théologie mystique de

même que l’exégèse allégorique de l’Écriture fondée sur le stoïcisme et Platon, au point d'être

à l'origine de la langue théologique européenne. Ses œuvres méditées et relayées par les Pères

de l'Église ont connu un regain de faveur au XVI

e

siècle.

“Le plus grand homme qui fust il y a mil’ans” (Montaigne).

Magnifique édition de très grand format, donnée par Adrien Turnèbe (1512-1565), imprimeur

du Roi pour le grec. Papier, mise en page, ornements et lettrines probablement dessinés par

Ange Vergèce, sont dignes d’admiration. L’impression de son

opus magnum

avec les “Grecs du

Roi” en fut confiée à Guillaume Morel. L’édition trônait dans la librairie de Montaigne qui

vouait une admiration fervente au philologue et poète, aimant à rappeler qu’il fut l’élève, au

Collège royal, du maître le plus prestigieux de son siècle. (Villey,

Les sources & l’évolution des

Essais

I, 1908, p. 232.)

Grand décor d’entrelacs peints en noir attribué au “grand doreur de Henri II”.

En France, les années 1550 marquent pour la reliure une forme d’apogée tout en l’élevant au

rang d’un art décoratif à part entière.

Saisie dans sa totalité, la subtile combinaison d’entrelacs courbes, sans adjonction de fers, n’est

pas seulement harmonieuse ; elle fascine par l’effet de profondeur renforcé par les croisements

supposés de l’entrelacs. Le doreur virtuose s’est ingénié à pousser à main levée, les multiples

passages des filets or, dessus et dessous l’entrelacs.

L’attribution au doreur Claude Picques, pas encore titulaire de la charge de relieur du Roi,

est vraisemblable. À cette réserve près que le caractère distinctif du décor est précisément de

n'en comporter aucun, faute de fers qui permettaient d'identifier l'atelier.

Provenance :

- Ex-libris manuscrit, daté de 1552, au pied du titre et cancellé ;

- Robert Hoblyn

(1710-1756), avec ex-libris armorié. Bibliophile et homme politique anglais,

sa collection fut dispersée à Londres en 1778 ;

- Michael Wodhull,

avec ex-libris manuscrit. Helléniste, traducteur des œuvres d’Euripide,

il forma une des plus belles collections anglaises. Il a noté le prix et la date d’achat. (Catalogue

1886, n° 1975 : “Very large copy, ruled, in old calf covered with gold tooling in the Grolier

style, back broken and fatigué.”) ;

- Édouard Rahir

(

Livres dans de riches reliures,

1910, nº 41 et planche 7).

Exemplaire à grandes marges, entièrement réglé. Il porte quelques annotations anciennes en

grec dans les marges du début.

Restaurations très habiles, notamment au dos. Un coup, dans la marge de gouttière, a laissé un

petit trou dans la marge blanche des cinquante premiers feuillets, sans gravité et sans atteinte

au texte. Petite mouillure claire dans la marge de l’angle inférieur du volume. Boîte moderne

en maroquin bleu nuit.

60 000 / 80 000